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Échos de la semaine du 9 novembre

L’hôpital, victime des politiques passées

Les Urgences de l’Hôtel Dieu à Paris ont été fermées. Le personnel de cet établissement doit aller prêter main forte à l’hôpital Cochin… où l’on manque de personnel. Tous les stages à l’hôpital sont supprimés, les formations repoussées, les vacances parfois reportées, les étudiants infirmiers réquisitionnés, les heures supplémentaires fleurissent, les patients doivent sortir dès que possible, des collègues sont fortement invités aller travailler dans des « secteurs covid », etc.

Un vent de panique, résultat du Covid et surtout de la suppression de milliers de lits ces dernières années, des personnels qui ont fui l’hôpital devant les mauvaises conditions de travail et les bas salaires. Les responsables : la politique des gouvernements et des directions de l’APHP.


Le temps de refuser d’accepter

Depuis plusieurs semaines, les Étudiants en Soins Infirmiers (ESI) se mobilisent pour refuser de jouer les salariés non payés au détriment de leur formation et de leurs stages.

Des IFSI de l’AP-HP ont réussi début octobre à imposer à leur direction d’être indemnisés à hauteur de 1190 euros pour 5 semaines, au lieu des 80 centimes de l’heure initialement prévus pour les étudiants de première année. Dans la même vague de mécontentement, les étudiants de Nantes ont occupé leurs locaux le 22 octobre et continuent de négocier avec leurs directions pour que leur réquisition ne se fasse pas au mépris de leur formation et de salaires décents.

Forts de leur première expérience, ils ne laisseront pas passer la deuxième vague sans faire de vagues. Les liens entre les différentes IFSI du pays se tissent. C’est une réponse d’ensemble des ESI, coordonnée à partir la base, qui permettra de transformer l’isolement des colères en déferlement contre le pouvoir.


Promotions professionnelles ?

Il existe la possibilité pour les aides-soignants de se faire payer leur formation au diplôme d’infirmier à « rendre » ensuite « sous la forme de cinq ans d’exercice au sein de l’hôpital. Nombreux sont les collègues qui souhaitent pouvoir bénéficier de cette évolution « interne ». Pendant plusieurs mois, elles doivent enchaîner « prouver leurs capacités à devenir infirmières » c’est-à-dire répondre à des questions faites en fonction des protocoles d’IFSI qui sont loin de la réalité...

On leur fait longtemps miroiter qu’elles pourraient avoir leur place en formation, pour finalement les laisser sur le carreau. Car les collègues n’ont pas les compétences ? Non, faute de financement alors même que des formations professionnelles ont été faite avec les restes des sommes versées par des entreprises pendant l’épidémie.


Le « pessimisme » ?

Dans une interview à Libé du 4 novembre, le directeur de l’ARS d’Ile de France, Aurélien Rousseau, expliquait avoir été « trop pessimiste » sur les projections du nombre de patients en réanimation. À la suite des projections alarmantes, 60% à 80% des interventions en bloc opératoire ont été déprogrammées en raison de la saturation des services de réanimation occupés par « les Covid ». C’est sans compter tous les malades renonçant d’eux-mêmes à se faire opérer en pleine crise sanitaire.

Cet énarque en tire-t-il la conclusion logique d’augmenter de toute urgence les capacités hospitalières ? Pas du tout ! « Il faut libérer au plus vite 1775 place de réanimation », lisez : continuer cette politique de déprogrammation. À ce compte-là, ce n’est pas du « pessimisme » mais du cynisme et du mépris pour nos vies.


Des vies méprisées qu’on n’oubliera pas

Dans la rubrique des choix révoltants de la crise sanitaire, une étude de l’École de médecine du Maryland sur le premier confinement révélait fin octobre que les populations schizophrènes faisaient partie des premières victimes du Covid. Ayant plus de risques d’être affectés par des formes sévères du virus, elles ont aussi moins de chances d’être admises en unités de soins intensifs que les autres, et risquent davantage de décéder du Covid (jusqu’à 25% de risques de plus que les autres patients).

En cause, le tri intolérable entre les patients ayant des difficultés respiratoires, et le manque de moyens alloués aux soins. L’étude montre que cette situation pourrait être évitée pour cette population vulnérable si étaient renforcés les moyens à tous les niveaux de la prise en charge des patients atteints du Covid. Ce sera à nous de se débarrasser des responsables de ce tri inhumain !


Pour la rémunération, il y a aussi des urgences

Des externes ont eu la désagréable surprise de devoir attendre sept mois avant d’être payés par l’APHP, pour des missions Covid réalisés en mars dernier. Environ 50 000 euros n’auraient pas été versés à temps par l’HEGP (Hôpital Georges Pompidou). Une externe explique :«  Je fais en tout plus de 100h, dont des week-ends, parfois je fais deux semaines d’affilée sans pause ». Après ces 6 semaines de travail, cette externe attend fin avril sa paie, soit environ 1500 euros. « Avril arrive, pas de salaire COVID, mais je suis pas la seule. Ok les élus étudiants nous disent que ça va arriver y’a du retard. Mai arrive, pas de salaire COVID. Juin arrive, prime COVID ok comme tt le monde mais pas de salaire COVID. Nous sommes plus de 50 étudiants concernés seulement sur l’HEGP. » Devant la colère et après sept mois d’attente, la situation devrait être régularisée.

Contre le Covid, le travail n’attend pas… mais la rémunération si !


À l’hôpital, perdre sa vie ou sa santé

Une infirmière est décédée du Covid à l’hôpital de Bastia. Tout le monde reconnaît ses compétences, son professionnalisme et ses qualités humaines. Pour citer la presse locale, « la professionnelle de santé aurait été contaminée dans l’exercice de ses fonctions ». À l’APHP, en octobre 2 137 personnels ont été aussi contaminées par le virus et certains au contact des patients. Martin Hirsch indique lui même que : « avec des enquêtes qui montrent très rarement un contact avec un patient Covid ». Rarement, mais quand même !

On peut perdre sa vie, sa santé en travaillant à l’hôpital : des accidents de travail, comme dans n’importe quelle entreprise.

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