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DOSSIER : Accidents du travail et maladies professionnelles : faux frais de l’exploitation pour le patronat et l’Etat

EDF sous-traite ses radiations

Mis en ligne le 22 juin 2004 Convergences Entreprises

Dans son enquête L’Industrie nucléaire : sous-traitance et servitude (INSERM/EDK, 2000), Annie Thébaud-Mony a étudié le degré d’irradiation des travailleurs d’EDF et de ses multiples sous-traitants. Résultat : « Les doses les plus élevées sont reçues par les travailleurs des entreprises de service (...) qui préparent les lieux d’intervention pour que les travailleurs chargés des tâches plus qualifiées puissent intervenir dans des espaces décontaminés. Les travailleurs temporaires (en particulier les intérimaires et les travailleurs sous contrat de chantier, dont la durée de travail sur site nucléaire est la plus courte) reçoivent une dose moyenne annuelle significativement plus élevée que les travailleurs sous contrat à durée indéterminée. »

Cela infirme donc le discours habituel d’EDF, qui prétend que la sécurité est une affaire de concentration et de prudence individuelles, ou à la rigueur met en cause le sérieux de telle petite entreprise. En réalité EDF mène consciemment une stratégie de fractionnement des doses. Les emplois temporaires et flexibles lui permettent de diminuer la dose moyenne d’irradiation pour les travaux les plus exposés. Les victimes, si elles ont à terme un cancer, auront beaucoup plus de mal à prouver le lien de leur maladie avec leur activité temporaire pour EDF, d’autant plus que la maladie apparaîtra souvent de longues années après le passage dans une centrale nucléaire. Pire encore, cette situation aide aussi la sécurité sociale... à bloquer la reconnaissance de certains cancers comme maladies professionnelles, puisque les « preuves » sont diluées.

Ainsi, EDF peut faire mine de respecter scrupuleusement les normes, et d’ignorer ce que trament ses sous-traitants, et en plus elle rend beaucoup plus difficile la localisation et la reconnaissance des maladies dues aux rayonnements. Elle n’est tenue ni de prévenir ni d’indemniser ! Quant aux organisations syndicales, il faut bien avouer qu’elles ont souvent fait le choix de se taire, sous prétexte de ne pas nuire au nucléaire... et à l’emploi.

En France aucune étude sérieuse n’a permis de démontrer le lien entre l’industrie nucléaire et certains cancers. Mais le recensement de la mortalité parmi les travailleurs « extérieurs » de l’industrie nucléaire au Japon montre une proportion six fois plus élevée de décès par cancer dans ce groupe que dans la population japonaise.

B. R.

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