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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 52, juillet-août 2007

Élections en Belgique : on prend (presque) les mêmes et on recommence ?

Mis en ligne le 29 juin 2007 Convergences Monde

Comme en France, des élections avaient lieu en Belgique le 10 juin. Il s’agissait de pourvoir au remplacement des députés à la Chambre et au Sénat. Ces élections ont lieu tous les quatre ans. Le scrutin est à la proportionnelle à un tour dans le cadre de 11 circonsciptions.

Peu de gens ont semblé s’intéresser à la campagne électorale, peu ont exprimé ouvertement avant le scrutin pour quel candidat ils allaient voter. Paradoxalement cette campagne électorale en Belgique a fait moins discuter… que les élections présidentielles en France ! C’est peut-être ce qui explique que, bien que le vote soit obligatoire sous peine d’amende, près de 9% des électeurs se sont abstenus tandis que 5% ont voté blanc ou nul.

Succès des autonomistes en Flandre et recul des socialistes partout

En Flandre, le CD&V-NVA, un cartel entre un parti chrétien et une organisation nationaliste, a notablement augmenté son nombre de sièges (+ 9). L’extrême droite, le Vlaams belang, perd un siège mais par rapport aux législatives de 2003, progresse en pourcentage. L’extrême droite populiste était aussi représentée par la liste Dedecker (du nom de son fondateur) qui dépasse les 5 % et obtient 5 sièges. La surprise vient donc des scores importants des partis qui revendiquent de façon plus ou moins virulente plus d’autonomie, voire l’indépendance de la région. À l’inverse le Parti socialiste (le SPA) recule et perd 9 sièges. Les raisons de ce recul, sévère, outre la poussée des partis plus ou moins autonomistes, sont certainement à trouver dans le soutien du SPA à la politique d’austérité du gouvernement (baisse du pouvoir d’achat, licenciements comme à VW etc..) et dans les « affaires ». Les scandales qui ont éclaboussé les socialistes francophones dans la ville de Charleroi ont donc rejailli sur leurs camarades flamands. Le recul du parti du Premier ministre, « l’Open VLD » était lui prévu par les sondages : il perd en effet 7 sièges, payant ainsi sa politique menée au gouvernement.

Du côté francophone aussi, la baisse du Parti socialiste a été importante : il perd 5 sièges. Sa gestion gouvernementale pro-patronale et les « affaires de corruption » de ses dirigeants à Charleroi font ainsi perdre au PS sa place de premier parti de Wallonie au profit du Mouvement Réformateur (MR) qui se veut le pendant en Belgique de l’UMP et de Sarkozy. À noter le score des écologistes qui progressent aussi bien en Flandre qu’en Wallonie. En Wallonie, ils gagnent 4 sièges : la cure d’opposition au gouvernement semble leur avoir ramené des électeurs mécontents du PS ! Le Front National garde son siège à la Chambre.

Le faible poids de l’extrême gauche

Trois organisations étaient présentes : le CAP (qui d’ailleurs se défend d’être d’extrême gauche), le PTB (marxiste léniniste) et le PC (qui avait mis sur ses listes des candidats appartenant au Parti humaniste ou encore une trotskyste).

Le CAP fondé par un ancien socialiste flamand (qui ne se présentait pas lui-même cette fois-ci) misait sur ces élections pour se faire connaître et mettait en avant la nécessité « d’une autre politique » plus sociale, à gauche de la gauche. Ses résultats sont faibles : 20 083 voix. Le PTB se présentait en Wallonie et en Flandre sur le thème : « les gens d’abord, pas le profit » et a axé sa campagne sur des médicaments moins chers, l’énergie à moindre prix, des emplois stables pour tous. Il n’a pas hésité à présenter des femmes voilées sur ses listes. Il a obtenu 37 758 voix en Flandres et 19 329 en Wallonie, un score faible sauf dans certaines villes où il anime des maisons médicales et des cabinets d’avocats pour la population pauvre. Le Parti communiste a fait campagne sur les salaires et le logement, dénonçant les profits des banques et des patrons. Il a obtenu 19 329 voix. Aucune de ces organisations n’a d’élus. C’est un échec pour le CAP et le PTB, qui faisaient le calcul que le discrédit du PS leur amènerait un électorat nouveau (en mettant en retrait certaines revendications) comme cela s’est fait en Hollande avec le SP ou en Allemagne avec le WASG.

Et maintenant ?

La victoire du CD&V en Flandre permet à Yves Leterme, son président de pouvoir prétendre au poste de Premier ministre dans le prochain gouvernement. Quelle sera la coalition qui gouvernera demain ? Quelles alliances se noueront autant du côté francophone que du côté néerlandophone ? À l’heure où nous rédigeons cet article, il est trop tôt pour le dire : la formation d’un gouvernement peut durer plusieurs mois, tant qu’il n’y a pas un accord entre certains partis pour gouverner ensemble sur une politique négociée entre états majors politiques, évidemment totalement indépendante des programmes sur lesquels ils ont pu ou pas se présenter aux élections.

Du côté francophone, la victoire des partis les plus autonomistes, voire nationalistes en Flandre a relancé les débats sur les problèmes communautaires, l’autonomie des régions et l’avenir de la Sécurité sociale. De celle-ci en Belgique dépendent le encore plus de secteurs qu’en France : chômage, pensions, vacances annuelles, maladies professionnelles, soins de santé... et certains partis veulent la voir géographiquement scindée en deux. Pour cela, il faudrait des négociations et aussi une modification de la Constitution, modification qui n’est possible légalement que si 2/3 des députés sont d’accord pour ce changement. Autant dire que les semaines qui viennent vont être marquées aussi bien par les discussions entre les partis que par des tensions communautaires. On se souvient, à ce propos, qu’il avait suffi d’un vrai-faux journal télévisé pour déchaîner les passions et de nombreux remous en présentant, comme une réalité, l’éclatement de la Belgique. Alors, difficile de dire jusqu’où peuvent aller ces tensions communautaires qui pourraient polariser l’attention des travailleurs sur un terrain dangereux pour leur avenir.

Quant à changer le sort de la classe ouvrière, il n’y a pas grand monde qui pense, à juste titre, parmi les travailleurs, que la politique du prochain gouvernement (quels que soient les partis qui le composent) sera bien différente de celles menées depuis des années, toutes favorables au patronat. Des politiques qui ont été mises en place par des coalitions où siégeaient aussi bien le PS que les libéraux du MR !

Bruxelles, 20 juin 2007

Paul GALLER

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