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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 17, septembre-octobre 2001

Editorial

Contre le terrorisme, non à l’union sacrée

Mis en ligne le 22 septembre 2001 Convergences Politique

Les terroristes criminels qui ont monté l’attaque contre le World Trade Center ont surtout démontré une nouvelle fois comment l’indignation légitime contre le crime et la compassion pour les victimes peuvent être utilisées par d’autres criminels.

Certes il est compréhensible que le premier sentiment des Américains ait été celui de la solidarité avec ceux qui ont été ensevelis sous les décombres des Tours jumelles. De même celui du monde entier avec le peuple américain ainsi frappé. Dans ces circonstances même la haine envers les auteurs d’un tel carnage, qui visait ostensiblement et indistinctement la population d’une ville, et l’envie que justice soit faite sont parfaitement justifiées. Beaucoup moins la façon dont le gouvernement américain entend bien faire servir les sentiments de ses compatriotes comme du reste du monde à ses fins.

Les dirigeants de la superpuissance impérialiste ne portent, en effet, pas moins de responsabilités dans l’attentat qui a coûté la vie à des milliers d’Américains, que les instigateurs de celui-là, quels qu’ils soient.

Responsabilités directes puisque, on ne peut plus l’ignorer maintenant, Oussama Ben Laden, le « cerveau »selon les propres dires de Bush et consorts (ce qui est loin d’être établi au moment où nous écrivons), a été formé et ses réseaux financés par la CIA. Nul besoin donc d’aller chercher dans le Coran l’inspiration qui l’a guidé. L’exemple de la mafia des services secrets à laquelle il a appartenu, de ses coups tordus aux quatre coins du monde et surtout de son mépris absolu pour les vies humaines, qu’elles soient amies ou ennemies d’ailleurs, suffirait.

Responsabilités indirectes, mais combien plus pesantes encore, de l’impérialisme américain qui par ses interventions militaires et sa mise en coupe réglée de régions entières s’est attiré les haines inexpiables des populations, en particulier au Moyen Orient et dans le monde musulman. Les gens prêts à sacrifier leur vie comme à ne faire aucun cas de celles des autres, soldats ou civils, responsables ou innocents, du moment qu’ils sont américains ou israéliens, ne sont pas les produits de la folie meurtrière d’un mollah mystico-mafieux mais ceux de l’oppression impérialiste.

La croisade impérialiste

C’est bien pourquoi il ne doit pas être question pour les travailleurs, américains mais aussi européens, de marcher dans la croisade que nous prêchent aujourd’hui les dirigeants américains, et à laquelle se joindront sans doute demain sans plus aucune réticence les dirigeants français de gauche ou de droite. Car si ceux-ci font mine de mettre des conditions à leur engagement aux côtés des Etats-Unis, la solidarité affichée envers Bush comme leurs discours calqués sur les siens ne peuvent laisser aucun doute sur leur attitude au moment où il faudra choisir son camp.

Ce n’est ni en bombardant ou envahissant l’Afghanistan, l’Irak ou tel autre pays qu’on éradiquera la menace terroriste qui pèse sur le monde, y compris sur les pays occidentaux. Cela ne fera que créer de nouvelles victimes et de nouvelles misères et donc de nouvelles vocations terroristes, toujours plus désespérées. S’il en fallait la preuve la répression israélienne en Palestine l’apporte, qui ne fait que faire naître de nouveaux volontaires de la mort palestiniens et conforte toujours plus les mouvements islamistes réactionnaires. C’est le terreau sur lequel prospère le terrorisme qu’il faut supprimer, la domination impérialiste sur le monde avec son cortège d’exploitation, d’oppression, d’humiliation et de misère. C’est à cela que les travailleurs de tous les pays doivent consacrer leurs efforts, et surtout pas à les joindre à ceux de leurs propres exploiteurs.

Pour nous dissuader de tomber dans le piège que nous tendent les gouvernements occidentaux et de marcher dans les discours patriotiques et l’union sacrée derrière Bush et compagnie, il suffit d’ailleurs de regarder l’attitude des possédants et des capitalistes. Et de voir qui serait trompé par la propagande des gouvernements.

Derrière le déluge du patriotisme

Oh, la réouverture de Wall Street, après l’attentat, s’est faite au milieu des drapeaux tricolores et de l’hymne national. Mais malgré l’appel au patriotisme des investisseurs par tous les ministres, et une fois chanté le « God bless America » par les traders qui avaient cousu la bannière étoilée sur leur costume trois pièces, les boursicoteurs ont montré leurs vrais sentiments : mettre leur argent à l’abri, tant pis pour la santé économique de l’Amérique. Et de provoquer la dégringolade des actions, dégringolade prévue d’ailleurs et commencée bien avant l’attentat, et d’enfoncer un peu plus le pays dans la crise. Autant pour le patriotisme !

Et même chose pour les compagnies aériennes. Leurs avions n’étaient pas cloués au sol depuis un jour ou deux qu’elles réclamaient déjà au gouvernement des dizaines de milliards de dollars de subvention… tout en décidant de licencier des dizaines de milliers de travailleurs. Voilà l’union sacrée telle qu’elle est comprise par les capitalistes : sauver les profits des actionnaires, faire payer les travailleurs.

Oui, si les classes ouvrières des Etats-Unis, de France, d’Europe ou d’ailleurs acceptaient l’union sacrée que proposent les gouvernements, sous couleur de lutter contre le terrorisme, elles auraient à n’en pas douter à s’en repentir amèrement.

Non seulement ce sont elles qui supporteraient le prix de l’éventuelle intervention militaire par la mort de certains de leurs fils engagés (n’oublions pas qu’au Vietnam le gros des victimes américaines vint des classes pauvres et des minorités ethniques) et en tout cas par la démoralisation qu’entraîne forcément le fait de laisser son gouvernement mener une politique terroriste contre un autre peuple.

Mais de plus, par là, elles se livreraient d’avance poings et pieds liés à la volonté des capitalistes de leur faire payer la récession qui s’annonçait bien avant les attentats. Les plans de licenciements, aux Etats-Unis comme en Europe et en France, l’augmentation du chômage, le gel des salaires, tout cela a recommencé il y a déjà des mois. Quel meilleur prétexte qu’une guerre, courte ou longue, pour imposer une nouvelle austérité et de nouveaux sacrifices aux plus pauvres ?

Ce n’est pas aux travailleurs de payer ni la guerre ni la crise.

Non à l’intervention militaire.

Non à toute politique d’austérité.

Le 22 septembre 2001

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