Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 108, novembre 2016 > Police, justice, prisons...

Police, justice, prisons...

Cette « machine à broyer les hommes », selon Victor Serge

Mis en ligne le 10 novembre 2016 Convergences Culture

L’écrivain révolutionnaire Victor Serge (1890-1947), auquel son militantisme anarchiste puis trotskyste ont valu de passer dix ans de sa vie en prison – entre autres quatre en France au moment de la première guerre mondiale –, en a témoigné dans un ouvrage d’environ 150 pages écrit en 1930, « Les hommes dans la prison » (réédité par Climats et Flammarion en 2011). Meule ou machine à broyer les hommes, crasse séculaire des prisons françaises, le livre n’a quasiment pas pris une ride, pour la précision des détails comme la richesse des sentiments.

Quelques menus extraits :

« Arrestation

Tous les hommes qui ont vraiment connu la prison savent qu’elle peut étendre son accablante emprise bien au-delà de ses murailles matérielles. (…) Cette minute glaciale est celle de l’arrestation. (…) J’ai vécu plusieurs fois cette minute…

(…)

Le Dépôt

… L’incarcération débute par la fouille. Cravate, col, ceinture, bretelles, lacets de chaussure, canif, tout ce qui pourrait, par une strangulation ou une blessure secrète, soustraire un désespéré à la loi ; papiers, calepin, lettres, photographies, tout ce qui renseigne sur un homme, les nombreuses petites choses qui s’agrègent à sa vie intime, tout est enlevé. (…) Les habits lâches, insuffisamment retenus, entravent les mouvements. Les chaussures ouvertes bâillent. On est fripé des pieds à la tête.

…le mensuré échoue devant l’objectif du photographe. Les mêmes mains indifférentes lui relèvent le menton, lui appuient l’occiput sur un support métallique, lui accrochent sur la poitrine une plaque portant un numéro. Une lumière violente l’effare et l’opérateur appuie sur le déclic. Photographie d’épaves. (…) Les formalités se succèdent (…) On passe à la toise ; d’énormes registres verts maniés à deux mains s’ouvrent pour enregistrer chaque épave. Signez ! L’épave, indifférente, signe.

(…)

Rencontres

Aussi complet qu’on veuille l’isolement, des communications finissent par s’établir entre encellulés. On fait des rencontres, on entrevoit en se rendant à la promenade des voisins (…) Des sympathies naissent, des correspondances se nouent… »

36 chapitres au total, abordant tous les aspects, concrets voire triviaux ou psychologiques, du cauchemar carcéral.

Mots-clés : |

Imprimer Imprimer cet article

Abonnez-vous à Convergences révolutionnaires !

Numéro 108, novembre 2016

Mots-clés