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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 82, juillet-août 2012

L’hôpital public contre les droits des femmes

Mis en ligne le 3 juillet 2012 Convergences Société

À l’Hôpital de la Croix-Rousse, comme dans la plupart des hôpitaux, le service d’orthogénie, où l’on pratique les IVG, est organisé séparément du service de gynécologie. Cette organisation distincte est une garantie de la qualité des conditions d’accueil des patientes et des conditions de travail des personnels. Car, évidemment, la prise en charge et le suivi d’une patiente venue mettre fin à sa grossesse non désirée sont des tâches bien particulières, qui n’ont pas grand-chose en commun avec les soins dispensés en gynécologie.

Évidemment ? Cela reste à voir... Il semble en tout cas que ce ne soit pas l’avis de la direction de l’Hôpital de la Croix-Rousse qui prévoit de déménager le service d’orthogénie en Gynécologie, et de mutualiser les équipes. Le même projet est à l’étude dans un autre hôpital lyonnais, le Centre hospitalier Lyon-Sud.

Cela signifie que les personnels infirmiers et aides-soignants seront amenés à s’occuper indifféremment de patientes relevant de l’orthogénie et de patientes relevant de soins gynécologiques. Par ailleurs, la mutualisation d’équipes de soins est une des tactiques favorites de la direction pour, à terme, écrémer des effectifs déjà notoirement insuffisants. Et, si la direction entretient savamment le flou sur les modalités précises d’application de son projet, ce n’est certainement pas de bon augure pour les travailleurs des services concernés. Bref, à l’arrivée, c’est la qualité de l’accueil des patientes et celle des conditions de travail des agents qui se retrouvent dégradées.

Dans ce cas précis, la mutualisation pose encore un autre problème. Les services d’orthogénie sont des services dans lesquels on n’est pas censé pouvoir rentrer comme dans un moulin. L’accès en est restreint par une série d’équipements de sécurité, tels que des sas et des badges d’entrée. Et ces équipements ne sont pas là pour la décoration ! Car il n’est malheureusement pas rare que les centres où l’on pratique des IVG soient la cible d’intrusions menées par des commandos de militants anti-avortement, qui mettent en danger patientes et personnels. À l’Hôpital de la Croix-Rousse, la direction devrait d’ailleurs être bien placée pour le savoir, puisqu’il y a eu des précédents : en 1990 et 1995, le service d’orthogénie a en effet été investi par des intégristes catholiques ultra réactionnaires. Or, selon le projet de mutualisation, l’orthogénie devrait se retrouver dans les locaux actuellement occupés par la seule gynécologie, sans aucune garantie que les restrictions d’accès soient préservées.

Seulement, depuis quelques années, le démantèlement de l’hôpital public fait des ravages dans les centres d’IVG, jugés « non rentables », qui ferment les uns après les autres ou bien font l’objet de semblables regroupements. Pourtant, toutes les associations de défense des droits des femmes tirent la sonnette d’alarme sur le fait qu’on manque de centres... mais que pèsent les droits des femmes face aux objectifs de rentabilité ? Et tant pis si l’absence de garanties de sécurité doit décourager des patientes de venir avorter !

Mais, si la direction, obnubilée par ses histoires de fric, ne s’embarrasse guère de telles considérations, il y a fort à parier que ce n’est pas le cas des travailleurs des services concernés. Si le projet se concrétise, ils sauront bien se mobiliser pour défendre leurs conditions de travail, la qualité d’accueil des patientes... et, du même coup, le droit des femmes à disposer librement de leur corps.

Sylvain MONTEL

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