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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 98, mars-avril 2015 > La Poste

La Poste

La Poste voudrait tout faire… sans les emplois qui vont avec

Mis en ligne le 23 mars 2015 Convergences

Tout le monde a bondi en apprenant que les facteurs allaient faire passer l’examen du permis de conduire. Idée saugrenue ! Pourtant, ce type d’annonces fait partie du quotidien des facteurs. La direction de La Poste mène une campagne permanente pour expliquer que le courrier ne rapporte plus, qu’il s’effondre, qu’il faut chercher un autre avenir et développer de « nouveaux services ».

Installation des boîtiers TNT, photos de sinistres pour les assurances, collecte du papier usagé dans les entreprises, aide aux démarches administratives, relevage des coordonnées des syndics pour que SFR aille les démarcher pour la fibre, puis installation de plaques dans les immeubles pour avertir les habitants que la fibre est installée, etc.

La Poste ne manque pas d’idées de « services » à confier aux facteurs. Pour en rajouter, elle a lancé un concours de « bonnes idées », auquel ont surtout participé des cadres et petits chefs. Parmi les services primés, Animaleo : oubliée l’image du facteur qui se fait mordre le mollet, il faudrait promener les chiens et accompagner les animaux chez le vétérinaire. Une idée qui ne verra sans doute jamais le jour, mais significative de la politique de la direction. D’autant qu’avec un nom en o, elle colle à la mode pseudo-branchée des nouveaux services de La Poste : Recy’go, Releveo, Facileo, Cohesio, Facteo, et cætero. Plus choquant, La Poste s’est récemment aventurée dans la vente agressive, des facteurs devant remettre en main propre le catalogue d’une entreprise de vente par correspondance, Temps L, puis revenir une deuxième fois réclamer le bon de commande aux usagers interloqués (ceux-ci n’ayant rien demandé). Inutile de préciser que les cibles sont des personnes âgées.

Toute proportion gardée, si ces services occupent une place importante dans la propagande de la direction, ils ne représentent presque rien dans l’activité du groupe. En 2014, ils ont rapporté 7 millions d’euros et l’ambition de la direction est d’arriver à 200 millions en 2020, soit 0,9 % du chiffre d’affaires actuel.

L’objectif semble être plutôt de développer l’image d’un facteur désœuvré et sans avenir, une manière de faire peur aux salariés et justifier les suppressions d’emplois. Pourtant, non seulement La Poste fait des profits, ce qui n’était pas le cas il y a quinze ans, mais la charge de travail n’a jamais été aussi importante. De réorganisation en réorganisation, le facteur qui connaît bien les usagers et leur rend de menus services est en voie de disparition. Il n’y a plus le temps pour apporter du pain, des courses, des médicaments, rendre visite aux personnes âgées, autant de services qui étaient rendus de bon cœur et que La Poste entend désormais interdire… ou facturer. Sur les tournées, c’est la course, en caddie, vélo électrique, Kangoo ou Jumper. Les dépassements d’horaires, souvent pas payés, sont devenus la norme dans beaucoup de bureaux. C’est qu’en quinze ans, pas loin de 100 000 emplois ont été supprimés (encore 6 900 en 2014).

« L’innovation » destructrice

Après les réorganisations « Facteurs d’avenir », où il s’agissait de répartir le travail des absents non remplacés, voilà maintenant les réorganisations dites « innovantes ». Au programme, des suppressions d’emplois (jusque-là rien de neuf) et un bouleversement des horaires de travail, avec une distribution du courrier plus tardive et l’instauration d’une pause méridienne de 45 minutes non payée, au lieu de l’actuelle pause de 20 minutes incluse dans le temps de travail. Voler 20 minutes à chaque facteur, cela équivaut à plus de 6 000 emplois. Sans compter que, en travaillant l’après-midi, les facteurs pourraient s’occuper de nouveaux services ! Cette pause méridienne est refusée par les facteurs. Ceux d’Épinay-sur-Orge (91), ont fait reculer la direction au printemps dernier après 60 jours de grève. En Basse-Normandie (voir notre article), 1 230 facteurs se sont mis en grève tous ensemble fin février contre ce nouveau régime de travail, emportant en quelques jours une victoire sur de nombreux bureaux. Toutes ces grèves peuvent faire tache d’huile.

12 mars 2015, Maurice SPIRZ

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