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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 39, mai-juin 2005

Espagne : le retour électoral du courant nationaliste radical basque

Mis en ligne le 2 mai 2005 Convergences Monde

Les élections au Parlement autonome basque du 17 avril dernier (qui concernaient 1,8 million d’inscrits pour 75 sièges à pourvoir) ont confirmé que la gauche nationaliste radicale, peu ou prou liée à l’ETA, restait bien vivante. Par rapport à 2001 et malgré une abstention qui a grimpé de 21 % à 31 %, elle gagne à la fois en pourcentage (+ 2,5 %, 12,5 % au total), en voix (+ 7 000 avec 150 000) et en sièges (+ 2, passant de 7 à 9).

Pourchassés depuis des années par les gouvernements conservateurs ou socialistes de Madrid, les nationalistes radicaux ont vu nombre de leurs militants emprisonnés, leurs organisations légales (dont Batasuna) mises hors la loi en 2003, leurs locaux placés sous séquestre, leurs comptes bancaires gelés, leurs publications interdites et les cafés où se réunissaient leurs sympathisants fermés par décision administrative. Les autorités espagnoles étaient donc persuadées que ce courant serait cette fois absent du scrutin.

Il n’en a rien été. Dès le début de la campagne les anciens porte-parole de Batasuna appelaient à voter pour le Parti communiste des terres basques (Euskal Herrialdeetako Alderdi Komunista - EHAK) une formation politique créée en juillet 2002, soit un mois après le vote par les Cortes de Madrid de la loi permettant d’interdire Batasuna, et dont personne n’avait jusqu’alors entendu parler. Le Parti populaire (droite) demandait aussitôt son interdiction mais ni la police, ni la justice n’étaient capables de prouver une relation quelconque entre lui et l’ETA. D’où la décision du gouvernement du socialiste Zapatero de le laisser faire campagne, pensant sans doute susciter un concurrent aux nationalistes modérés.

Beaucoup étaient persuadés d’ailleurs que le nouveau parti effraierait une partie au moins de l’électorat nationaliste radical traditionnel, du fait notamment de son étiquette communiste et des drapeaux rouges brandis lors de meetings qui se terminaient par l’Internationale, chantée en basque par une foule jeune et enthousiaste.

En fait cet électorat n’a nullement été rebuté par cette étiquette « communiste », largement symbolique d’ailleurs, mais qui rappelle que nombre de militants de cette mouvance n’ont jamais hésité dans le passé à se réclamer du communisme, du castrisme voire du trotskisme. Ceci dit si le Parti communiste des terres basques notait « quelques lacunes sur les questions sociales  » dans le programme de l’ex-Batasuna, il n’avançait rien de précis dans ce domaine. Comme le soulignait le quotidien Gara (proche des nationalistes radicaux) le nouveau parti « n’a guère présenté de programme autre que le droit de toutes les opinions à être représentées au sein du Parlement (basque) », son principal slogan de campagne étant « Pour la démocratie et la paix, votez EHAK  ».

60 % des voix pour les nationalistes

Le grand perdant de la consultation a été sans conteste le président du gouvernement basque, Juan José Ibarretxe, du Parti nationaliste basque (PNV - démocrate-chrétien). En convoquant des élections anticipées, il voulait faire plébisciter son plan de Pays basque librement associé à l’Espagne, plan adopté par le Parlement autonome en décembre 2004 mais massivement rejeté par les Cortes madrilènes deux mois plus tard. Si sa formation reste encore, et de loin, la première de la Communauté autonome avec près de 500 000 voix et 29 députés, « la clameur populaire  » qu’il appelait de ses vœux ne s’est pas produite puisque le PNV perd près de 150 000 voix et 3 sièges.

Son échec a réjoui tant les leaders socialistes du PSOE (qui gagne 5 sièges et 20 000 voix principalement aux dépens des conservateurs) que ceux du Parti populaire (qui recule de 4 sièges et de 120 000 voix) qui proclament que le plan Ibarretxe est désormais enterré. C’est aller un peu vite en besogne. Car Ibarretexe reste pour l’instant l’interlocuteur privilégié de Madrid et les nationalistes radicaux n’offrent aucune politique de rechange à la sienne. Il se tient donc toujours au centre du jeu politique et se dit prêt à discuter tant avec EHAK qu’avec le PSOE.

Mais au delà des marchandages post-électoraux une chose est claire : en votant à près de 60 % pour les différentes listes nationalistes et leurs alliés, les électeurs basques ont fait savoir une fois de plus qu’ils réclamaient de Madrid le droit à disposer d’eux-mêmes que l’on continue de leur refuser.

27 avril 2005

Léo STERN

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