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SNCF : retour sur la grève de juin 2014

À Saint-Lazare, à Paris, une sacrée expérience engrangée !

Mis en ligne le 24 septembre 2014 Convergences Entreprises

À l’appel de Sud-Rail et de la CGT, la grève a commencé sur les chapeaux de roues à Saint-Lazare. L’Assemblée Générale « inter-services » quotidienne a réuni entre 150 et 200 cheminots : conducteurs, agents d’accueil et de départs, collègues des ateliers, aiguilleurs, etc. Une majorité de jeunes. C’est la colère chevillée au corps qu’ils se sont mis en grève et ont voté la reconduction tous les matins. Contre la réforme certes, mais aussi contre les suppressions d’effectifs, les fermetures de points de vente, le gel des mutations et toutes les tracasseries quotidiennes. Ce, sur fond de bas salaires.

La grève a donc été active ! Dès les premiers jours, plus d’une vingtaine de jeunes cheminots, ne se contentant plus des AG et des manifs traditionnelles, se sont organisés pour consolider leur grève et s’apercevoir vite que cela n’allait pas sans réfléchir aux suites à donner à leur mouvement ni sans discuter de la politique de directions syndicales qui s’accrochent au volant. Ces grévistes motivés (syndiqués ou non syndiqués) se sont réunis quotidiennement dans une « réunion du journal de grève ». Leur cohésion les a encouragés à faire vivre les cortèges de gare, tous ensemble, sans être contraint de se poster et se ranger sous « sa » bannière syndicale, ni de suivre le trajet concocté par des chefs frileux. Ceux de Saint-Lazare sont toujours allés en cortège à pied jusqu’à l’Assemblée nationale ! Ils ont aussi rédigé un tract à destination des usagers. Et, surtout, chaque jour, imprimé un petit journal (et alimenté un site Facebook) relatant avec humour les événements de la grève, les bonnes idées mises en œuvre par les grévistes d’autres gares, rappelant les rendez-vous à préparer. S’inspirer des autres, essaimer, tisser le plus de liens possibles avec d’autres gares étaient la préoccupation des participants à la « réunion du journal ». Ces réunions étaient aussi l’occasion d’organiser les tournées et piquets de grève du lendemain. Elles donnaient l’opportunité de discuter des limites et des possibilités de la grève, des raisons qui poussaient certains collègues à reprendre le travail, des calculs des directions syndicales, et de la politique à mener pour construire la mobilisation. Grâce à quoi, jour après jour, l’AG de Saint-Lazare elle-même a changé d’allure ! De chambre d’enregistrement de décisions syndicales prises ailleurs, ce petit groupe de cheminots l’a transformée en un lieu de discussion plus libre et d’organisation plus démocratique.

Que de jeunes grévistes prennent en main leur grève sans faire allégeance aux chefs syndicaux en a défrisé plus d’un... mais les grévistes actifs ne s’en sont pas laissé compter. Chaque jour, certains ou certaines ont défendu de nouvelles idées, pris pour la première fois la parole en AG, devant plus de 100 personnes, quitte à se faire quelque violence.

L’idée d’une AG des AG

De ces discussions quotidiennes entre militants de la grève a germé l’idée d’une réunion entre cheminots de toutes les gares. L’objectif était de s’orienter peu à peu vers une coordination des AG. Les grévistes de la « réunion du journal » en ont été la cheville ouvrière. L’AG des AG a d’abord été proposée et adoptée lors d’une AG de Saint-Lazare. Des milliers de tracts, de textos, d’appels ont été diffusés, des centaines de discussions menées pour réunir des cheminots du plus grand nombre de gares. Pari réussi : le jeudi 19 juin, plus d’une centaine de cheminots des gares parisiennes se sont réunis. L’entreprise n’en était qu’au début, avec ses limites. Les délégations n’étaient pas élues, même si elles étaient représentatives d’un milieu bien vivant, mais c’était un premier pas vers une coordination démocratique, une façon de commencer à dire qu’il est possible et nécessaire que les militants de la grève s’organisent pour porter la voix de leur mouvement et décider de sa marche. À cette AG des AG, on s’est aperçu que les attentes des grévistes étaient communes dans toutes les gares de région parisienne. Trop tard, certes, vu que, le lendemain matin, les directions syndicales, nationales et régionales, de Sud et de la CGT, commençaient à organiser la reprise.

Mais des habitudes ont été prises à Saint-Lazare, à commencer par celle de « l’ouvrir », de défendre son point de vue en AG, de se donner des moyens de tenir tête aux chefs au boulot, mais aussi à ceux qui refusent de laisser la direction de la grève à ceux qui la font. C’est peut-être le premier succès du mouvement sur la gare. Pour bon nombre de militants de la dernière grève, preuve a été faite que le carburant d’une lutte, c’est bien l’intérêt des travailleurs et non les politiques et logiques d’appareil.

Alex XOZEN

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Numéro 95, septembre-octobre 2014

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