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Après les chassés-croisés des élections municipales : où va l’extrême gauche ?

La Fraction suspendue… la Fraction continue

Mis en ligne le 21 mars 2008 Convergences Politique

Depuis le tout début de février 2008, la Fraction l’Étincelle de Lutte Ouvrière est « suspendue jusqu’au prochain congrès qui se tiendra fin 2008 et qui aura à statuer sur l’avenir des relations entre ces camarades et la majorité de l’organisation » . Décision du Comité central confirmant une décision du Comité exécutif. Nous publions dans ce numéro de Convergences révolutionnaires notre lettre du 28 janvier au CC et notre communiqué qui a suivi cette décision.

Discipline ? Quelle discipline ?

Nous aurions enfreint la discipline qu’impose le centralisme démocratique que LO se donne comme règle de fonctionnement. Passons sur le fait que notre existence en tant que Fraction menant sa propre politique et ses propres expériences depuis plus d’une dizaine d’années n’avait apparemment pas paru incompatible aux yeux de la majorité avec les règles de ce centralisme démocratique qu’elle nous reproche d’avoir brisées maintenant. C’était pourtant dans des domaines autrement importants que des élections municipales, expression publique des différences dans une presse propre à la Fraction en particulier celle d’entreprise, ou interventions divergentes dans les mouvements politiques ou sociaux (par exemple autour du CPE récemment ou des LU-Danone il y a déjà des années). Restons-en, pour l’instant, à l’examen des faits reprochés.

À Wattrelos nous aurions constitué une liste contre celle de la majorité ? Mais lorsque nous avons annoncé que nous allions constituer une liste d’extrême gauche, la majorité n’envisageait rien d’autre que de s’inscrire sur la liste du PS avec qui elle était en négociation. Ce n’est que lorsque celui-ci a repoussé ses avances qu’elle s’est décidée à mettre sur pied une liste LO… contre celle déjà constituée de la Fraction et alors que nous proposions toujours de faire liste commune [1]. Alors, nous avons brisé une discipline… dont la majorité elle-même s’est débarrassée, simplement quelques semaines après nous ?

Autre crime, celui d’avoir négocié des listes communes avec la LCR dans quelques villes, la plupart là où la majorité est totalement absente (ce qui n’a abouti qu’à Agen [2], ailleurs la LCR s’étant rétractée). Pas question, disait alors la direction de LO, d’une alliance avec la LCR (disait prudemment mais n’écrivait pas, voir le texte voté à ce sujet au congrès LO de décembre 2008). Puis, alors qu’à ce motif nous étions déjà « suspendus », voilà que LO, ayant été repoussée par le PS, entreprend ici ou là des approches de la LCR (elles n’ont été concluantes qu’à Alfortville mais ont bien eu lieu ailleurs, à Nantes par exemple). Là encore, en quoi avons-nous enfreint une discipline… que la majorité elle-même a piétinée un mois plus tard ?

Le combat contre l’opportunisme

Il est évident qu’il ne s’agit nullement d’un problème de discipline mais d’un problème politique. C’est parce que nous n’avons pas adhéré au tournant à 180° que nous sommes suspendus. Pas parce que nous avons brisé on ne sait quelle discipline qui a varié au fil des semaines mais parce que LO brisait, elle, effectivement avec la politique qui était la sienne jusque là et tournait le dos à la critique intransigeante à l’égard de la gauche.

«  Paris vaut bien une messe  » a dit l’un des plus fameux renégats de l’histoire de ce pays. Mais sa trahison lui a au moins finalement réussi… Alors que quelques dizaines de strapontins de conseillers municipaux – car c’est cela au mieux que va rapporter cette opération à LO – ne valaient certainement pas que notre organisation brouille la frontière entre révolutionnaires et réformistes. Et cela même simplement jugé à l’aune de l’opportunisme, pour ne pas parler des dégâts politiques. En tout cas c’est ce que nous n’avons pas accepté, ouvertement. Et c’est ce refus clair et net de nous faire les chantres de « l’union des forces de gauche », cette union qui a si souvent servi à illusionner, rouler et finalement trahir le monde du travail, qui nous vaut d’être exclus. Au moins pour un temps. Mais pour combien de temps LO est-elle lancée sur cette mauvaise voie ? Le temps d’une simple campagne municipale ou au-delà, va-t-elle se sentir engagée par les accords implicites ou explicites passés avec ses co-listiers municipaux ?

Nous espérons un redressement rapide. Pour LO et pour le mouvement révolutionnaire tout entier, bien plus que pour la Fraction elle-même. Car la Fraction et la politique qu’elle porte ne mourront ni de la suspension ni de l’exclusion, si celle-ci doit finalement clore cet épisode.

Une politique pour le mouvement révolutionnaire

La politique que nous défendons (en grande partie d’ailleurs héritée directement de LO, nous le revendiquons) n’est pas fondamentalement pour la seule Fraction mais pour LO et même pour le mouvement révolutionnaire prolétarien tout entier. De la même manière que nous nous considérons (comme LO l’a longtemps fait et dit d’elle-même) comme une fraction de ce mouvement avec l’objectif de bâtir un jour avec les différents courants réellement révolutionnaires un parti des travailleurs communiste et révolutionnaire.

Cet objectif posé, il est donc facile de comprendre que notre suspension ne nous empêche nullement d’exister, de militer, de poursuivre et développer notre politique, celle que nous estimons convenir au mouvement révolutionnaire au stade où il en est dans ce pays : l’implantation en milieu ouvrier, tout particulièrement des grandes entreprises, le recrutement dans les nouvelles générations qui arrivent à la vie politique et dans la jeunesse, celle déjà au travail comme celle scolarisée, l’intervention dans les luttes de classe dans le seul intérêt du monde du travail et indépendamment des appareils syndicaux ou politiques qui lui tournent le dos. En bref, la défense et l’illustration des idées marxistes et trotskistes appliquées à notre époque. C’est ce à quoi nous entendons contribuer par le maintien et le développement de toutes nos activités.

15 mars 2008

Michèle VERDIER


[1La liste soutenue par la Fraction a obtenu 2,2% et celle présentée par LO 3,2%.

[2La liste soutenue par la Fraction et la LCR a obtenu 7,7%.

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