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Réfugiés piégés entre la Biélorussie et la Pologne

Honte à leur UE des barbelés et du fric

15 novembre 2021 Article Monde

Un nouveau drame humain se joue aux frontières de l’Europe. Cette fois à ses confins Est, où des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, Kurdes d’Irak, Syriens, Afghans et Africains affluent et errent dans une zone frontière entre la Biélorussie et la Pologne, faite de forêts marécageuses et par un temps glacial. Depuis l’été où ce nouveau camp de réfugiés improvisé grossit, les morts auraient déjà dépassé la dizaine. Des milliers de migrants sont en fait « nassés », piégés : poussés vers la Pologne et donc l’Europe par le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko, mais repoussés violemment par ses homologues polonais. La Russie de Poutine et l’Union européenne se font indirectement face, se dénoncent mutuellement mais poliment. Priorité à l’échange de gaz, mais barrage aux prolétaires pour lesquels le monde capitaliste est une planète sans visa.

Haro sur Loukachenko ?

Le dictateur dont l’arsenal répressif a étouffé la puissante révolte populaire qui a éclaté à l’été 2020 et a poussé à l’exil politique des milliers d’opposants, cherche à se venger de sanctions imposées en représailles par l’UE (très formelles, mais elles vont être remises sur la table à Bruxelles ce 15 novembre), en particulier par les Merkel et Macron se faisant passer pour des champions de la démocratie. Loukachenko facilite donc depuis l’été dernier l’entrée en Biélorussie de migrants, dirigés vers la frontière polonaise (longue de 400 kilomètres) – ou lituanienne. C’est ainsi que la compagnie aérienne Belavia fait son beurre, comme d’autres compagnies et agences de voyage de pays du Proche-Orient voire d’Afrique – dont la Turquie et Dubaï. Une fois débarqués à Minsk, la capitale de Biélorussie, cap vers l’Europe rêvée ou fantasmée. Bien sûr, des passeurs prélèvent leur dîme… Oui certainement, Loukachenko « instrumentalise » ce que les chefs d’État européens et les médias à leur botte appellent « crise migratoire ». Mais quelle crise ? Et qui la fabrique de toutes pièces ?

Quid de la Pologne et de ses amis européens ?

Les dirigeants polonais conservateurs, fièrement racistes, qui mènent dans leur pays une campagne anti-migrants paranoïaque selon laquelle le quart des migrants seraient des truands ou des terroristes (campagne du même tonneau que celle menée aujourd’hui ici en France par les Zemmour, Le Pen, Ciotti, Bertrand, Barnier, Pécresse and Co – qui surenchérissent sur la politique de Macron), jouent donc aux cerbères aux portes de l’Europe. En plus des contingents classiques de policiers et gardes, l’État polonais a massé à la frontière 15 000 militaires, qui tirent à balles réelles pour effrayer et refouler les migrants, les bombardent de gaz lacrymogène et interdisent la zone aux humanitaires et aux journalistes.

Si la Pologne peut impunément bloquer, réprimer, affamer voire laisser mourir à ses portes, c’est que ses dirigeants y sont encouragés par les prétendus démocrates des grands États de l’UE, aux premiers rangs desquels l’Allemagne et la France (voire sont rémunérés en nature ou espèces pour protéger la citadelle Europe contre une invasion migratoire ; protéger la civilisation chrétienne contre le monde arabo-musulman). La logorrhée est abjecte, les ténors politiciens français sont actuellement en pointe sur les Orban ou Kaminski ! Tandis que les gouvernements allemand et français, depuis 2016, paient des États voisins de l’Europe, de la Turquie à la Lybie ou au Maroc, pour parquer des migrants dans des camps et leur interdire ainsi l’accès aux 27 pays de l’UE. Combattant celles et ceux qui rejettent ces politiques mortifères, se sentent solidaires des migrants, à Calais, en Méditerranée ou ailleurs, et leur apportent l’aide qu’ils peuvent – pourtant quasiment partout « criminalisée ».

Une menace d’invasion fantasmée

L’accueil en Europe de quelques millions de migrants en recherche d’un havre ; de travailleurs, étudiants, intellectuels, et leurs familles, chassés de leurs pays par des dévastations liées in fine aux interventions impérialistes – l’Irak est un de ces pays –, serait une aubaine pour une Europe vieillissante. Une grande partie de son activité repose déjà sur ces travailleurs « essentiels » venus d’ailleurs, dans les hôpitaux en tant qu’infirmiers ou médecins, les usines et les chantiers, et bien d’autres secteurs. Une société dont la finalité ne serait pas l’appât du gain, qui échapperait au capitalisme, encouragerait même bien d’autres migrations et collaborations sur la planète. La plus grande indignité est du côté des chefs de l’UE, Macron en tête, qui prétendent qu’une union de 450 millions d’habitants et première concentration mondiale de richesses, ne pourrait pas être ouverte au monde. Signalons que les pays d’Europe, avec les USA et le Canada, concentrent les capitalisations boursières et les millionnaires dont le nombre et les fortunes ne cessent de grossir.

Les murs de béton et barbelés masquent les murs de l’argent. Les profiteurs de la planète veulent rester maîtres de leurs champs d’exploitation, délimités par leurs frontières à l’intérieur desquelles ils pressurent une masse de travailleurs « choisie »… non sans poursuivre leur exploitation de la terre entière, à la sauvage mais toujours à leur seul gré et botte. Et de préférence en tentant de diviser les exploités et opprimés entre eux par des politiques xénophobes.

D’où la nécessité de réaffirmer notre perspective : « Travailleurs de tous les pays, unissons-nous »… par-delà les frontières et en les renversant.

Michelle Verdier

(Article rédigé pour l’Anticapitaliste no 591)

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