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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 144, mars 2022 > DOSSIER : La guerre de Poutine contre l’Ukraine

En Russie : Poutine dégage !

13 mars 2022 Convergences Monde

Nous publions dans ce dossier les introductions à la réunion-débat en ligne du 6 mars 2022 organisée par Convergences révolutionnaires.


Une chose ressort : la guerre de Poutine contre l’Ukraine est loin d’être populaire en Russie. « Opération spéciale » ? Annexion vite fait bien fait de l’Ukraine, version Crimée ? Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue depuis le jour même de l’invasion, en appelant la guerre par son nom et en criant leur rage contre elle. Les manifestations ont été spontanées et massives, elles ont touché de nombreuses villes. Elles ont été aussi plus réprimées que jamais : l’ONG Human Rights Watch annonce un total de 13 500 arrestations d’opposants à l’invasion de l’Ukraine, dans un rapport publié le 11 mars. Arrestations violentes, maltraitance d’opposants voire tortures. De nouvelles lois répressives ont été votées par le Parlement, rendant passibles de 15 ans de prison les auteurs de prétendues « informations mensongères ». La participation de près ou de loin au mouvement anti-guerre sera lourdement sanctionnée. Une récolte de fonds pour payer des amendes s’organise et occupe une forte partie des forces militantes associatives, dont celles d’extrême gauche.

La répression est donc montée d’un sérieux cran et la censure va bon train

Un exemple emblématique concerne la radio Les Échos de Moscou, une radio qui avait su garder une certaine liberté d’émission, une radio populaire et très suivie, qui a été exclue des ondes pour la seconde fois (la première fois, c’était pendant la tentative de coup d’État en 1991). Aujourd’hui cette radio a provisoirement trouvé refuge sur internet, mais pour combien de temps ? Difficile à dire… et les réseaux sociaux sont eux aussi soumis à de fortes pressions.

Les citoyens russes qui en ont les moyens cherchent à quitter le pays. Un véritable casse tête, onéreux surtout, et pas à la portée de tout le monde : un plan idéal encouragerait à passer par la Turquie et par le Maroc, et les billets sont effectivement à 2000 ou 3 000 euros la place. D’autres partent en Finlande.

Des conscrits mobilisés tout juste à la sortie du lycée ou de l’université

L’impopularité de la guerre contre l’Ukraine toucherait les rangs de l’armée. Les soldats ont été briffés à une « opération spéciale », à être les libérateurs d’une population ukrainienne, au nom d’une lutte historique contre le fascisme devant faire écho à l’histoire russe de la Seconde Guerre mondiale. Mais les applaudissements n’ont pas été au rendez-vous : plutôt les cocktails Molotov jetés par des civils ukrainiens. Confrontation difficile : dans n’importe quel arbre généalogique en Fédération de Russie, il y a des ramifications qui rattachent au peuple ukrainien, des liens familiaux entremêlés – et dur d’avoir dans le viseur ceux qui pourraient être un oncle ou une grand-mère. Surtout pour des soldats qui sont des conscrits mobilisés tout juste à la sortie du lycée ou de l’université. Dans cette situation, on comprend pourquoi Poutine a très rapidement appelé à la rescousse le dirigeant de Tchétchénie, Kadyrov et son armée noire.

Jusqu’où cette guerre est-elle impopulaire ?

C’est la question, et il ne faut pas se mentir. Poutine conserve un certain soutien et les relais du régime sont à l’œuvre. Les communiqués de soutien se multiplient avec leur rhétorique, sur le thème : « Je n’ai pas honte d’être russe, il faut soutenir coûte que coûte nos soldats. » Il est probable pourtant que cette base populaire s’effrite, le phénomène est sensible depuis quelques années. Les Russes qui n’ont pas les moyens de quitter le pays commencent à douter et s’inquiètent d’un nouvel enfermement, de l’arrivée d’un nouveau rideau de fer. Le rouble n’arrête pas de chuter, les prix s’envolent et le troc est de retour. Et si Poutine n’est plus synonyme de stabilité et de croissance économique, du moins pour la partie de la population qui l’a soutenu jusque-là… le début de la fin pourrait approcher, pour lui.

Artem Orlov

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