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Accueil > Éditos de bulletins > 2021 > novembre > 29

Guadeloupe-Martinique : si violence il y a, c’est celle de l’ordre colonial et de la pauvreté

Un vent de révolte souffle sur la Guadeloupe et la Martinique : grèves, manifestations, barrages de route dont certains sont défaits par la police et aussitôt reconstruits. C’est la colère légitime des plus pauvres, salariés et chômeurs qui explose face au mépris des autorités. Le passe sanitaire imposé par le gouvernement, qui a brutalement suspendu de leur travail, sans solde, des centaines de soignants, de pompiers et d’autres salariés, a été une injustice de plus qui a fait déborder le vase. Mais c’est plus largement la colère sociale contre les conditions de vie, le chômage et la misère qui a explosé.

Les Macron et Castex, et leurs amis patrons, osent donner des leçons de santé et parler de « non-respect des règles sanitaires », eux qui sont les responsables de la situation, y compris de la méfiance face à un vaccin bien utile. Si la dernière vague de Covid s’est transformée en catastrophe, c’est bien du fait du délabrement des structures de santé à Pointe-à-Pitre ou ailleurs.

Après avoir envoyé des contingents du Raid et du GIGN et instauré un couvre-feu au prétexte d’incendies et pillages, Macron et ses ministres ont dû changer de ton devant une colère contre les inégalités et la pauvreté qui pourrait et devrait même déborder les Antilles.

Et le gouvernement d’annoncer quelques mesures dérisoires pour tenter de faire retomber la colère, comme le report de l’obligation vaccinale au 31 décembre (plus d’urgence donc ?). Le ministre des Outre-mer, Lecornu, dépêché sur place ce dimanche, a lancé une vague formule d’« autonomie » possible, dans l’espoir qu’elle allèche quelques élus et notables locaux espérant y glaner quelques postes et prébendes.

Le problème n’est pas là. Tout comme est dérisoire la soudaine promesse d’un millier d’emplois « aidés » pour les jeunes. C’est un travail et un salaire décent qui sont demandés, pas de vagues promesses.

Contre l’incurie des pouvoirs publics

La mobilisation lancée par des collectifs d’organisations syndicales, politiques et associatives, avec le mouvement de grève qui a éclaté, posent tous les problèmes sociaux.

Elle se dresse contre un État français et ses antennes locales qui méprisent la santé publique : manque d’hôpitaux, mais aussi un réseau d’eau qui, en Guadeloupe, se dégrade au point de priver de nombreuses familles d’eau potable… mais pas de payer les factures aux compagnies. La corvée d’eau fait partie du quotidien, ce qui nous ferait tous sauter au plafond en France !

Autre scandale, celui du chlordécone, ce pesticide ultra-toxique utilisé dans les bananeraies jusqu’en 1993, alors qu’il était interdit en France, qui pollue encore les terres et empoisonne aujourd’hui plus de 90 % des Antillais, provoquant des maladies graves.

Colère des travailleurs et des jeunes

À cela s’ajoutent un chômage de masse (40 % chez les moins de 30 ans), une vie dans des quartiers populaires délabrés et une jeunesse souvent contrainte à émigrer. Les prix des produits de consommation courante et de l’essence ont connu une hausse insupportable pour la population la plus pauvre.

Il est donc plus que salutaire que des soignants, des pompiers, mais aussi des enseignants, des pompistes, des territoriaux et des travailleurs de l’hôtellerie-restauration se révoltent contre cette situation. Les grévistes et les jeunes dénoncent d’abord et avant tout le chômage et les bas salaires, le manque généralisé de moyens pour vivre.

Vive la lutte des travailleurs antillais !

Sur les piquets de grève et les barrages, ils ont dû faire face à la répression brutale des forces de l’ordre, à des arrestations. D’autant plus brutale que l’ordre et le mépris colonial, celui de l’État comme celui des « békés », les descendants des colons qui possèdent les plantations et dominent l’économie locale, rendent la vie encore plus dure qu’ici.

Le succès de leur lutte est capital pour nous aussi. Par leur mobilisation et leurs revendications contre la dégradation sociale, les travailleurs de Guadeloupe et Martinique montrent la voie

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