Le Sinn Féin, l’ancien bras politique de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), est devenu le premier parti politique en nombre d’élus au parlement local, le Stormont. Et si médias et politologues ont parlé de « victoire historique » il faut s’entendre sur les mots. Il n’y a eu ni raz-de-marée, ni même une forte poussée en faveur de cette formation qui s’appuie essentiellement sur la population catholique. Le Sinn Féin conserve ses 27 élus (29 % des voix) mais n’en gagne pas un de plus et ne progresse que de 1 % dans l’électorat. Par contre son principal rival, le Parti unioniste démocrate (DUP), implanté chez les protestants, perd près de 7 % des voix et trois sièges. Il n’en a plus que 25 (21,3 % des voix). Le succès relatif du Sinn Féin est donc dû avant tout au fait que le camp protestant s’est déchiré à propos du Brexit et de ses conséquences. D’où le recul du DUP. Il faut aussi noter que la plus forte progression est enregistrée par le parti Alliance (+ 4,5 %) qui refuse de choisir entre catholiques et protestants. Avec 13,5 % des voix et 17 élus il gagne 9 sièges et est désormais le troisième parti au Stormont. Et même si la question de la réunification de l’île reste prégnante dans la politique irlandaise, les observateurs ont noté que le sujet, peu abordé par le Sinn Féin lui-même dans sa campagne, n’intéressait vraiment qu’un petit tiers des électeurs, les autres étant plus préoccupés par le chômage, le pouvoir d’achat, les services publics, voire les logements insalubres. Enfin la formation Le Peuple avant le profit (People Before Profit), soutenue par l’extrême gauche, a obtenu un peu plus de 1 % des suffrages.
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