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L’escalade israélienne contre Gaza

25 octobre 2006

Obligé de se retirer du Liban (mais en y laissant un champ de ruines), Israël n’a pas cessé ses frappes contre les Palestiniens de la bande de Gaza, lesquelles ont franchi un nouveau palier ces derniers jours. Le prétexte de cette nouvelle escalade ? Le Hamas poursuit ses tirs vers le sud d’Israël et serait même parvenu grâce à une très active contrebande d’armes en provenance d’Egypte à mettre la main sur des roquettes antichars de fabrication russe identiques à celles utilisées par le Hezbollah.

Suffisant pour légitimer ces raids aériens et terrestres frappant sans distinction civils et combattants ? Amplement, selon Israël pour qui cette offensive ne serait encore, laisse entendre la presse, qu’un « avant-goût d’un prochain big-bang ».

Une menace qui a de quoi laisser perplexe tant il est difficile d’imaginer pire que l’enfer que vivent depuis des mois les Palestiniens de Gaza. Soumise à des bombardements quasiment quotidiens, cette bande de terre de 360 km2 où s’entassent 1,4 millions d’habitants n’est guère désormais plus que ruines. Chaque attaque de l’armée israélienne se traduit par la destruction de maisons, de routes ou de ponts. Toute installation industrielle, au prétexte qu’elle pourrait servir à la fabrication de bombes artisanales, est également une cible. Avec des conséquences sanitaires désastreuses : depuis la destruction de l’unique centrale électrique, les hôpitaux ne peuvent plus fonctionner, et l’eau est devenue une denrée rare, le pompage ne pouvant plus se faire faute d’électricité. Avec les dégâts humains qu’ont peut imaginer et qui s’ajoutent aux victimes directes : au cours des trois derniers mois, plus de 200 Palestiniens, la plupart civils, ont été tués.

Complètement saccagée, Gaza se retrouve en plus dans l’isolement complet. Depuis mars, tous les points de passage, que l’armée israélienne crée ou déplace à son gré, sont pratiquement fermés aux marchandises comme aux hommes. Matériaux de base, produits alimentaires de première nécessité, médicaments,... tout manque. Les malades dont la situation s’aggrave faute de traitements ne peuvent être évacués pour être soignés. La zone côtière est soumise à un blocus maritime, avec interdiction aux pêcheurs palestiniens de s’éloigner à plus de cent mètres du rivage, ce qui revient à leur empêcher toute activité, privant des familles entières de la seule source de subsistance qui leur restait.

Ce n’est pas tout. Au blocus des personnes et des biens s’est ajouté, depuis que le Hamas est arrivé au pouvoir, un blocus financier, le gouvernement israélien ayant décidé de ne plus reverser les recettes de diverses taxes (d’un montant de 60 millions d’€) dues à l’Autorité palestinienne et les grandes puissances de suspendre leurs subventions. Ces aides servant à payer les 165 000 fonctionnaires, cela ne pouvait qu’entraîner la faillite complète de l’administration palestinienne. Plus rémunérés ou très partiellement depuis 7 mois, de nombreux enseignants, hospitaliers, policiers et autres agents des services publics sont entrés en grève depuis le 2 septembre.

Un tel contexte a fini par créer les prémisses d’une guerre civile. Il y a quelques jours, la dispersion quelque peu musclée par la milice du Hamas d’une manifestation de membres des forces de sécurité a déclenché de violents affrontements (15 morts et 130 blessés) entre militants du Hamas et du Fatah, l’ancien parti au pouvoir auquel appartient le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et qui contrôle toujours les forces de sécurité. Retombée pour le moment, cette flambée de violence peut repartir à tout moment et faire définitivement basculer la Palestine dans le chaos.

En plaçant la population palestinienne au bord de la catastrophe humanitaire et de la guerre civile, l’Etat israélien poursuit deux objectifs. D’abord montrer que son relatif échec au Liban ne l’empêche nullement d’être toujours la puissance de la région capable d’écraser ses voisins arabes ; se venger en quelque sorte du Hezbollah sur le dos des Palestiniens. Mais surtout au moment où il continue de plus belle son grignotage des territoires, il a besoin de briser toute résistance palestinienne. Car si l’Etat israélien décidait il y a un an de se retirer de Gaza (pour continuer de pilonner ses habitants de l’extérieur), en Cisjordanie les implantations n’ont cessé de progresser. Entre 2005 et 2006, le nombre de colons a ainsi augmenté de 5,3 %, et plus de 3 525 maisons seraient actuellement en construction.

Tout cela se fait avec l’aval des pays occidentaux. Ceux-ci laissent faire sans un mot ; en participant au boycott, ils contribuent même directement à l’asphyxie économique du peuple palestinien, puni pour avoir porté au pouvoir les islamistes du Hamas.

Une organisation terroriste, au programme essentiellement réactionnaire, le Hamas ? Sans aucun doute. Mais que la férocité de l’occupation et de l’oppression israéliennes a fini par faire passer aux yeux de nombreux Palestiniens désespérés comme la seule issue possible. Et qui n’arrive pas à la cheville de l’Etat terroriste d’Israël.

Agathe MALET

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