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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 66, novembre-décembre 2009 > DISCUSSION

DISCUSSION

Campagne anti-licenciements : l’arlésienne ?

Mis en ligne le 30 novembre 2009 Convergences Politique

Ce texte a été soumis à la discussion du NPA pour le Conseil Politique National des 7 et 8 novembre derniers.


Cette campagne, la Cilt l’avait à juste titre proposée au CPN de juin, pour la rentrée de septembre.

Entre-temps, la déferlante des licenciements a continué. D’une certaine façon, sans attendre notre campagne, bon nombre de travailleurs directement concernés l’ont lancée avec un certain fracas : après ceux de Continental ou de Goodyear, ceux de New Fabris, Freescale et bien d’autres (dont la grève actuelle des travailleurs sans papiers, touchant particulièrement les intérimaires). Pour le NPA, c’était le moment où jamais de faire de cette campagne une priorité immédiate en l’axant essentiellement sur la convergence des luttes et les moyens d’y parvenir. Car le problème de l’heure n’est pas tant l’absence de combativité de la part des salariés face aux licenciements, ni le fait qu’ils n’auraient pas conscience de leur bon droit face au patronat, que la multiplication des conflits, souvent durs et déterminés, mais isolés les uns des autres. C’est l’émiettement de ces conflits, où les travailleurs se sentent littéralement abandonnés par les instances syndicales nationales et confrontés non pas même à l’inertie, mais à la volonté des principales confédérations de s’opposer à la coordination de leurs luttes.

Or voilà que notre campagne n’a toujours pas commencé, pour laisser la place à une autre priorité… les tractations « unitaires » en vue des régionales sur un programme où nous avons déjà gommé, entre autres, l’interdiction des licenciements ! Tant et si bien que ce CPN a tout bonnement supprimé de son ordre du jour la situation sociale, et ladite campagne ! Si la politique d’un parti comme le NPA se juge à ses priorités, il y a de quoi s’interroger.

Dans le même temps, le contenu de cette campagne (encore toute théorique) a lui aussi évolué, comme s’il fallait qu’elle s’inscrive dans celle des régionales sur un axe acceptable par nos éventuels partenaires « à la gauche du PS ». En témoigne le misérabilisme des affiches « C.possible », qui incitent plus au « rêve » qu’à la lutte.

La campagne « contre les licenciements » initialemnt proposée par la Cilt a d’abord été édulcorée en « campagne pour l’emploi  » (CPN de juin dernier), puis « pour le droit à l’emploi » (CPN de septembre).

Argumentaire de TEAN du 10 septembre : « Le droit de licencier doit être supprimé. En cas de diminution de la production, le temps de travail doit être réduit… » et plus loin, « la précarité… doit être interdite (…) L’intérim… doit être interdit… », « L’emploi est un droit qui doit être garanti ». Le droit de… doit être…, doit être encore… Par qui ? Comment ? Par l’obtention d’une loi parlementaire ? Ne vaudrait-il pas mieux argumenter sur la façon dont les travailleurs peuvent, dans le contexte actuel, se donner les moyens d’interdire les licenciements ?

Pire, sous la rubrique Interdire les licenciements (saluons l’intitulé), on trouve une curieuse argumentation (reprise dans la résolution du CPN de septembre) peu en rapport avec le sous-titre : « Il faut reporter la responsabilité totale d’une suppression de poste de salarié sur le patronat qui se décharge de ses responsabilités. Un fonds de financement mutualisé, à la charge du patronat, doit, dans tous les cas, permettre le maintien des salaires… ». Une bonne caisse de chômage, en somme, comme s’en contenterait la CGT. Et puis, responsabiliser le patronat ! Comme si les exploités devaient s’en remettre à la responsabilité des patrons ! Mauvais début comme appel à la révolte. Responsabiliser le patronat, donc, grâce à une loi ? Qui le contraindrait à mutualiser ses bénéfices au profit des travailleurs ? Pour le coup, voilà un programme pour « le droit à l’emploi » propre à satisfaire sans trop de réticences des interlocuteurs parfaitement respectueux du système capitaliste, toujours prêts à demander des droits nouveaux … mais pas prêts à organiser la lutte pour les imposer.

Une bonne part du contenu de cette campagne vise plus, semble-t-il, à convaincre « d’un choix de société » (comme diraient tout aussi bien Marie-George Buffet que Jean-Luc Mélenchon, voire d’autres…), qu’à « légitimer » et « crédibiliser » auprès des travailleurs la nécessité de faire converger les luttes et résistances en cours.

Décidément, il serait temps d’inverser nos priorités et de recaler notre campagne contre les licenciements, tant dans son contenu que son timing, sur la lutte de classe.

Huguette Chevireau, pour la Fraction L’Étincelle de Lutte ouvrière

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