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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 73, janvier-février 2011

Congrès du NPA : quels enjeux ?

Mis en ligne le 29 janvier 2011 Convergences Politique

Le NPA, on le sait, est composé de militants et adhérents rassemblés dans une même aspiration : lutter contre les méfaits du capitalisme pour se débarrasser de celui-ci. Mais divisés sur les voies et les moyens pour parvenir à ce but.

Il y a deux ans, le congrès fondateur avait surmonté ambiguïtés et contradictions entre tendances en polissant soigneusement quelques formulations, le « socialisme du XXI° siècle » ou « la transformation révolutionnaire de la société » par exemple, sous lesquelles chacun a pu mettre ses conceptions particulières. Il est certain qu’il serait bien vain de définir précisément d’avance comment et dans quelles conditions peut se produire le renversement du capitalisme ou la construction d’une société socialiste et communiste. Mais mettre de côté les leçons de 150 ans de mouvement ouvrier et révolutionnaire et de ses luttes, ses succès et ses échecs, pour occulter des problèmes ou des oppositions qui resurgiront de toute façon à un moment ou à un autre, et prétendre tout réinventer, sous prétexte de changement de siècle ou de transformation du capitalisme, est une tout autre méthode, dont la justification reste à démontrer.

Le NPA n’a évidemment pas changé de nature. Ces deux ans n’ont pas donné, semble-t-il, de raisons d’abandonner analyses ou objectifs à court comme à long terme des uns ou des autres. Prenons en donc notre parti : il n’y a que les succès et les échecs des luttes, petites ou grandes, dans ce pays ou dans le monde, qui peut amener un parti comme le NPA, et ses multiples groupes, tendances et sensibilités, à trancher ou se convaincre de quelle voie est la bonne.

Malgré certaines ambitions annoncées lors de la fondation, les enjeux du prochain congrès qui doit se tenir les 11, 12 et 13 février se borneront à définir une orientation pour la période qui vient, qui puisse concilier les différentes sensibilités sans les paralyser. Ce n’est pas rien. D’autant plus que ce congrès est aussi pour chaque militant l’occasion d’évaluer plus précisément dans quelle direction les différentes tendances entendent peser, avec quelles forces, et quelles politiques elles entendent proposer au parti, voire mener par elles-mêmes.

Aucun débat essentiel ne sera donc clos par ce congrès quitte à ce que le NPA continue d’apparaître toujours hétéroclite dans ses activités comme dans sa politique. Non seulement il existe souvent bien des divergences parmi les partisans de chacune des différentes plateformes. Mais surtout il est exclu que même celle qui pourrait être majoritaire à elle seule, s’il y en a une, impose ses orientations aux autres, à moins de vouloir se débarrasser de tendances, groupes et sensibilités minoritaires, ce qui serait de fait sonner la fin du NPA.

Cette situation, qui n’a pas que des inconvénients, est sans doute inévitable dans la première étape de cette tentative de regrouper jeunes et travailleurs qui aspirent à une autre société, à un moment où l’extrême gauche reste faible et morcelée (en fait morcelée parce que faible). La Fraction L’Étincelle entend donc continuer à militer avec et dans le NPA, sans se renier mais en toute loyauté comme en toute transparence, comme nous l’expliquions dans la lettre adressée au CE et au CPN en octobre dernier que nous publions ci-contre.

Les leçons de l’histoire immédiate

Cela ne signifie pas bien entendu que nous renonçons à combattre au sein du NPA comme dans l’extrême gauche toute entière pour qu’au moins les enseignements soient tirés du bilan des deux ans écoulés. Ce congrès devrait en être l’occasion, qui se déroule quelques mois après la mobilisation contre la réforme des retraites en France ; au moment même où les travailleurs, les jeunes et les pauvres de Tunisie en chassant Ben Ali ont, nous pouvons l’espérer, donné le signal d’une véritable révolution de l’autre côté de la Méditerranée ; mais aussi à quelques mois d’une année 2012 qui risque d’être envahie, voire polluée, par les seules préoccupations électorales.

Les élections dans un pays comme la France et pour un parti comme le NPA, qui s’est constitué sur un succès électoral de l’extrême gauche (mais aussi sur les illusions créées par ce succès), peuvent être une occasion à ne pas rater. Il n’en demeure pas moins que c’est l’intervention directe des classes populaires qui seule peut être décisive dans la lutte des classes, pour forcer des changements sociaux ou politiques de taille et donc a fortiori imposer des défaites décisives au capitalisme, à plus forte raison le renverser. Il n’est pas question de renoncer à se présenter aux élections, quand il n’y a pas mieux à faire et à condition de s’en servir pour la seule défense des intérêts des travailleurs et des classes populaires. Mais le rôle du NPA devrait être avant tout d’intervenir dans les luttes pour aider à ce qu’elles aillent jusqu’au bout de leurs possibilités objectives.

