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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 10, juillet-août 2000

La direction de Renault cherche des partenaires dociles

Mis en ligne le 1er août 2000 Convergences Entreprises

Depuis début mai 2000 des discussions centrales ont lieu entre les syndicats et la direction concernant la renégociation d’un « Accord sur la représentation du personnel et la concertation chez Renault ».

La nouveauté qu’introduit l’accord proposé par la direction est de faire le distinguo entre les instances de représentation du personnel, entre les élus au comité d’entreprise et les délégués du personnel. En fait la direction attribue aux élus du CE une fonction de régulation sociale et elle affiche donc sa volonté d’accorder plus d’avantages aux élus du CCE et aux secrétaires des gros comités d’Etablissement. C’est un recentrage vers le haut afin d’institutionnaliser encore plus le rôle des chefs syndicaux.

Heures réduites pour les délégués du personnel

Ainsi les secrétaires des CE des établissements de plus de 2500 salariés pourront exercer leur mandat à plein temps. Par contre, pour les DP, qui sont les plus nombreux, la direction veut réduire les heures de délégation. Les accords antérieurs accordaient 50 heures par mois à partager entre les titulaires et les suppléants pour les gros établissements ; la direction veut les ramener à 30 heures. La direction de Renault veut ainsi limiter l’activité militante des délégués qui restent malgré tout proches de la base. De plus elle supprimerait les heures d’informations syndicales (3 heures par an pour chaque salarié, même si l’utilisation de ces heures est très inégale selon les sites). Cet accord des 3 heures permettait aux syndicats « combatifs » d’utiliser ces heures pour informer, préparer les salariés à d’éventuelles luttes, et dans certains sites industriels (notamment à Cléon ou au Mans) cela permettait à des travailleurs non-syndiqués de participer à d’éventuelles décisions.

Du temps et de l’argent pour les bureaucraties

Pour « compenser » Renault propose de donner un crédit d’heures aux syndicats ; ce qui ne permettra plus de réunir des ateliers entiers. C’est la bureaucratie syndicale qui gérera ces heures. Pour faire passer la pilule auprès des syndicalistes, Renault propose les nouveaux gadgets du moment : des sites intranet… mais uniquement pour faire passer l’information, sans possibilités de lieux d’échanges et de discussion ! On peut se vouloir moderne, mais pas démocratique, sans compter que ce sera très facile pour la direction de repérer les assidus des sites syndicaux.

Pour faire avaler tout cela et rendre les syndicats encore plus dociles, elle propose de l’argent : un montant fixe de 300 000 francs pour les organisations syndicales recueillant plus de 5 % des suffrages exprimés aux élections de l’ensemble des Comités d’Etablissements, plus une partie variable en fonction des voix obtenues (30 000 francs de plus par tranche de 5 %). Cette contribution sera versée à chaque « délégué syndical central » qui en assure la gestion.

Pour finir la direction décide de subventionner les fédérations syndicales nationales représentatives de la métallurgie : elle propose 600 000 francs à chacune des cinq confédérations.

Renault exploite de plus en plus durement ses salariés mais tient à nourrir les bureaucraties syndicales !

À l’heure où nous écrivons, FO, la CFTC, la CGC et la CFDT ont signé l’accord, la CGT réservant sa réponse jusqu’à la mi-septembre.

3 juillet 2000, Pierre DUCHENE

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