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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 77, septembre-octobre 2011

Des livres

Mis en ligne le 25 septembre 2011 Convergences Culture

Avorter : Histoire des luttes et des conditions d’avortement, des années 1960 à aujourd’hui.

Collectif IVP, Éditions Tahin Party, 2008, 131 pages, 6 €.

Pour retracer cette histoire, les auteures, féministes grenobloises, ont écumé des cartons d’archives de comités, d’associations : chaque chapitre est consacré à une étape de ces luttes au niveau national et local (grenoblois donc), avec des reproductions de tracts ou d’affiches. De même, de nombreux témoignages tirés de ces archives ou d’entretiens avec des actrices de ces luttes illustrent chaque partie ; la présentation chronologique en est ainsi moins ardue. On y retrouve facilement l’essentiel en peu de pages : le prix de la clandestinité pour les femmes qui pratiquaient les avortements (la prison) et pour celles qui y avaient recours (la plupart ne pouvait payer un médecin, c’était donc avec les moyens du bord qu’on avortait, souvent avec un curetage à vif, au péril de sa vie), la longue mobilisation des années 1960 et 1970 grâce aux groupes femmes des organisations militantes ou de quartiers.

Alors l’État a légiféré, mais sans donner de moyens pour répondre aux besoins des femmes : les avortements clandestins ont continué après le vote de la loi Veil. Aujourd’hui, la déstructuration de l’hôpital public menace les centres IVG et ce sont les associations comme le Planning Familial qui compensent le manque de moyens, en assurant des avortements médicamenteux ou à l’étranger. De plus, l’actuel discours ambiant qui impose à nouveau la maternité aux femmes nécessite vigilance et combativité pour le maintien des centres IVG et d’une information déculpabilisante sur la pratique des IVG.

La lecture de ce modeste ouvrage nous y encourage grandement.

Rosa BOMBONI


Victor Vavitch

De Boris Jitkov. Livre de Poche, 2010, 957 pages, 9 €.

Ce roman aurait dû disparaître, victime comme bien d’autres de la censure stalinienne. Jitkov, entré en littérature au début des années 1920 à l’âge de 40 ans, mena pourtant une carrière sans histoires, produisant 200 nouvelles et récits pour enfants jusqu’à sa mort en 1938. Mais il laissa ce Victor Vavitch – écrit entre 1929 et 1934, et qu’il considérait comme son œuvre majeure – à l’état de manuscrit. Lorsque son éditeur en tira 10 000 exemplaires, ces derniers finirent tous au pilon. Enfin presque. À partir d’un exemplaire rescapé, un éditeur russe publia à nouveau le texte en 1999. Ce fut un succès immédiat.

Victor Vavitch quitte sa province natale pour devenir policier à Saint-Pétersbourg... à la veille de la révolution de 1905. Quand d’autres personnages – ouvriers socialistes et étudiants adeptes du terrorisme des « populistes » – affrontent le régime tsariste, lui, l’antihéros, découvre les arrière-cuisines de la répression, et s’y vautre misérablement. En coulisses, la toute-puissante Okhrana, la police politique du tsar, tend ses pièges – le récit de la transformation d’un banal étudiant en agent provocateur est l’un des moments forts du livre. Jitkov prit une part active aux événements, notamment à l’autodéfense juive contre les pogromes, et on le sent à la lecture. Mais même les scènes dont il n’a pas été témoin ont la saveur, la précision de la chose vécue. Son écriture alerte, que certains critiques comparent à l’œil d’un cinéaste ou d’un photographe, emporte le lecteur à toute vitesse.


Un si long voyage

De Rohinton Mistry. Livre de Poche, 2008, 442 pages, 6,95 €.

Gustad Noble joue de malchance. Son fils aîné, pour qui il s’est tant sacrifié, refuse la brillante carrière qui s’offre à lui. Sa fille n’arrive pas à surmonter sa maladie d’estomac chronique. La municipalité corrompue et incapable s’apprête à lâcher les bulldozers dans son quartier. Et voilà que son meilleur ami, parti précipitamment un an auparavant sans laisser d’adresse, se rappelle à son bon souvenir... pour lui demander un service un peu « spécial ». Lui, l’employé de banque modèle, plonge alors dans une sombre affaire d’espionnage et de gros sous.

Rohinton Mistry centre son histoire sur la petite communauté parsie de Bombay, diaspora chassée d’Iran il y a 1 300 ans par la conquête musulmane à laquelle il appartient. Mais, ce faisant, il brosse le tableau de l’Inde à la veille du conflit avec le Pakistan de 1971 : précarité de la vie, y compris pour les membres des « classes moyennes », braises de guerre de religion qui ne demandent qu’à se rallumer, népotisme et corruption du régime d’Indira Gandhi. Plus optimiste que dans son roman-fleuve L’équilibre du monde, qui traite de l’impossibilité d’échapper à sa caste, plus concis aussi, l’auteur met en scène à la fois la vie quotidienne dans sa ville natale – et bien des choses n’ont pas changé depuis, sinon en pire –, une histoire d’amitié contrariée, et la relation complexe entre un père qui veut trop bien faire et un fils rêvant de liberté.

M.P.

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Numéro 77, septembre-octobre 2011

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