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DOSSIER : Après les congrès CFDT et CGT : où vont les syndicats ?

La CES : un cadre européen pour l’intégration des syndicats dans le système capitaliste

Mis en ligne le 1er avril 1999 Convergences Monde

Lors du congrès de la CGT, un débat a eu lieu à propos de la demande d’adhésion de cette confédération à la Confédération Européenne des Syndicats (CES). Cette question a suscité des discussions parfois houleuses parmi les militants qui ont participé à la préparation du congrès et les réticences étaient importantes, allant bien au-delà du seul courant « Continuer la CGT ». Pourtant le principe de cette adhésion avait été adopté par les instances dirigeantes de la CGT depuis longtemps puisqu’une demande officielle avait été formulée dès 1975 et renouvelée en 1979. La nouveauté se situait en fait dans un changement d’attitude à l’égard de la CGT de la part des dirigeants de la CES et de ses principales composantes françaises qui rend possible à brève échéance l’intégration de la confédération dans la CES.

Si la CES et ses membres en France refusaient l’adhésion de la CGT au prétexte qu’elle était adhérente de la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) qui réunissait les syndicats liés aux bureaucraties staliniennes, c’était surtout parce qu’historiquement la CGT regroupait les secteurs les plus combatifs de la classe ouvrière et de ce fait se trouvait souvent obligée de jouer un rôle plus radical que les autres confédérations dans les mobilisations contre les politiques patronales et gouvernementales. C’était aussi parce qu’à la différence des membres de la CES, elle s’opposait à la construction européenne. Le « recentrage » des dirigeants cégétistes a levé le principal obstacle à leur insertion dans la bureaucratie syndicale européenne.

Le partenaire officiel de la Commission de Bruxelles

Créée en 1973, la CES regroupe 65 confédérations syndicales dont la CFDT, FO et la CFTC ; 28 pays y sont représentés. Si elle a soutenu les premières tentatives d’actions syndicales européennes comme les eurogrèves des cheminots ou la mobilisation contre la fermeture de l’usine Renault de Vilvoorde, sa principale activité reste la discussion avec les organismes patronaux et le lobbying auprès de la commission de Bruxelles. Situant leur action dans le cadre de l’Europe capitaliste et sans en remettre en cause le principe, les dirigeants de la CES cherchent avant tout à être reconnus comme partenaires officiels sur la base d’une orientation d’accompagnement des politiques mises en oeuvre dans l’Union. Plusieurs négociations avec les fédérations patronales – l’UNICE pour le patronat privé et le CEEP pour les entreprises publiques – ont abouti à des accords (sur le temps partiel, le travail atypique autrement dit le travail précaire) qui tous avalisent les objectifs patronaux en matière de flexibilité et de baisse du coût du travail.

Pour les bureaucraties syndicales qui ont toujours cherché à s’intégrer dans le système capitaliste, l’insertion dans les institutions européennes est un passage obligé. Mais le ralliement de l’ensemble des confédérations syndicales à cette orientation y compris la CGT française, traduit une accentuation de ce phénomène qui vise à subordonner les intérêts de la classe ouvrière à ceux de la bourgeoisie.

L’utilité d’une structuration européenne des mouvements luttant contre l’offensive capitaliste contre le monde du travail n’est plus à démontrer. La similitude des attaques patronales en Europe nécessite une riposte coordonnée à l’échelle du continent. Mais s’est en organisant concrètement les mobilisations, en s’opposant frontalement aux patronats et aux gouvernements, en propageant les idées de la lutte des classes et les revendications que les syndicalistes sincèrement attachés à la défense des intérêts de leur classe peuvent contribuer à faire émerger une représentation du mouvement ouvrier au niveau européen. Ce n’est pas en s’adaptant aux volontés patronales ni en s’intégrant aux institutions de la bourgeoisie.

Eric PERREUX

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