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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 72, novembre-décembre 2010 > L’automne chaud de 2010

L’automne chaud de 2010

Au Technocentre Renault (Yvelines), une minorité agissante

Mis en ligne le 5 décembre 2010 Convergences Entreprises

Ni blocage ni grève reconductible contre la réforme des retraites au Technocentre Renault de Guyancourt dans les Yvelines. Mais une participation plus élevée que d’habitude aux journées d’action nationales et, fait inhabituel, une série d’initiatives locales.

Au plus fort, le 7 septembre, 400 grévistes et 800 salariés en congés selon la direction. Sans doute un peu plus en réalité. Cinq cars pour aller à la manifestation parisienne. Pas mal, même si cela reste minoritaire sur un site d’environ 10 000 personnes. Le nombre de grévistes a ensuite baissé progressivement.

Des rassemblements le lendemain de manifs

Ce degré supérieur de mobilisation a toutefois permis de changer un peu les habitudes. Au Technocentre, les prises de paroles syndicales ont lieu traditionnellement dans le hall du plus gros bâtiment du site, baptisé « la Ruche », et se font sur les « 20 minutes de pause ». [1]

Ainsi au lendemain du 7 septembre, 150 salariés sont venus au rassemblement appelé oralement par les syndicats CGT, SUD et CFDT. Le 28 septembre, le rassemblement a été remplacé par une tentative de barrage filtrant aux accès en voiture du site. Mais ces deux initiatives ont montré que la mobilisation n’était pas suffisante pour poursuivre une action uniquement sur le Technocentre.

Lundi 4 octobre, 200 salariés répondaient à un appel syndical lancé deux heures avant pour accueillir Carlos Ghosn en visite au Technocentre et l’interpellaient sur les salaires. Vendredi 8 octobre, une délégation du Technocentre participait à la manifestation des salariés de la filière automobile au Mondial de l’Automobile.

Un appel pour un rassemblement interprofessionnel à Versailles

Le passage du mouvement au niveau national à des grèves reconductibles et des blocages ouvrit alors d’autres perspectives. Au lendemain des grosses manifestations du 12 octobre, le rassemblement dans la Ruche était un peu plus fourni que le 8 septembre, peut être grâce à la diffusion le matin d’un tract d’appel CGT-SUD-CFDT. Les syndicats CGT et SUD proposaient alors un rassemblement interprofessionnel à Versailles pour le vendredi 15. Cette proposition, soumise au vote à main levée (une procédure elle aussi inhabituelle au Technocentre), était approuvée par la moitié des 250 salariés présents.

2 000 personnes devant la préfecture

Les cheminots de Trappes, en grève reconductible depuis le 12 octobre, répondaient tout de suite favorablement à cette initiative, ainsi que les unions locales CGT de Saint-Quentin-en-Yvelines et de Vélizy. L’appel s’est ensuite rapidement propagé dans le sud du département.

C’est ainsi que le 15 octobre, 150 salariés du Technocentre débrayaient pour aller à Versailles et que près de 2 000 personnes se retrouvaient devant la préfecture. Un succès assuré notamment par la présence de plus de mille lycéens de Versailles et des alentours, transformant ce rassemblement en une manifestation dynamique. Des contacts se prenaient également avec des cheminots de Versailles et de Trappes, permettant à quelques militants CGT du Technocentre de se rendre la semaine suivante à leurs assemblées.

Avec les cheminots de Trappes

Au lendemain de la journée nationale de grèves et de manifestations du 19 octobre, le rassemblement dans la Ruche fut, sans surprise, moins fourni que les précédents. Un nouveau rassemblement interprofessionnel y a été proposé, devant le dépôt SNCF de Trappes. Jeudi 21 octobre, plus de 500 travailleurs ont répondu à l’appel, dont une centaine de salariés du Technocentre mais sans les lycéens cette fois-ci, et bloqué la Nationale 10 pendant une heure. Fort de ce nouveau succès, les cheminots ont profité de l’occupation de la Nationale pour organiser une réunion interprofessionnelle dans le but de préparer une prochaine initiative.

Un nouvel appel… sabordé

Quelques militants CGT de la SNCF de Versailles et de Trappes et d’entreprises de Saint-Quentin (Technocentre, Snecma, TDF, Cars Perrier, EDF) se sont donc retrouvés donc le lendemain à l‘Union Locale et ont décidé d’appeler à une nouvelle manifestation à Versailles pour le mardi 26 octobre. Mais l’Union Locale CGT de Trappes et l’Union Départementale CGT des Yvelines, sans doute parce qu’elles n’étaient pas à l’origine de cette initiative, décident de la saborder et celle-ci fut annulée lundi soir, la veille.

La fin des grèves reconductibles et la levée des blocages sonnèrent alors la fin du mouvement, y compris au Technocentre. Sans entraîner de démoralisation, mais laissant le sentiment de s’être fait craindre et aussi… de s’être fait plaisir.

Bien sûr, au Technocentre, la question est toujours de savoir comment entraîner les 9 000 salariés qui n’ont pas bougé, dont certains ont cependant manifesté leur sympathie lors des collectes de solidarité lancées à la fin du mouvement. Mais les quelques initiatives locales interprofessionnelles ont montré que, même très minoritaires dans leur entreprise et pas vraiment en grève comme au Technocentre, des salariés mobilisés peuvent compter et avoir une certaine influence localement. À suivre…

Gilles SEGUIN


[1Ces 20 minutes de pause par jour, soit l’équivalent de neuf jours par an, avaient été déduites par la direction du temps de travail effectif en 1999. La Réduction du Temps de Travail selon Renault ! C’est ainsi que l’accord sur les 35heures n’a donné que 10 jours de RTT au lieu de 23 (les 4 autres jours manquant étant consacrés à de la formation). Depuis, ces 20 minutes sont utilisées à des pauses… revendicatives ! ». Cette année, aux rassemblements du matin précédant les départs collectifs en car à la manifestation parisienne de l’après-midi, se sont ajoutés des rassemblements le lendemain des manifs. Histoire de prendre le pouls pour une éventuelle poursuite du mouvement.

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