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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 21, mai-juin 2002

Allemagne : L’IG-Metall met la grève à l’ordre... d’un jour

Mis en ligne le 16 mai 2002 Convergences Monde

Depuis le 6 mai, la grève est à l’ordre du jour dans le secteur électro-métallurgique, ou plutôt, comme on le verra plus loin, à l’ordre d’un jour ! Pour le moment, les traditionnelles négociations collectives n’ont pas abouti, et les 6,5 % revendiqués par le syndicat se heurtent aux 3,3 % que ne veut pas dépasser le patronat.

Ces dernières années, le pouvoir d’achat n’a cessé de baisser, du fait de l’inflation, des réductions de primes d’équipes, de la suppression ou amputation d’avantages accordés au-delà de la convention collective, dans le passé, par certaines entreprises. Dans le même temps, les gains patronaux ont officiellement doublé. Pour la seule année 2000, la productivité a grimpé de 8,6 % dans la métallurgie et les profits de 11,6 %. Par dessus le marché, 12 ans après l’unification, l’inégalité règne toujours entre les conditions de travail et de rémunération de l’Est et de l’Ouest du pays. A commencer par les semaines de travail plus longues dans la métallurgie à l’Est.

S’il n’avait tenu qu’à eux, les dirigeants syndicaux se seraient volontiers accommodés d’un marchandage sans combat avec les représentants patronaux. Mais le mécontentement des travailleurs est grand. Dans de nombreuses entreprises, ils ont revendiqué au moins 10 % d’augmentation de salaire. La bureaucratie syndicale en a rabattu à 6,5 %. Lettres et pétitions d’entreprises ont afflué à la direction de l’IG-Metall, pour demander d’arracher au moins ces 6,5 %.

Du Minimax...

L’IG-Metall était encore, jusqu’à peu1, le plus gros syndicat d’Europe, mais pas pour autant le plus combatif. Le syndicat est loin d’utiliser son potentiel d’organisation pour élargir la grève, au contraire. Lors du conflit pour les 35 heures, en 1984, la direction de l’IG-Metall inventa le Minimax ou tactique du moindre effort militant pour le prétendu meilleur gain. D’où la grève avant tout dans des entreprises sous-traitantes, entraînant la paralysie de grosses entreprises. Les caisses de grève du syndicat furent ainsi épargnées, les travailleurs des entreprises touchées par ricochet étant partiellement indemnisés par les caisses de chômage.

En réaction, le gouvernement de Kohl procéda en 1986 à une réforme législative, interdisant désormais aux travailleurs d’être indemnisés par les caisses de chômage dans pareil cas. Ce fut considéré comme une atteinte au droit de grève, déjà bien limité2. La dernière grève dans la métallurgie remonte à 1995, et si la grève qui vient d’être lancée dans le Baden-Würtemberg est effectivement déclenchée, à partir du 13 mai prochain, dans la région de Berlin/Brandenburg, ce sera la première depuis… 1933 !

Tant qu’ils étaient dans l’opposition à Kohl, les dirigeants du SPD (sociaux-démocrates) ont promis d’abroger cette loi. Ils n’en ont rien fait depuis 3 ans et demi qu’ils sont au gouvernement. Cela n’empêche pas le chef de l’IG-Metall, Zwickel, de pleurer la promesse non tenue et de demander au SPD… de la remettre dans son programme électoral. Voilà l’audace contestatrice de l’appareil syndical à l’égard du SPD !

...à la grève flexible

Aujourd’hui, la bureaucratie syndicale a imaginé une nouvelle tactique pour résoudre le problème : la flexi-Streik ou grève flexible ou tournante, par laquelle chaque entreprise ne sera appelée à débrayer qu’une seule journée. Ainsi, les conséquences sur la production dans d’autres entreprises seront-elles réduites et les angoisses des patrons avec ! Pour les travailleurs, cela signifie qu’ils n’ont plus à compter sur leurs propres forces mais sur les opérations de commando des chefs syndicaux qui leur signifieront quel jour rester à la maison. En fait, les bonzes syndicaux n’envisagent aucun combat pour la défense des intérêts de la classe ouvrière, mais voudraient juste calmer le mécontentement par des actions plus ou moins symboliques, dont ils espèrent quelque 4 ou 4,5 % dans le meilleur des cas. Nombre de travailleuses et travailleurs ne sont pas dupes de cette prétendue tactique syndicale, mais ils s’apprêtent à la suivre néanmoins.

Ce n’est pourtant pas l’envie d’en découdre qui fait défaut. Dans les deux régions choisies pour la grève, le Baden-Würtemberg et Berlin-Brandenburg, la grève a été votée par respectivement 90 % et 85 % des syndiqués. Dans un tel mouvement et malgré le carcan étroit dans lequel l’appareil syndical veut contenir la combativité, les travailleurs pourraient prendre confiance en eux-mêmes et se donner des moyens de pousser l’avantage contre la baisse des salaires, la précarité et la flexibilité, qui sont des conséquences du chômage et des licenciements collectifs qui pèsent de tout leur poids sur ceux qui ont encore un emploi.

8 mai 2002

Toni ROBERT

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