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Polar

L’attaque du Calcutta-Darjeeling

de Abir Mukherrjee

7 avril 2020 Article Culture


L’attaque du Calcutta-Darjeeling, de Abir Mukherrjee

Liana Levi, 21 euros


Ce polar, paru aux à l’automne 2019, est une plongée dans l’Inde coloniale puisqu’il se déroule à Calcutta en 1919.

Polar classique en apparence, ce roman vaut par son contexte historique passionnant. Nous sommes au printemps 1919, la première guerre vient de se terminer et en Inde, les lois Rowlat récemment promulguées autorisent les arrestations arbitraires au moindre soupçon d’insubordination. Elles provoquent l’indignation chez les Indiens et sont à l’origine du massacre d’Amritsar : le 13 avril 1919, suite à une manifestation populaire pacifiste, l’armée anglaise tire dans le tas, faisant des centaines de victimes. Il en est question dans le roman.

Le personnage principal, le capitaine Wyndham, ancien de Scotland Yard et récemment démobilisé, vient tout juste de débarquer dans la touffeur dépaysante de Calcutta, ville étourdissante et contrastée, pour y rejoindre la police, lorsqu’il est appelé sur une scène de crime. Le meurtre sordide d’un haut fonctionnaire anglais, dont le cadavre est découvert dans une impasse obscure, derrière le bordel d’un quartier mal famé, est le point de départ de l’intrigue. Une enquête hautement sensible dans ce contexte explosif, dans laquelle Wyndham se distingue par sa quête de la vérité, contre sa hiérarchie et les évidences. Il est assisté par le sergent Banerjee, indien originaire d’une riche famille, diplômé de Cambridge, coincé entre son patriotisme indien et sa loyauté envers ses supérieurs britanniques.

L’attaque d’un train postal, au cours de laquelle rien n’a été volé, vient compliquer l’enquête. Wyndham, personnage désabusé, aux multiples fêlures mais exempt de certains préjugés (de classe, de race) découvre le fonctionnement de cette société coloniale qui connaît ses premiers vacillements face aux prémices de la lutte pour l’indépendance indienne. Il voit comment la bourgeoisie anglaise s’accroche à des privilèges fondés sur le mercantilisme et l’exploitation d’un pays entier. Et surtout il observe le racisme omniprésent et dévastateur. Cette suprématie britannique se résumant pour lui à la corruption, au cynisme, à l’étroitesse d’esprit et à la bêtise.

Le style et le ton, détachés et pleins d’humour malgré les situations dramatiques, sont agréables et rendent la lecture prenante. Ce roman est le premier d’une série de quatre, écrite par Abir Mukherjee, auteur d’origine écossaise et indienne. On attend les autres…

Liliane Lafargue

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