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La manifestation du 9 juin contre les licenciements et suppressions d’emploi : un premier pas pour préparer la suite

L’absence des confédérations syndicales

Mis en ligne le 1er août 2001 Convergences Politique

Les 18 et 19 juin, Jospin a reçu les chefs syndicalistes à Matignon. Chacun avait « figure libre » pour causer au premier ministre du sujet de son choix. Jospin qui avait dédaigné d’associer les confédérations syndicales à la discussion de la loi Guigou tenait à leur faire quelques politesses.

Cela n’effacera pas que, face à la vague des licenciements annoncés ce printemps, aucune des trois grandes confédérations n’ait voulu mener la moindre action qui puisse faire pression sur le patronat et gêner le gouvernement.

Pour la CFDT toute à ses ébats avec Seillière, Nicole Notat a condamné les syndicalistes de LU ou d’ailleurs qui portent atteinte à notre industrie en appelant à boycotter Danone. Elle a même critiqué Jospin. Il ne serait qu’un « réformiste honteux » qui « ignore superbement les partenaires sociaux » et « ne cesse de consentir des concessions à l’orthodoxie de gauche ». Il faudrait, aux dires de la dirigeante cédétiste, sortir du ghetto d’une opposition pure et simple où « les vraies questions sont escamotées, comme celle de la place et du rôle respectif de l’actionnaire et du salarié » (l’Express du 17 mai). Escamotées ? Pas par elle en tout cas. Du moins pour ce qui concerne l’actionnaire…

FO ne propose que « la mise en place d’une taxe sur les profits non réinvestis afin d’alimenter un fonds de redéploiement et de réindustrialisation » et « un réel suivi du plan social, garantie d’un véritable reclassement ». Pour Blondel pas question d’aller à la traîne du Parti communiste à Calais, mais aussi bande à part des autres syndicats pour le 1er mai. Cela juge la sincérité de ses déclarations ce jour-là à Lyon : « nous sommes tout à fait disposés, pour réagir contre les plans sociaux, les licenciements, à essayer d’établir un rapport de force qui nous mette en position plus forte par rapport aux patrons, et à le faire dans l’unité, pourvu que la revendication soit syndicale et non récupérée par les politiques ». C’est sans doute pour cela qu’il ne fut pas question non plus de répondre à l’invitation de la CGT pour la manifestation du 22 mai ?

La CGT a bien mis formellement les licenciements en tête de ses préoccupations du moment. Mais elle n’en a pas fait beaucoup plus. Son indépendance affichée désormais par rapport au Parti Communiste, au nom de laquelle elle a refusé de s’associer à la manifestation de Calais, ne cache que son rapprochement avec le gouvernement. Ce qui l’a amené à ne mettre son poids dans la balance ni pour la manifestation du 9 juin, ni même pour sa propre journée d’action du 22 mai.

Sa pétition pour l’amélioration de la loi avait d’abord pour but de se plaindre de ne pas avoir été consultée. Ensuite de demander un renforcement du « droit d’alerte » par un « droit de veto suspensif » (c’est à dire en fait un droit de retarder et non de veto), le devoir d’informer les syndicats « avant toute décision de l’employeur », et la saisine obligatoire « pour avis » du Codef. Autant de vent que les amendements du PCF.

De son rapprochement spectaculaire avec la CFDT, à son opposition ouverte à la grève des cheminots il y a deux ans, la CGT a donné bien des gages au gouvernement : ainsi dans la gestion et le savant émiettement des conflits qu’a suscité un peu partout la mise en place des 35 heures ou face au PARE, en faisant mine de s’opposer au MEDEF mais en évitant de s’en prendre au gouvernement.

Elle vient de le faire à nouveau, en refusant en fait son appui à la manifestation du 9 juin, bien qu’un certain nombre de ses syndicats y ait appelé.

Du côté du gouvernement, on a au moins la reconnaissance du ventre. Henri Emmanuelli prépare un projet de loi sur le financement des syndicats par l’Etat au prorata de leurs scores aux élections professionnelles, semblable à celle sur le financement des partis.

Heureusement, les arrangements du gouvernement avec les confédérations sont parfois remis en question par les travailleurs et les militants syndicaux eux-mêmes. Et ce serait bien qu’il en soit vite ainsi. Sur les licenciements par exemple.

Olivier BELIN

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