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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 19, janvier-février 2002

Berlin (Allemagne) : Le « Parti du socialisme démocratique » entre au gouvernement

Mis en ligne le 1er février 2002 Convergences Monde

Après plus de deux mois de tractations pour la constitution du nouveau Sénat de Berlin, un accord de gouvernement (de la ville) vient d’être conclu entre le SPD et le PDS, issu partiellement de l’ancien parti dirigeant de l’ex-RDA. Il donne à ce dernier trois ministères sur les quatre qu’il réclamait (Santé et affaires sociales, Sciences et culture, Economie, travail et femmes) [1]. L’accord contient également un préambule où le PDS « dénonce » les crimes de l’ancienne RDA, la répression contre les opposants et la construction du mur. Aux sociaux-démocrates, aucun compte n’est demandé pour les assassinats de Rosa Luxembourg, Karl Liebknecht et d’autres, qui se commémorent sous peu !

Le PDS avait mené campagne sur la vocation de son parti à gouverner, dans une Allemagne où il garde une certaine odeur de soufre. Ce qui explique certainement que le SPD a d’abord fait mine de chercher une coalition avec les Verts et le FDP.

Un SPD rodé à l’austérité anti-ouvrière... et un PDS qui y est prêt

Le SPD berlinois a pu tirer son épingle du jeu électoral, parce que la banqueroute des finances publiques a été portée au débit de la CDU. Mais lui aussi a participé, pendant des années, au Sénat de « grande coalition » (alliance CDU/SPD). Lui aussi a décidé les restrictions budgétaires dont les travailleurs et les plus pauvres de Berlin payent le prix fort (fermeture de crèches et d’hôpitaux, augmentations successives des prix des transports urbains). Le « trou » dans le budget de la ville n’est pas pour autant comblé et des mesures d’économie encore plus sévères sont annoncées.

Les dirigeants du PDS sont tout à leur bonheur de sortir du ghetto politique. Gregor Gysi qui conduisait la liste pour le Sénat de Berlin et Harald Wolf qui dirige la fraction parlementaire, avaient largement exprimé leur volonté d’accéder à la respectabilité gouvernementale ! A n’importe quel prix. Et ne contestent pas le programme de nouvelles coupes claires. Au contraire. Wolf a expliqué dans une interview : « Nous avons intérêt, par-delà les 15 000 suppressions d’emplois programmées, à économiser encore (…) On peut imaginer des réductions du temps de travail, avec grille de réduction des salaires correspondante. » Le dirigeant du PDS régional a, de son côté, annoncé des « mesures draconiennes », qui « vont faire mal ».

Un contrat de coalition, contre la population

Point central de la politique annoncée : une économie de 2,1 milliards de DM sur les services publics d’ici à 2006, réalisée pour moitié par la suppression d’au moins 15 000 emplois et des restrictions salariales ou la fermeture de 13 piscines ; mais aussi la vente/privatisation de biens de la ville et la poursuite des travaux de l’aéroport de Schönefeld auxquels le PDS s’était jusqu’alors opposé.

Il s’agit d’économiser encore sur le dos des travailleurs et des sans ressources. Pas le moindre sacrifice n’est demandé aux patrons et banquiers, qui puisent pourtant à pleines mains dans les finances publiques. Berlin verse 11 millions quotidiennement, d’intérêts de sa dette de 78 milliards de DM.

Le PDS, partisan sans complexes du capitalisme

Le PDS avoue sa prédilection pour l’économie de marché capitaliste. Lorsque certains demandent à Gysi si sa participation au gouvernement ne pourrait pas faire fuir les investisseurs, il cite Siemens entre autres, qui investit en Chine sans être effarouché par la couleur du gouvernement ! Le « socialisme démocratique » à la sauce PDS et le capitalisme sont tout sauf antagoniques pour Gysi.

Le grand syndicat fusionné des services publics a annoncé des protestations contre les mesures d’austérité. Autre chose que des rodomontades de sa direction ? La bureaucratie syndicale est trop étroitement liée au SPD et au PDS pour mettre le nouveau Sénat en sérieuse difficulté. L’avenir va donc dépendre des réactions des travailleuses et travailleurs de la ville, des habitants des milieux populaires, en particulier les plus mal lotis de l’Est.

C’est au pied du mur qu’on voit le maçon. Mais même sans mur, on va voir Gysi et les siens à l’œuvre !

Tonio ROBERT


[1Des élections en octobre avaient sanctionné le discrédit de l’ancien maire CDU, démissionnaire à la suite de scandales financiers et donné une majorité à la gauche. Dont 29,7 % aux sociaux-démocrates (SPD) dirigés par le futur maire Klaus Wowereit et 22,6 % sur l’ensemble de la ville mais 47 % à Berlin-Est aux « communistes rénovés » du PDS. Les Verts faisant un score estimé mauvais de 9,1 %.

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