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General Electric Villeurbanne : après trois semaines de grève, on ne s’arrêtera pas là !

16 décembre 2020 Article Entreprises

Les salariés de General Electric (GE) Grid Solutions à Villeurbanne, dans l’agglomération lyonnaise, sont en grève depuis plus de trois semaines contre le plan de « sauvegarde » de l’emploi (PSE) de la direction. Celui-ci prévoit la suppression de plus de 600 postes en France, dont 260 rien qu’à Villeurbanne, soit la moitié de l’usine.

Licenciements subventionnés

GE n’en est pas à son coup d’essai. Le groupe restructure tous azimuts depuis le rachat d’Alstom en 2015. Ce furent notamment 345 suppressions d’emplois dans la filiale Hydro à Grenoble en 2017, plus de 1 000 à Belfort en 2019. En 2019 déjà, Villeurbanne était concerné par un premier PSE, jusqu’à ce que la direction le retire… pour en concocter un bien pire.

Si ce nouveau plan de licenciement passe, 3 000 postes seront passés à la trappe en cinq ans. Pour rappel, GE s’était engagé à créer 1 000 emplois. Personne n’en a vu la couleur. Le groupe a préféré payer une amende de 50 millions d’euros, pas bien lourde par rapport à la manne du CICE et du crédit d’impôt recherche (200 millions empochés en cinq ans). Et Bruno Le Maire a encore promis 50 millions d’euros (au moins !), au motif de « développer de nouvelles activités industrielles »… mais qui permettront surtout de financer le plan social !

Une grève militante

La grève démarre le 23 novembre. Très vite, les grévistes se tournent vers les autres salariés du groupe, à commencer par ceux de Saint-Priest, pas loin dans l’agglomération lyonnaise. Jeudi 3 décembre, des équipes de grévistes partent sur d’autres sites de la filiale, à Aix-les-Bains et à Montpellier. À Aix, ils débrayent l’équipe en poste dans une chaude ambiance (à voir sur Youtube).

Le 1er décembre, des grévistes interpellent le gouvernement, à l’occasion de leur montée à Paris. Devant l’Assemblée nationale, Mélenchon entonne son couplet sur la casse de l’« industrie française » par un groupe américain. Mais ce ne sont pas la gauche et son nationalisme économique qui sauveront les emplois chez GE. Les patrons n’ont que faire de ces stratèges industriels en herbe et de leur protectionnisme. Rappelons que c’est Montebourg, hier ministre du « Made in France » et aujourd’hui en coquetterie avec les Insoumis, qui avait entériné les fausses promesses de créations d’emplois au moment du rachat d’Alstom.

Et maintenant ?

Avec la grève qui tient bon, c’est le risque d’extension qui fait peur à la direction. Le 7 décembre, après la virée à Aix et Montpellier, celle-ci entame les négociations pour canaliser la colère. Elle concède quelques emplois sur le site de Villeurbanne, revient aux primes et mesures d’âge plus favorables, qui étaient celles du PSE envisagé en 2019, et paye cinq jours de grève. Mais le 14 décembre, elle tente un coup de Trafalgar en inscrivant dans le protocole de fin de conflit l’interdiction de faire grève jusqu’en mars 2021, soit pendant toute la suite des négociations du PSE. En réaction, une quinzaine de salariés entame une grève de la faim, espérant par là faire connaître leur situation dans les médias.

À l’usine GE de Belfort, les salariés ont été fixés sur le sort qu’on leur réserve le 9 décembre, après deux semaines de bruits de couloir : 200 suppressions d’emplois annoncées. Face à une direction qui avance de toute part, seule une riposte d’ensemble des travailleurs de GE pourrait la faire reculer réellement. Et en s’adressant, dans le groupe comme ils ont commencé à le faire mais aussi ailleurs, aux autres travailleurs touchés par des suppressions d’emplois, comme les salariés licenciés de TUI (grand groupe voyagiste, qui possède notamment Nouvelles frontières) rencontrés le 1er décembre, ils pourraient être un point de ralliement dans la bataille à mener.

Le 15 décembre 2020, Bastien Thomas

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