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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 69, mai-juin 2010

Aux ateliers de Quatre-Mares (76) : un scénario de grève inédit... sans metteur en scène mais avec de bons acteurs !

Mis en ligne le 29 mai 2010 Convergences Entreprises

Aux ateliers de réparation de Quatre-Mares (Sotteville-lès-Rouen) où travaillent près de 700 personnes, la grève n’est pas encore vraiment terminée au jour où nous écrivons. Dans de nombreux secteurs (Roues, Forges, Bogies notamment !), la direction peine à faire reprendre l’activité normale. Les journées sont encore rythmées par des AG le matin et des barbecues le midi... le stock de merguez semble inépuisable ! Une grève finalement inédite dans son déroulement comme dans ses soubresauts finaux !

À Quatre-Mares, parfois qualifié « de village gaulois » par ceux qui y militent syndicalement et politiquement (car la combativité y est forte et les habitudes de grève et d’assemblées générales bien établies), le 6 avril n’a pas fait « un malheur ». De nombreux cheminots avaient plus que des doutes sur ce nouvel appel, après déjà plusieurs journées d’actions consécutives, dont celle toute proche du 23 mars (que la direction de la CGT n’avait pas voulue reconductible). Sans même parler du fait que le préavis « reconductible » de la CGT ne concernait au début que les conducteurs et les contrôleurs. Les « sédentaires » de la filière « matériel » ne pouvaient se raccrocher qu’au préavis déposé par Sud-Rail. Le 6, il y avait moins de cheminots en grève que le 23 mars à Quatre-Mares et, bien que reconduite le 7 sous l’impulsion des équipes Sud et CGT, ce fut la reprise le 8 au matin – il n’y avait plus que 45 personnes au piquet de grève.

Pourtant, dès le mardi 13 avril, ce fut de nouveau la grève... et celle-ci fut ensuite reconduite quasiment sans opposition jusqu’au mercredi 21 avril par des assemblées générales oscillant entre 260 et 320 personnes. C’est la visite aux portes de Quatre-Mares le lundi 12 avril au matin des contrôleurs de l’ECT de Rouen et des roulants du dépôt de Sotteville, très majoritairement en grève depuis le 6, qui a changé la donne ! Déterminantes pour les travailleurs des ateliers, d’une part la combativité de leurs collègues, de l’autre l’unité syndicale sans faille entre les équipes CGT et Sud-Rail sur la région Normandie (là aussi une exception... on peut noter le fait que les tracts les plus sectaires voire injurieux de la fédération CGT vis-à-vis de Sud-Rail n’ont jamais été distribués localement durant la grève). C’est aussi peut-être l’attitude de la directrice de l’établissement... qui, lors de l’AG du mardi 13 avril, est venue « au contact » (fait inédit)... pour tenter le chantage à l’emploi « si vous vous arrêtez, on va perdre des marchés, donc de l’argent... et donc des emplois ». Si certains hésitaient encore, voilà qui les a convaincus... la grève étant comme un défi. De toute façon, les raisons d’y aller vraiment, une bonne fois pour toutes, ne manquaient pas... avec l’espoir que « ça s’étende ailleurs ». Les militants combatifs de la CGT ont poussé : pour une fois qu’ils avaient l’aval de leur fédé, fallait pas se gêner ! Et ceux de Sud, contrairement à d’autres ailleurs, se sont sentis comme des poissons dans l’eau... la grève reconductible n’était plus seulement un appel au bas d’un tract !

Il y a donc eu tous les jours des AG, des piquets de grève, des barbecues devant les portes le midi, des distributions de tracts... et le déclenchement des sifflets des dizaines de locomotives de fret abandonnées sur les voies suite à la fermeture programmée du triage de Sotteville. Une des actions qui a bien plu aussi : l’enfumage par les torches des locaux de la direction régionale. Par contre, aucune plate-forme revendicative n’a été votée par les AG. La question des salaires était bien présente dans les têtes mais c’est tout. De même la jonction avec les autres catégories de cheminots a été très rare et aucune AG interservices ne s’est tenue. Les militants se sont laissés porter par cette grève à laquelle la plupart d’entre eux ne croyaient pas et par la bonne ambiance « intersyndicale consensuelle » mais, du coup, peu propice à faire émerger des formes d’auto-organisation de la grève.

La reprise s’est faite sans amertume au vu du rapport de forces national le 21 avril. Les militants Sud et CGT ont insisté sur le fait que d’autres luttes interprofessionnelles attendaient les cheminots (notamment sur la question des retraites). Plusieurs jours durant, les AG ont perduré, des débrayages sauvages d’ateliers aussi, pour faire pression sur la directrice afin qu’elle ne retire pas la totalité des dix jours de grève (c’est finalement entre six et sept jours maxi qui seront retirés aux grévistes). Ce qui a été perçu comme une petite victoire, bien sûr ! Une caisse de solidarité a aussi été mise en place, l’essentiel étant que personne ne sorte de la grève financièrement pris à la gorge.

Et, à Quatre-Mares, l’envie de repartir avec d’autres dès que possible est bien là.

10 mai 2010

Marie DARWEN

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Numéro 69, mai-juin 2010

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