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Manifestations du 26 mai

Dans la rue, la colère. Pour les organisateurs : sous les pavés, les urnes.

Mis en ligne le 14 juin 2018 Convergences Politique

Plusieurs dizaines de milliers à Paris, quelques centaines de milliers de personnes dans toute la France pour cette manifestation du 26 mai : des cheminots aux jeunes en colère contre la sélection, des chômeurs et retraités aux salariés de nombreux secteurs, beaucoup avaient saisi cette nouvelle occasion de se retrouver dans la rue pour crier leur ras-le-bol contre les sales coups de Macron et des patrons. Et beaucoup l’ont fait en toute indépendance des calculs politiciens des initiateurs de cette manifestation.

Pour une nouvelle union électorale de la gauche, on repassera…

Et ne pinaillons pas sur les chiffres, car si on est encore loin de cette « marée populaire » qu’annonçait le bluff des organisateurs, ces manifestations ont été un succès. Tant mieux.

Mais derrière les raisons que chacun avait de manifester contre la politique gouvernementale, il y avait tous les calculs politiciens des principaux initiateurs, la France Insoumise en premier. À Marseille, son chef de file Jean-Luc Mélenchon était la vedette de la Cannebière. À Paris, les jeunes étudiants en début de cortège en étaient la partie la plus dynamique, et le cortège de la CGT le plus important ; mais c’est Mélenchon qui là aussi s’en attribue le succès. Il présente cette manifestation, après celle du 5 mai initiée par ses affidés François Ruffin et Frédéric Lordon, comme le point de départ de la « construction d’un front populaire », c’est-à-dire d’une coalition gouvernementale, éventuellement soutenue par les syndicats, dont il serait le chef. C’est-à-dire une nouvelle mouture d’une union de la gauche, avec un éventuel programme commun de gouvernement, adoubée si possible par les syndicats, dans un premier temps, pour les élections européennes, et en vue de « dégager » Macron à la prochaine présidentielle.

Pour la vague d’un « Front populaire », Mélenchon semble encore loin du compte. Et là aussi tant mieux. Car Mitterrand nous avait déjà entonné la chanson. Sans remonter jusqu’à l’année 1936, à laquelle la France Insoumise emprunte la formule, et au « savoir terminer une grève » du chef du Parti communiste de l’époque, Maurice Thorez.

Chacun sa fonction et les luttes seront bien gardées !

Mélenchon croit toutefois avoir marqué un point en entraînant des confédérations syndicales derrière une opération unitaire pilotée par la France Insoumise, et en ralliant tous les partis et associations qui ont bien voulu signer l’appel. Foin désormais de cette concurrence de posture à la tête de la contestation sociale que la presse prêtait volontiers à la FI et à la direction de la CGT. Certes les deux appareils n’ont pas les mêmes intérêts. Et dans l’affaire c’est la CGT qui a les troupes. Mélenchon, lui, n’a même pas un parti. Il dit ne pas vouloir s’en encombrer. Il ne désire, explique-t-il, qu’un « mouvement » derrière lui, se voyant en leader d’un no man’s land de gauche qui le porterait au pouvoir, n’ayant personne d’autre à se mettre sous la dent depuis la faillite du PC et l’émiettement du PS.

Il laisse donc volontiers la contestation sociale, dont là non plus il ne veut surtout pas s’encombrer, aux appareils syndicaux. Peu avant la manifestation du 26 mai, il résumait ainsi sur son blog sa « stratégie en deux mots » : « Seuls les syndicats confédérés unis ont la puissance d’action qui permet d’atteindre les objectifs de la lutte sociale en cours. Notre rôle politique est de les accompagner en soutien puis de porter le sens politique de l’action dans notre programme de gouvernement aux élections. »

L’unité des confédérations syndicales permettrait d’atteindre les objectifs des luttes en cours ? La bonne blague ! Car si nous savons ce que la division syndicale peut avoir de démoralisant pour le gros des travailleurs en lutte et surtout les hésitants, on voit aussi aujourd’hui comment, dans la grève des cheminots, l’unité syndicale nous l’avons bel et bien : mais pour s’opposer à toute lutte sérieuse et s’efforcer de disperser la colère avec les grèves 2 jours sur 5, ces journées d’action chacun son tour.

Selon Mélenchon, donc, c’est aux confédérations syndicales d’être les représentants naturels des travailleurs et de leurs luttes ; à lui et à sa France Insoumise d’en incarner le « débouché politique » dans les élections. Une « bonne séparation » dit-il, qui permettrait, en s’appuyant sur le mécontentement social, de « passer de l’étiage électoral actuel à un niveau majoritaire ».

Chacun sa place et les luttes seront bien gardées. Avec pour seule perspective une nouvelle alternance droite-gauche au pouvoir comme on en a tant connu.

2 juin 2018, Léo BASERLI

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Numéro 120, juin-juillet-août 2018