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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 144, mars 2022

EDF : 3 journées de grève bien suivies dans une boîte sous tension

Mis en ligne le 4 février 2022 Convergences Entreprises

(Photo : Copyright Photothèque Rouge /Martin Noda / Hans Lucas.)

Les 25, 26 et 27 janvier derniers, les salariés d’EDF étaient appelés à la grève. Sur ces trois journées, la plus suivie a été incontestablement celle du 26 (plus de 40 % de grévistes selon les plus basses estimations).

Une mobilisation réussie

Ce succès ne vient pas de nulle part. Pour beaucoup, la grève a été vécue comme un moyen de pousser un gros coup de colère contre la dégradation des conditions de travail et les attaques incessantes contre les travailleurs du secteur. Et la journée du 26, la seule appelée par l’intersyndicale au complet, a donné l’occasion d’exprimer plus massivement ce ras-le-bol.

Au mois de juin dernier, les salariés du groupe EDF avaient déjà fait reculer leur direction contre le projet « Hercule », un sale plan qui aurait imposé le découpage du groupe en trois entités indépendantes, ce qui serait revenu, surtout, à faciliter les futures restructurations et suppressions de postes. La récente mobilisation combine, quant à elle, plusieurs mots d’ordres : pour les salaires et pensions le 25 janvier (grève sectorielle) et le 27 janvier (grève interprofessionnelle), et contre l’augmentation de l’Arenh [1] décidée par le gouvernement, qui impose à EDF de brader une partie plus importante de sa production à ses concurrents, au prétexte que cela permettrait de faire baisser les factures d’électricité. Lutter contre la vie chère en faisant des cadeaux à des groupes privés, voilà la logique étrange du gouvernement. On ne voit pas vraiment, d’ailleurs, comment cela nous garantirait contre la rapacité de ces groupes qui ne produisent rien mais pourront toujours, à l’arrivée, imposer de nouvelles hausses des prix ! Si le gouvernement se préoccupait vraiment de la vie chère, il ordonnerait dès maintenant la baisse des tarifs.

Et puis, du côté des travailleurs, on n’est pas dupes. On sait bien que les pertes du groupe lui serviront à justifier de nouvelles suppressions de postes et attaques sur les salaires et conditions de travail – voire un nouveau projet de type Hercule.

Le double jeu de la direction et des syndicats

Les dernières grèves ont révélé une certaine combativité dans les rangs des salariés. Mais l’envie de se battre est bien souvent menée dans des voies de garage par les politiques syndicales. Le choix de poser trois journées de grève, dont deux juste avant une journée de grève interprofessionnelle, a pu donner l’impression d’un éparpillement de la mobilisation. Beaucoup de grévistes ont fait le choix de ne participer qu’à une ou deux journées, parfois en ne posant que quelques heures par jour. Ces journées isolées ont aussi renforcé des illusions corporatistes, en laissant croire aux travailleurs qu’il vaudrait mieux se battre dans leur seule entreprise, avec leurs revendications spécifiques et leurs propres journées d’action.

La direction d’EDF s’oppose elle aussi à ce projet. Elle est allée jusqu’à soutenir le mouvement du 26 – du moins en paroles, espérant faire pression sur le gouvernement pour renégocier à son avantage les conditions de revente.

Car il ne faut pas s’y tromper : la direction n’est pas subitement devenue la porte-parole des intérêts de ses salariés, et il est d’autant plus regrettable que les syndicats s’enlisent dans son jeu, entretenant l’illusion d’une union sacrée entre travailleurs et direction – au nom de la défense d’une grande entreprise publique, en fait pour se faire bien voir du patron. Les intérêts des travailleurs sont pourtant à l’opposé de ceux de l’entreprise qui les exploite, quel que soit son statut légal ! Et quelle hypocrisie de la part de la direction d’EDF, toujours complice du gouvernement quand il s’agit d’attaquer les travailleurs. Que pourrait bien changer une « renationalisation totale d’EDF » comme le revendiquent les syndicats ? Empêcherait-elle la direction de gérer la boîte comme une entreprise du privé, avec des sous-traitants, des salaires trop bas, des conditions dégradées… et des milliards de profits ?

Pour un mouvement d’ensemble

Les problématiques dans le secteur de l’énergie sont semblables à celles que l’on trouve dans bien d’autres secteurs. Les vagues de grèves pour l’augmentation des salaires en sont une illustration. Alors, bien loin des illusions que peuvent véhiculer les centrales syndicales, c’est bien l’unité des travailleurs qu’il va falloir construire dans les luttes à venir. Pour embaucher, partager le temps de travail, et aller arracher les centaines d’euros qu’il nous faut pour pouvoir boucler les fins de mois dignement.

Correspondant


[1Pour « accès régulé à l’électricité nucléaire historique ». Le terme désigne la quantité d’électricité d’origine nucléaire qu’EDF est contrainte de brader à ses concurrents privés.

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