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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 101, septembre-octobre 2015

Éditorial

Hollande et Merkel face aux réfugiés : Leur duplicité, notre solidarité

Mis en ligne le 6 octobre 2015 Dossier

Depuis l’an 2000, plus de 30 000 migrants sont morts aux portes de l’Europe, selon le collectif de journalistes The Migrant Files. Ce chiffre, basé sur les seuls cas documentés, ne tient pas compte de tous ceux dont la Méditerranée ou l’Atlantique ne rendront jamais les corps. C’est dire si l’indignation suscitée le mois dernier par la photo d’un petit Syrien noyé est à la fois légitime, car sa mort n’a rien d’un accident, et, lorsqu’elle provient de dirigeants européens parfaitement renseignés sur les conséquences de leur politique migratoire, d’une hypocrisie abjecte.

Solidarité mesurée…

Cet été encore, le gouvernement chassait à coups de matraque et de gaz lacrymogènes les migrants rassemblés dans le quartier parisien de La Chapelle ou non loin du tunnel sous la Manche à Calais. Toute honte bue, le voici qui parle de la tradition d’asile de la France. Le chef du PS, Cambadélis, lui emboîte le pas et active les mairies socialistes. Au risque de quelques couacs : à Rennes, la maire Nathalie Appéré parle de « devoir de solidarité » le jour même où une vingtaine de Somaliens sont expulsés à sa demande de leur squat. D’autres, et pas des moindres comme Rebsamen à Dijon ou Collomb à Lyon, insistent lourdement sur la nécessité de fermer d’autant plus les frontières qu’on s’apprête à accueillir quelques rescapés. Manuel Valls lui-même promet 120 tentes à Calais… en janvier 2016. Tant pis si le mercure chute avant, tant pis s’il n’a même pas pensé qu’on pourrait les héberger dans des logements en dur.

L’Adoma, l’organisme gérant les foyers de migrants, a tout d’un coup découvert des chambres libres dans ses structures. Un travailleur social commentait ainsi : « 20 000 places trouvées en deux semaines ! Pourquoi ne l’ont-elles pas été avant ? » Depuis plus de deux ans, les crédits de l’hébergement d’urgence ont été réduits, si bien que des demandeurs d’asile dorment à la rue. À Caen, Dijon et ailleurs, ils squattent le plus souvent discrètement, mais parfois avec le soutien actif de militants associatifs et d’extrême gauche, et se font régulièrement expulser de bâtiments vides depuis des années.

…et retour rapide à la trique

Au plan européen, la chancelière allemande Merkel s’est un temps permis de donner des leçons d’humanité à toute l’Europe en ouvrant les frontières. Générosité intéressée : l’économie du pays a besoin de migrants pour compenser la faible natalité. Les patrons allemands lorgnent avec envie sur ces « jeunes, bien formés et très motivés », comme les décrit le PDG de Daimler, Dieter Zetsche. Merkel a vite tiré parti de la situation pour appuyer le projet de répartition des migrants concocté depuis le printemps par Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne. Puis elle a rétabli quelques contrôles aux frontières, question de faire pression sur ses voisins. Dès lors, en France, les xénophobes de tout poil reprenaient des couleurs. La droite, Sarkozy en tête, chasse sur les terres du FN tandis que la gauche pose en championne de « l’humanité dans la fermeté ». Même Mélenchon y va de son couplet chauvin en affirmant qu’il faut « dissuader les gens de partir en leur donnant des raisons de rester » chez eux.

Pour la liberté de circulation

Marchandises, capitaux, informations circulent de plus en plus vite sur la planète. Devant eux, les frontières tombent les unes après les autres. Par contre, devant les humains s’élèvent chaque jour de nouvelles barrières, joli paradoxe pour un système qui s’est glorifié de la chute du mur de Berlin en 1989. Les frontières ne nous protègent ni des patrons, ni des bas salaires et du chômage. Accueillir les migrants, c’est sortir du chacun pour soi, c’est se donner les moyens d’être plus nombreux et plus forts pour engager la lutte demain contre ceux qui prospèrent sur les guerres et la misère là-bas et sur l’exploitation au travail partout.

26 septembre 2015

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