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Accueil > Éditos de bulletins > 2022 > juin > 27

Aux USA, les intégristes de la Cour suprême contre le droit des femmes

Vendredi dernier, les juges de la Cour suprême des États-Unis ont supprimé l’arrêt, datant de 1973, qui garantissait le droit à l’avortement dans l’ensemble du pays. La remise en cause des droits des femmes à disposer de leur corps, à choisir, droit acquis après de nombreuses luttes, n’est malheureusement pas une nouveauté (la Pologne l’an dernier, par exemple). Mais que ce soit au tour du pays le plus puissant et soi-disant le plus moderne de la planète, est un signal dangereux pour les femmes du monde entier, et particulièrement pour les femmes des classes populaires.

Six juges et de puissants lobbies derrière eux

Cette abolition du droit à l’avortement, décidée à six contre trois, par les juges de la Cour suprême, saluée comme « la volonté de Dieu » par Donald Trump, n’est pas seulement le fait de ces juges réactionnaires : sur les 50 États, treize avaient déjà préparé leurs lois d’interdiction, n’attendant que le décret de la Cour suprême pour les appliquer. D’autres pourraient suivre. Le Texas avait même pris les devants, en septembre 2021, avec la loi dite du « battement de cœur » qui interdit l’avortement après six semaines de grossesse, un délai qui signifie l’impossibilité dans la plupart des cas.

Quant à la Cour suprême, elle avait, la veille même, le jeudi, autorisé le port d’arme dans la rue à New York pour satisfaire le puissant lobby des armes, malgré les récents massacres dans des écoles aux États-Unis. Sacrés défenseurs du « droit à la vie » !

Les femmes des classes populaires premières victimes

Passons sur l’hypocrisie d’Apple ou de la banque Morgan qui ont annoncé qu’elles financeraient les trajets de leurs salariées qui auraient besoin d’aller dans un autre État pour avorter. Est-ce pour paraître plus libérales ? Ou plutôt parce qu’une enquête aurait calculé que l’interdiction de l’avortement coûterait plus de 105 millions de dollars à l’économie américaine par an en raison des complications liées aux avortements illégaux et aux soins qu’ils entrainent, quand ce ne sont pas des décès ? Ce sont comme toujours les femmes des classes populaires qui subissent les conséquences les plus dures de ces attaques, celles qui ont les plus bas salaires ou sont non-salariées, les plus précaires.

L’hypocrisie des gouvernants « démocrates » !

Biden s’indigne, mais se dit impuissant, pour ne gêner personne. Sa seule solution : faire du problème du droit à l’avortement l’un des arguments de campagne des démocrates aux prochaines élections parlementaires de mi-mandat, après avoir appelé au calme les protestataires. Heureusement, il n’a pas été écouté et les protestations se sont multipliées.

En France, l’ensemble du monde politicien cherche à se donner le beau rôle en annonçant une potentielle inscription du droit à l’avortement dans la Constitution, comme si ça garantissait quoi que ce soit. Mais les mêmes, Macron en tête, détruisent l’hôpital public, stoppent les subventions au planning familial par leurs plans d’économie, rendant, non par la loi mais par les faits, l’avortement extrêmement compliqué pour bien des femmes ! Ce n’est pas la Cour suprême, mais c’est la Cour des comptes qui, trouvant la santé trop coûteuse, dicte ses lois.

Combattre reculs sociaux et idées réactionnaires

Ici comme au USA les plus réactionnaires sont à l’offensive, et dans les commandos anti-avortement, anti-immigration, xénophobes et racistes on retrouve souvent les mêmes. Quand en 2019 les subventions de l’État au planning familial du Rhône ont été réduites de 43 438 euros (soit 30 %) ce sont les élus du RN qui ont applaudi vigoureusement. Les mêmes déblatèrent sur CNews, la chaîne de Bolloré qui diffusait un film anti-IVG l’an dernier.

Contre tous ces promoteurs d’idées rétrogrades, contre la régression sociale, nous ne pouvons que nous sentir renforcés par les milliers de manifestantes et manifestants qui ont déferlé ce week-end à Washington et dans de nombreuses villes des États-Unis pour protester contre la décision de la Cour suprême. Et rappelons-nous que, ces dernières années, ce sont les manifestations de masse et la lutte des femmes qui ont arraché le droit à l’avortement, en Argentine ou en Irlande.

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