Encore faut-il, pour qu’il puisse remplir ce rôle, que le NPA représente quelque chose aux yeux de ces classes populaires, ait de l’influence auprès d’elles grâce à ses militants en leur sein. Le mouvement de septembre et octobre 2010 a malheureusement démontré, a contrario, que le NPA n’a pu jouer de rôle, sauf ici ou là à l’échelle locale, faute d’implantation dans les secteurs décisifs de la classe ouvrière de l’industrie ou du salariat en général. Si nous voulons changer cela, être à la hauteur de nos prétentions, il n’y a pas d’autre moyen que de se donner comme priorité l’objectif de cette implantation dans le monde du travail, pas seulement sans doute dans les entreprises mais d’abord quand même dans les entreprises… et d’adapter partout nos efforts et nos activités, dans les quartiers ou dans la jeunesse, en fonction de cette priorité.

Ce n’est pas ce début de la révolution en Tunisie, avec l’irruption des classes populaires sur la scène politique décidant de la fin d’un régime qui semblait inébranlable, qui peut nous démentir. Imagine-t-on la possibilité là-bas du moindre rôle pour un parti révolutionnaire, ou même simplement anticapitaliste, qui n’aura su d’abord se lier aux travailleurs et aux classes pauvres et pas aux appareils politiques ou syndicaux qui se prétendent aujourd’hui, sincèrement ou opportunément, démocrates.

C’est l’autre volet de cette orientation : la nécessité de l’indépendance réelle du NPA par rapport aux partis de gauche et aux appareils syndicaux. Et une indépendance réelle, pas seulement proclamée. L’unité et les alliances formelles avec ces appareils sont parfois justifiées et nécessaires. Elles ne peuvent être que dans l’action, circonstancielles, sur des points et à des moments précis, sans engager l’avenir, même immédiat, sur lequel ces partis n’offrent aucune garantie, et certainement pas par leurs seules déclarations d’intention. Là encore ce n’est pas seulement tout le passé mais l’histoire immédiate qui nous l’enseigne. Quelle unité autre que dans l’action, dans les grèves et dans la rue lors des journées d’action, fallait-il préconiser avec ou derrière les confédérations syndicales, même lorsque un court instant elles ont impulsé le mouvement de l’automne dans le sens que souhaitaient les travailleurs ? Ou encore, aujourd’hui même, avec ou derrière les partis ou les syndicats de l’ex-opposition tunisienne dont une bonne partie, à peine Ben Ali chassé, acceptent de former un gouvernement avec les bénalistes du RCD ? Heureusement que les pauvres et les jeunes Tunisiens ne semblent pas se laisser prendre à la prétendue nécessité de l’unité, même sous prétexte de « période de transition » ou que ce serait le seul « débouché politique » imaginable pour le moment.

Ces orientations sont le plus clairement exprimées dans la plateforme 2. Les militants de la Fraction L’Étincelle la défendent dans les débats préparatoires comme au congrès lui-même. Mais c’est avec le plus grand nombre des militants NPA, quelle que soit la plateforme à laquelle aura été leur vote, qu’ils espèrent bien pouvoir contribuer à les mettre en œuvre.

Le 24 janvier 2011

Jacques MORAND


Lettre de la Fraction l’Étincelle au CPN et au CE du NPA

Chers camarades,

La Fraction L’Étincelle avait répondu « chiche » à l’appel à construire un nouveau parti anticapitaliste lancé par la LCR. Depuis nous avons participé aux débats relatifs à la création et à la construction du NPA (lors du congrès de fondation par exemple), puis à la discussion de ses orientations et de sa politique ces deux dernières années (autour de la participation aux élections européennes ou régionales, autre exemple). De nombreuses contributions écrites ainsi que les interventions orales de nos représentants observateurs au comité d’animation provisoire avant février 2009 et au CPN depuis, en témoignent. Aujourd’hui la grosse majorité des militants de la Fraction est membre du NPA et appartient à un de ses comités.

C’est donc bien à juste titre que nous nous considérons comme un courant du NPA, parmi tant d’autres.

Nous le sommes par notre participation aux débats. Nous le sommes aussi par notre participation concrète aux activités du NPA en direction des lieux de travail et à ses interventions dans les luttes.

