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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 124, janvier-février 2019 > Gilets jaunes, la lutte continue

Gilets jaunes, la lutte continue

Aventure sous gilets jaunes en Alsace

Mis en ligne le 5 février 2019 Convergences Politique

Après quelques contacts pris le 24 novembre lors de notre première participation à une action de Gilets jaunes, notre expérience a vraiment commencé avec l’Acte III, le 1er décembre 2018 : dans la manifestation, nous avions, en tant qu’étudiants et salariés favorables à la lutte (quelques cheminots, hospitaliers et enseignants), animé un premier rassemblement improvisé pour décider collectivement de la suite de la manif – dans l’objectif d’une jonction avec celle de la CGT, ce qui s’est finalement fait. Nous avons alors lancé sur les réseaux sociaux, pour le samedi suivant, l’initiative d’une assemblée : 350 Gilets jaunes étaient au rendez-vous. Prises de parole sur la grève SNCF du printemps, sur le « tous ensemble » nécessaire, sur les revendications, sur la façon de s’organiser : « On n’est pas tous d’accord, mais si on décide tous ensemble de ce qu’on fait, on fera les choses tous ensemble. » Se trouvaient là quelques petits entrepreneurs, artisans, mais une grande majorité de salariés en galère et, comme partout, beaucoup de femmes.

Proposition de structuration pour l’action

Nous ne sommes pas intervenus plus que les autres mais nos prises de parole ont fait mouche et on nous a demandé de parler devant des micros, d’être porte-parole... En retour, nous avons systématiquement encouragé les autres à le faire. Ainsi, de fil en aiguille, nous avons trouvé notre place parmi les organisateurs de ce qui est devenu le QG (ou Quartier général) République : une assemblée désormais régulière, le samedi avant les départs en manif. L’appellation vient de ce que l’Alsace (Bas-Rhin et Haut-Rhin) s’est trouvée partagée en 25 QG... avec à leur tête des chefs – hommes ou femmes restés mal identifiés –, car cette organisation s’est faite essentiellement sur les réseaux sociaux : infos, vidéos, rendez-vous de manifestations ou « événements ». Mais le mouvement ne se limite à cette existence numérique : il y a une vraie vie en jaune sur des ronds-points et pour les manifs du samedi. Avec une coordination entre villes pour que ça tourne : Colmar, Strasbourg, le 19 janvier Belfort : un rassemblement de plus de 3 000 personnes, une franche réussite. Et, pour le 2 février à venir, à nouveau un rendez-vous régional collectif à Strasbourg.

Les « Gilets jaunes de Strasbourg République »

Nous avons concentré nos efforts sur Strasbourg et cette « assemblée République » de 200 à 400 personnes, que nous avons aidée à se tenir, à discuter de ses revendications et à organiser des actions – parmi lesquelles, à deux reprises, sur le pont de Kehl, avec des Allemands curieux et intéressés. Quand certains ont cherché à parler d’un « blocage des frontières », nous leur avons opposé la solidarité au-delà desdites frontières. Un exemple des multiples problèmes rencontrés, et des ripostes.

Bientôt, les assemblées d’avant manifs n’ont pas suffi à épuiser le débat et nous avons proposé des réunions de préparation, un soir de la semaine dans une salle plus chaude. 20 personnes, puis 50. Tous les thèmes ont été débattus. Dont le RIC. De nombreuses actions ont été organisées : tracts en ville, à la porte de centres hospitaliers ou d’entreprises en périphérie. Le mardi 15 janvier, après un samedi de dure répression policière avec des blessés, il y a encore eu 50 personnes pour venir débriefer sur la question et aborder les nouveaux problèmes politiques. Même affluence ou presque la semaine précédant le samedi 26 janvier. Que faire face à Macron et son grand débat ? Grand débat qui, le samedi 19 en assemblée générale, avait été rejeté par un vote quasi unanime à main levée.

La détermination et la conscience, elles sont là !

Lors des réunions en semaine, mis à part quelques syndicalistes récemment arrivés, se rassemble un milieu populaire et ouvrier qui découvre l’organisation ou renoue avec elle, très conscient de la situation et de ses enjeux. À la tribune, souvent deux ou trois femmes, principales organisatrices. Dans l’assistance : des retraités dont l’un des mines de Lorraine, des aides-maternelles, des infirmières et aides-soignantes, des ouvriers, des chômeurs, et même des « prolos » ayant perdu leur boulot pour avoir participé au mouvement... On commence à se connaître. Grande solidarité liée à la détermination dans la lutte. De l’inédit pour nous à Strasbourg, d’être ainsi au coude à coude avec ces ouvrières et ouvriers fiers d’avoir pour eux « l’intelligence », c’est comme ça qu’ils le disent. Dont une femme qui ne cesse de répéter : « Ils nous prennent pour des gueux, mais nous sommes des gueux instruits... » [...] « Ras-le-bol qu’on méprise la classe ouvrière » [...] « Va falloir qu’on la fasse un jour, cette grève... » À ce propos, la journée du 5 février à l’appel de la CGT commence à se dessiner dans le paysage. Chez les Gilets jaunes mobilisés, elle suscite un mélange d’espoir d’être le point de départ d’une nouvelle étape, pourquoi pas le début d’une grève, Gilets jaunes des ronds-points et Gilets jaunes des entreprises tous ensemble ? Mais quelque méfiance néanmoins à l’égard d’une CGT dont la direction, à ce jour, n’a pas une seule fois appelé à rejoindre les Gilets jaunes dans leurs manifestations du samedi.

Correspondantes

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