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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 68, mars-avril 2010

Hauts-de-Seine : plan social à la Poste

Mis en ligne le 11 avril 2010 Convergences Entreprises

La maquette est prête, les plans sont tirés et les travaux se déroulent comme prévu. Bientôt, la nouvelle PIC (Plate-forme Industrielle Courrier) de Villeneuve-la-Garenne s’élèvera de terre pour devenir un des fleurons de La Poste. Équipée de machines récentes et performantes, elle accueillera, à partir de juillet 2011, 352 travailleurs, dont 290 à la production, et sera une des plus productive de France !

Pourtant, contrairement aux responsables du projet, les travailleurs des centres de tri du 92 (Hauts-de-Seine) ne sautent pas de joie. La raison de ce lamentable pessimisme est simple : avant d’ouvrir la PIC, La Poste restructure les centres existants sur le département, Nanterre CTC, Issy-les-Moulineaux CTC et la Défense PPDC [1]. Et le bilan sera lourd : plus de 400 emplois vont disparaître. De plus, comme il fallait s’y attendre, les conditions et les horaires de travail sur la nouvelle plate-forme seront sensiblement pires qu’à l’heure actuelle. Pour le moment, La Poste propose des horaires plutôt alléchants pour ceux qui n’ont pas envie d’avoir une vie personnelle : le matin (6–13 h 00) tous les samedis, en nuit deux dimanche sur trois (sans compensation) et des équipes d’après-midi qui terminent en milieu ou fin de soirée tous les jours tout en travaillant un samedi matin sur deux. Ajoutez à cela un détail, les travailleurs seront trois au lieu de quatre (aujourd’hui) sur les nouvelles machines, malgré des débits plus élevés. Pour la direction, ce genre de détail importe peu et elle promet à chacun un reclassement correspondant à « ses attentes et à ses aptitudes ». Autrement dit, elle promet de faire ce qu’elle voudra. En passant, n’oublions pas que l’entreprise est une Société anonyme (SA) depuis le 1er mars et que rien n’interdit (légalement) qu’elle mette en place un plan de licenciements s’il reste (et il en restera) du monde sur le carreau.

Depuis le 10 mars, des « négociations » se déroulent. La direction, consciente de l’importance du dialogue, a même prévu un marathon, près de 25 réunions en deux mois. Seulement, une fois n’est pas coutume, toutes les organisations syndicales (SUD, CGT, FO, CFDT, CFTC, CGC) ont quitté la table et appelé à une journée de grève et manifestation le 15 avril sur le département. Cette date sera peut-être le début d’une autre pièce, celle ou les travailleurs écriront un autre scénario par leur lutte.

2 avril 2010

Erwan PIAM


40 000 emplois supprimés à la Poste ces six dernières années

Depuis le 1er mars 2010, la Poste est devenue une Société Anonyme. Ce changement de statut n’est que l’étape finale vers la privatisation qui se prépare de longue date. Ce qu’il fallait surtout pour rendre le secteur postal alléchant pour les futurs actionnaires, c’était d’augmenter à outrance la « productivité » en réduisant considérablement les « coûts de structure », c’est-à-dire principalement la masse salariale, les effectifs.

C’est l’objet de tous ces plans de restructurations qui s’enchaînent depuis maintenant des années dans tous les secteurs. Cap Qualité Courrier au tri et Facteur d’Avenir à la distribution du courrier, Terrain aux guichets, ou bien Livreur d’Avenir au colis... tous ces plans aux doux noms de marketing ne poursuivent qu’un seul et même objectif, détruire de l’emploi pour gagner en rentabilité. C’est ainsi qu’en quelques années, entre 2003 et 2009, La Poste a opéré sournoisement un véritable gigantesque plan industriel de casse de l’emploi puisque ce sont plus de 40 500 équivalents temps plein qui ont été supprimés, faisant passer le nombre des postiers de 288 820 à 248 287. Résultat : les tournées à découvert, les guichets inoccupés et, souvent aussi, les fermetures de bureaux de Poste en zones rurales ou dans les quartiers. Les usagers, désormais baptisés « clients », peuvent apprécier !

Toutes ces nouvelles organisations du travail avec moins de personnel entraînent une formidable dégradation des conditions de travail, sans parler des pires méthodes de management par le stress inspirées du privé.

Une multitude de luttes isolées

Tout cela ne passe pas sans faire de nombreux remous auprès du personnel. C’est très souvent ces dernières années que, lorsqu’un site est restructuré ou quelque temps après l’avoir été, une grève se déclenche.

Pour ne citer que les facteurs et uniquement sur le mois de mars 2010, on a pu recenser comme grèves finies ou en cours : les bureaux d’Argenteuil, de Saint-Gratien, Enghien et Deuil-la-Barre (95), Paris 18 et Paris 19, Vitry, Arcueil et Rungis (94), Cournon (63), Châtellerault (86), Laon et Soissons (02), Moulins, Montluçon et Vichy (03), Strasbourg (67), Marmande (47), Saint-Étienne (42) et plusieurs bureaux alentours, Albi (81) et d’autres bureaux du département... la liste est longue et sans doute incomplète mais les revendications des grévistes sont toujours les mêmes : contre les réorganisations ou l’augmentation de la sécabilité (voir Convergences Révolutionnaires n° 67), contre les suppressions d’emplois, pour le paiement des heures supplémentaires... bref toujours contre les conséquences des restructurations.

Histoire d’éteindre le feu, des directions locales peuvent parfois consentir certains reculs, mais toujours provisoires.

Quelles perspectives pour les postiers ?

Ce qui frappe depuis quelques années, c’est donc la multitude de ces luttes (qui commencent également à toucher des guichets et les centres de tri, eux aussi restructurés et réorganisés), mais aussi paradoxalement leur isolement. Globalement, elles n’empêchent pas le rouleau compresseur des réorganisations et restructurations d’avancer ; elles ne font que le retarder un peu, et encore pas toujours. Du côté des syndicats, la fédération CGT (majoritaire à La Poste au niveau national) aurait la surface et les relais suffisants pour impulser un tel mouvement mais, à son habitude, elle n’en a aucune envie et s’y oppose. La solution ne pourra donc venir que des postiers eux-mêmes. La combativité est déjà forte, le mécontentement et l’exaspération aussi, et cela dans toutes les régions et tous les services. Reste à prendre contact avec les autres sites en lutte, établir un réseau pour se coordonner et mener une politique volontariste permettant d’unifier toutes ces luttes, avec ou sans les appareils syndicaux. Pour une contre-offensive d’ensemble à la Poste… voire au-delà !

Pierre OLIVIER


[1Traduction de quelques sigles désignant les centres de tri : CTC, Centre de traitement du courrier ; PPDC, Plate-forme de préparation et de distribution du courrier  ; PIC, Plate-forme industrielle Courrier.

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