La Fraction en effet, comme vous le savez, s’est donné cette orientation pour priorité. Nous pensons qu’un petit groupe se doit d’établir des priorités et choisir parmi toutes les tâches qui sont celles du mouvement révolutionnaire, faute de quoi il risque fort de n’en accomplir vraiment aucune. Nous pensons même que, au point où en est le mouvement révolutionnaire dans ce pays, c’est ce mouvement tout entier qui devrait se donner cette priorité d’implantation dans les milieux prolétariens. Ainsi depuis deux ans, outre la publication de notre propre presse d’entreprise sous le titre de L’Étincelle, nous participons à la publication de bulletins d’entreprise NPA (et même en sommes à l’origine dans un certain nombre de cas) là où nous avons rencontré d’autres camarades du NPA prêts à s’y atteler. De même dans les luttes, petites ou grandes, où nos camarades interviennent aux côtés d’autres camarades du NPA nous nous sommes systématiquement efforcés de coordonner cette intervention avec eux. Aujourd’hui, en plein mouvement contre la « réforme » des retraites, en accord sur une orientation fondamentale, en dépit parfois des nuances de détail et de tactique, c’est à l’unisson et en liaison avec les autres camarades du NPA que nous prônons, défendons et essayons de construire le mouvement d’ensemble et la grève générale.

Dressant ce bilan de deux ans et en vue du prochain congrès du parti, nous proposons donc, comme beaucoup d’entre vous nous l’avez suggéré à de nombreuses reprises, que la Fraction L’Étincelle passe le l’état de groupe observateur « actif » à celui de membre à part entière du NPA, parti qui reconnaît dans ses statuts le droit de tendance et de fraction.

Cette adhésion ne signifie pas adhésion automatique à toute la politique et l’orientation du parti, passée, présente ou à venir. Mais elle signifie notre volonté de participer ensemble à la définition de ses orientations et de sa politique ainsi que la volonté de surmonter ensemble à court ou à long terme les différences. Et nous sommes bien conscients qu’elles sont nombreuses non seulement avec nous mais tout autant entre les différents groupes et courants qui composent le parti. C’est d’ailleurs normal pour un parti encore en construction et qui s’est donné pour but de rassembler tous ceux, fort divers, qui entendent se situer sous la bannière anticapitaliste.

Lors du congrès fondateur nous nous étions prononcés pour un parti s’affirmant révolutionnaire nettement et sans ambiguïté. C’est toujours notre position aujourd’hui. Nous sommes ouvertement et clairement communistes révolutionnaires, marxistes, trotskystes. Mais nous sommes bien conscients de faire partie d’un NPA où se côtoient révolutionnaires et réformistes radicaux, ou d’autres qui n’ont pas choisi, marxistes et non marxistes, trotskystes et non trotskystes. Nous acceptons cette situation, qui ne rend certes pas facile ni immédiate la définition d’une politique commune, mais en sachant que, partant de la situation actuelle, seule l’expérience des luttes et les débats entre toutes ces tendances peuvent permettre à la longue de se convaincre, d’élaborer et de trancher du programme et de l’orientation qui mèneront au renversement du capitalisme.

En conclusion nous demandons l’intégration de la Fraction L’Étincelle, groupe communiste révolutionnaire, au sein du NPA.

À l’instar de tout adhérent du parti, individuellement, ses membres appartiendront à un comité du NPA (local ou, préférence de notre part, d’entreprise).

Par ailleurs la Fraction maintiendra, en toute transparence vis-à-vis de la direction du parti comme de ses adhérents, les structures qu’elle juge nécessaires à son fonctionnement (AG, cellules, secrétariat ou bureau), ces structures étant ouvertes à la direction ou aux camarades du NPA qui souhaiteraient y participer.

La Fraction conservera la possibilité de ses expressions propres, revue politique, site internet, presse d’entreprise. Pour cette dernière l’objectif est de surmonter les différences politiques et organisationnelles afin de la publier à terme en commun avec tous les camarades qui militent dans l’entreprise ou en sa direction.

Sans avoir d’exigence a priori en ce domaine, la Fraction pourra avoir des représentants dans les différentes instances dirigeantes, proportionnellement à ses forces militantes.

Voilà, chers camarades, la proposition que nous vous faisons, en espérant une réponse rapide et positive de votre part, surtout si, comme nous le supposons, le prochain congrès doit se prononcer.

Fraternelles salutations,

Le 25 octobre 2010

Le bureau de la Fraction l’Étincelle

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