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Cash Investigation : Déchets, la grande illusion

À voir en replay sur france.tv jusqu’au 12 août 2022

19 novembre 2021 Article Économie

Cette émission d’Élise Lucet plonge la tête dans les ordures, et dans les petits calculs des professionnels du recyclage pour se faire passer pour plus écologiques qu’ils ne le sont. Le Syctom, le syndicat mixte chargé du traitement des déchets ménagers dans l’agglomération parisienne, est ainsi épinglé pour annoncer un taux de recyclage de 31 % alors qu’il serait en réalité deux fois moindre.

Cet écart vient de l’ambigüité entre recyclage et valorisation des déchets. Dans le second cas, on parle en réalité d’incinération, soit le fait de brûler les ordures pour produire de l’énergie. Celles-ci une fois calcinées, il n’en reste que des mâchefers qui servent pour construire les routes. On n’est pas vraiment dans le pot de yaourt qui se réincarne en jouet pour enfant [1].

Les conditions de travail dans les centres de recyclage du géant Paprec sont également dénoncées. Les gants trop fragiles, le mal de dos, les poussières étouffantes… La communication patronale sur le taux de satisfaction des salariés – avec des pourcentages à faire réélire des dictateurs africains – est battue en brèche par le fait que les intérimaires ne participent pas à ce questionnaire de satisfaction. Et le grand patron de Paprec de reconnaître, les mains dans les poches, qu’il utilise l’intérim comme une manière de tester la résistance de la main-d’œuvre, ce qui est totalement illégal. Mais « si c’est illégal, il faut qu’on soit condamné », lâche-t-il alors dans un grand sourire : il se sait impuni.

On est plus dubitatif devant les préconisations de l’équipe d’Élise Lucet. Elle encense la ville de Besançon qui a mis en place la « redevance incitative » : cette redevance sert à financer l’ensemble des coûts de service de collecte et de traitement des déchets ainsi que la gestion des apports en déchetterie et est modulée en fonction du poids de la poubelle. C’est le principe de la taxe carbone appliquée aux déchets, on fait payer ceux qui utilisent les produits en bout de chaîne et pas ceux qui les fabriquent.

Dans la même veine, l’émission se clôt par un appel à la modération : produisez moins de déchets ! Mais à qui Élise Lucet s’adresse-t-elle ? Oui, il faut étriller ceux qui transforment les tas d’ordures en liasses de billets par l’exploitation du travail, mais ce n’est pas en culpabilisant ceux qui n’ont aucune marge de manœuvre que l’on réduira la masse de déchets dont on ne sait pas quoi faire. L’émission n’égratigne d’ailleurs aucun des géants de la pétrochimie ou de l’agroalimentaire, ceux qui abusent du plastique et des emballages. Dommage.

Bastien Thomas


[1L’émission rappelle d’ailleurs que seuls 3 % des pots de yaourt sont recyclés.

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