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DOSSIER : Élections européennes, pas de surprise pour ceux qui ont fait le lit du FN

Du « patriotisme économique » à la dénonciation du « Grand marché transatlantique »

Mis en ligne le 14 juin 2014 Convergences Politique

En pleine campagne électorale, Arnaud Montebourg a pris un décret de « patriotisme économique », censé surveiller les prises de contrôle par des capitaux étrangers de certaines entreprises de secteurs considérés « stratégiques ». De telles réglementations sont monnaie courante sur la planète et n’ont jamais fait trembler les multinationales. Les patrons américains de General Electric ont d’ailleurs expliqué que cela ne changeait rien à leurs projets de rachat partiel d’Alstom.

Cette nouvelle gesticulation politicienne du ministre à la marinière n’avait qu’un seul objectif : enraciner l’idée que les coups qui pleuvent sur les travailleurs de ce pays sont le résultat de la mondialisation capitaliste, orchestrée par des actionnaires rapaces forcément étrangers. C’est d’ailleurs dans ce même esprit que le secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon, critiquait l’attitude du gouvernement sur le dossier Alstom : pourquoi privilégier la reprise par l’Allemand Siemens face à l’Américain General Electric... alors que la solution serait que les capitaux restent français ?

Mais quel intérêt pour les travailleurs ? Avoir des patrons « français » ne protège en rien contre les licenciements, les attaques sur les salaires ou sur les conditions de travail. Alstom a supprimé des milliers d’emplois dans le monde ces dernières années, un exemple parmi tant d’autres. Car les multinationales françaises ont exactement le même but que les américaines : engranger le maximum de profit, en menant la lutte de classe contre leurs salariés, dans tous les pays où elles les font travailler.

Franchouillardes Européennes

Le Front de gauche, plus que jamais cocardier, a axé sa campagne sur la dénonciation d’un traité de libre-échange entre les États-Unis et L’Union européenne, le « Grand marché transatlantique » (GMT) : « En période d’élections européennes, voter pour certaines listes, c’est voter pour la colonisation de nos villes et de nos villages par les firmes américaines, c’est voter pour la disparition de notre artisanat, de nos petits viticulteurs, de nos petits agriculteurs, de nos petites et moyennes entreprises qui vont être broyés par les géants américains. Pensons-y devant l’urne. » [1]

Du slogan de campagne « Non à l’Europe allemande » à la brochure et au tract du Parti de gauche intitulés « Non à l’Europe américaine », difficile de trouver la différence avec la propagande du FN, qui a lui aussi fait du GMT son cheval de bataille en dénonçant une « machine de guerre ultralibérale, antidémocratique, antiéconomique et antisociale. » Et si le Front de gauche tentait par là de récupérer des voix en surfant sur l’ambiance nationaliste, le résultat est sans appel : il en sort affaibli et l’extrême droite renforcée.

D’un bord à l’autre, le discours est le même : les intérêts de la « patrie », toutes classes confondues, seraient menacés par l’appétit des multinationales, forcément américaines… ou allemandes. Comme si le capital français, solidement appuyé par l’État français, n’avait pas produit son lot d’entreprises d’envergure internationale, qui licencient ici et exploitent dans le monde entier !

Avec un tel mensonge en guise de constat, les « antilibéraux » de droite comme de gauche cherchent à remettre le protectionnisme au goût du jour. « Intelligent » chez Le Pen, « solidaire » chez Mélenchon et « européen » chez les Verts, il serait la solution à tous les problèmes des classes populaires.

Pour un « capitalisme dans un seul pays » ?

Les bourgeoisies des pays impérialistes, dont la France, ont choisi depuis trente ans d’imposer au reste du monde une politique de libre échange. De libre, le commerce mondial n’a pourtant que le nom puisque l’abaissement des barrières douanières n’a fait que consacrer la domination des grands groupes capitalistes des vieux pays industrialisés sur les travailleurs et les pauvres de la planète.

Mais cela ne veut pas dire que le protectionnisme serait favorable aux travailleurs. Alors qu’aujourd’hui le moindre produit de consommation courante est le fruit du travail de millions de salariés dispersés sur le globe, prétendre construire le « capitalisme dans un seul pays » est soit de la démagogie électorale, soit une utopie réactionnaire. Et si l’aggravation de la crise et de la concurrence entre les bourgeoisies nationales portait cette politique au pouvoir, les travailleurs seraient les premiers à en payer la note.

Repli national ou riposte de la classe ouvrière ?

Face à tous ceux qui promettent des lendemains qui chantent à condition de faire rentrer le capitalisme dans sa boite nationale, les révolutionnaires opposent la riposte internationale de la classe ouvrière. Poussé par la recherche de nouveaux marchés et la volonté de mettre en concurrence les salariés de différentes régions du monde, le capitalisme a approfondi, ces trente dernières années, une division du travail à l’échelle internationale. Ce faisant, il a renforcé numériquement la classe ouvrière, aujourd’hui nombreuse dans tous les pays du globe, et plus interconnectée que jamais dans la production mondiale. L’heure n’est certainement pas, pour ceux qui se disent dans le camp des travailleurs, à réclamer des barrières douanières, ce qui n’aurait d’autre résultat que de renforcer un peu plus le FN, mais bien à faire vivre l’internationalisme prolétarien.

30 mai 2014, Raphaël PRESTON


[1Raoul-Marc Jennar dans son livre « le grand marché transatlantique, la menace sur les peuples d’Europe ».

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Numéro 94, juin-juillet-août 2014