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DOSSIER : 2008-2018 : La crise, dix ans après ?

Dans la foulée de la crise de 2007-2008 : manifestations, grèves et révolutions arabes

Mis en ligne le 13 novembre 2018 Convergences Économie

Lorsque la crise a éclaté en 2008, il y a eu les nombreuses expulsions de familles populaires américaines, qui se sont retrouvées à la rue. En deux ans et demi, les banques ont saisi 5,5 millions de logements. Il y a eu profusion de sans-abris et profusion de logements vides.

Mais ce sont les populations des pays pauvres qui ont été les premières à payer la crise à cause des fortes augmentations du prix des denrées alimentaires. Avec le retournement du marché immobilier, les capitaux ont cherché de nouveaux débouchés. Et c’est vers les matières premières qu’ils se sont tournés, se livrant à une spéculation de grande ampleur.

Effets de la crise dans les pays pauvres

D’abord sur le pétrole : entre 2000 et 2006, alors que la quantité de pétrole produite avait augmenté de 13 %, les ventes à terme ont augmenté de 260 %, certains titres changeant de main plusieurs fois avant d’atteindre l’acheteur final. Les prix du pétrole ont atteint des sommets, non pas parce que les réserves s’épuisaient, non pas à cause de la hausse de la demande, notamment de la Chine et de l’Inde, ni même seulement parce que les pays producteurs avaient volontairement fermé les vannes pour en tirer un plus grand bénéfice, mais surtout parce qu’une volée de spéculateurs ont provoqué le troisième choc pétrolier, plus fort encore que les deux premiers.

Dès 2007, la spéculation a également gagné d’autres matières premières, et notamment les céréales, qui ont servi de « valeurs refuge », comme on dit dans la finance. Cela a fortement renchéri le coût de la vie, déjà précaire dans bien des pays. Plusieurs pays pauvres ont été le terrain d’affrontements entre la population exigeant des aides pour se nourrir et la police. À Dakar, Abidjan, au Caire, en Haïti, en Indonésie, aux Philippines, au Cameroun, des manifestations ont tourné à l’émeute.

Dans les pays riches

Dans les pays riches, en particulier en France, une nouvelle vague de fermetures d’usines et de suppressions d’emplois a déferlé en 2009. C’était l’époque de la lutte des travailleurs de Continental, Goodyear, New Fabris, Freescale et d’autres. De nombreuses grèves, certes dos au mur, ont eu lieu contre ces licenciements, de même que quelques tentatives de regroupement de ces luttes contre « les patrons voyous et licencieurs ».

Pas d’argent dans les caisses ?

Le plus flagrant dans cette crise, c’est que les gouvernements répétaient depuis des années que les caisses étaient vides, qu’il fallait réduire les services publics, se serrer la ceinture, etc. Un discours déjà contradictoire avec l’augmentation visible des richesses pour les plus riches.

Mais quand la crise a éclaté, les travailleurs ont pu voir le contraste saisissant entre le prétendu manque d’argent pour maintenir les emplois, pour augmenter les salaires, pour construire des logements et ne pas expulser les plus vulnérables, pour entretenir les services publics, et la soudaine débauche de milliards pour sauver les banques. Aux États-Unis, les plans de sauvetage des banques à 700 milliards par-ci, 1 000 milliards par là, se sont enchaînés. En France, Sarkozy annonçait en octobre 2008 un plan de 360 milliards d’euros : 40 milliards pour renforcer les capitaux des banques et 320 milliards sous forme de garanties. En Allemagne, 480 milliards d’euros, en Angleterre, 37 milliards de livres, etc. Au total, les gouvernements européens ont trouvé 1 700 milliards d’euros pour sauver la finance.

D’une crise à l’autre

Pour renflouer les industriels et les banquiers, les États se sont lourdement endettés. Ainsi, les dettes ont explosé entre 2007 et aujourd’hui, y compris dans les pays riches. Mais ces dettes ont changé de main, celles des États ont explosé, mais celles des organismes financiers et des entreprises ont diminué. Les États ont racheté aux banques leurs actifs toxiques et ont ensuite exigé des travailleurs de payer l’addition par l’austérité et les hausses d’impôts.

Ainsi, après la crise des subprimes, il y a eu la crise de la dette, qui a frappé notamment en Europe. La crise de la dette, c’était simplement la socialisation de la crise par les États pour que les riches en sortent indemnes. Et c’est au prétexte de cette dette que l’austérité est imposée depuis dix ans, une austérité qui ne touche que les classes populaires, car les entreprises ont reçu nombre de cadeaux, avec des aides, subventions, crédits d’impôts et attaques contre le droit du travail pour faciliter les licenciements.

Les dettes ont fait voler en éclat la prétendue limite de 3 % de déficit imposée par l’Union européenne. Si les principales puissances européennes ont envoyé balader leur propre règle, elles n’en ont pas moins exigé des petits États comme la Grèce de la respecter. Au nom des 3 % de déficit, un pillage en règle a été organisé par l’impérialisme.

Pas étonnant donc, que certains se soient révoltés

Par la suite, il y a eu nombre de protestations contre les conséquences de la crise. Il y a eu les révolutions arabes, en Tunisie, en Égypte, en Syrie et ailleurs : des révoltes massives, politiques mais dont les racines étaient sociales ; qui ont donné lieu à une onde de protestations. En Espagne et en Grèce avec les indignés. Aux USA, avec Occupy Wall Street : durant deux mois, la jeunesse américaine révoltée a occupé le haut lieu de la finance, à New York, avec des manifestations regroupant plus de 10 000 personnes, pour exiger le démantèlement des banques, protester contre le 1 % le plus riche, sous le slogan « We are the 99 % ».

Il ne s’agit pas, évidemment, d’établir un parfait déterminisme entre crises économiques et explosions ou mouvements sociaux. Ce serait trop simple. Mais quand les exploiteurs tentent de faire payer leurs crises aux travailleurs, cela va rarement sans réaction. Impossible, en ce centenaire de la fin de la guerre de 1914-1918, de ne pas rappeler que cette première grande crise du monde impérialiste, qui a vu les grands groupes capitalistes et leurs États régler leurs rivalités sur les champs de bataille du monde entier avec la peau des travailleurs, s’est tout de même conclue par la révolution russe et une vague révolutionnaire en Europe. 

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Numéro 122, novembre 2018

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