Convergences révolutionnaires

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La coordination interprofessionnelle de Toulouse

vendredi 11 juillet 2003

Le 29 avril, l’AG des personnels de l’Education nationale, à la Bourse du travail, lançait un appel à constituer une « Coordination souple interprofessionnelle, ouverte aux secteurs en lutte ». Il ne s’agissait pas d’une simple proclamation. Le comité de grève de l’EN se chargea de le relayer activement : prises de parole dans de multiples assemblées générales aux Impôts, au Conseil général, à la SNCF, Air France, à La Poste, suivies ici et là de votes majoritaires en faveur de la grève reconductible.

Le 6 mai, la coordination interpro se mettait en place. Les Unions départementales n’y étaient pas favorables. Il leur a bien fallu faire avec.

Cette coordination interprofessionnelle s’est réunie régulièrement, au moins une ou deux fois par semaine, parfois plus, animée par un ou deux membres du comité de grève de l’EN (militants de LO et de la LCR), et pour les autres secteurs des militants de Sud ou de la CGT (dont bon nombre de militants LCR ou de son milieu). Le G10 apportait son soutien logistique : locaux, tirage de tracts, camion sono pour les manifs, etc. Les secteurs les plus mobilisés, outre l’Education nationale, étaient les Impôts, le centre de tri, le CCASS de Toulouse (avec son comité de lutte), Météo France (en grève reconductible dotée d’un comité de grève), le Conseil général, les hôpitaux. S’y ajoutèrent d’autres secteurs au fur et à mesure que le mouvement s’étendait : la DDE, Motorola, l’université, les étudiants, les secteurs du social (privé), associations, archéologues, intermittents du spectacle… 9 secteurs en grève représentés à la première coordination, 15 le 5 juin, lors de la seconde.

Succès des actions communes, chansons et rires à l’appui

Des actions communes étaient mises en place lors de ces réunions, émanant souvent de propositions d’AG des secteurs les plus combatifs, en lien ou pas avec les décisions des UD.

Première action : rassemblement de 1500 personnes devant la Préfecture, puis défilé et occupation surprise de la Chambre de commerce et d’industrie, beau bâtiment du centre ville, visité de fond en comble, en chantant et lançant des slogans du style « De l’argent, il y en a, dans la poche du patronat, aux finances, on sait ça ». Accueil favorable dans les bureaux. Flonflons, rubans suspendus d’une balustrade à l’autre, petits cartons de couleurs dans le hall sur lesquels chacun inscrivait ce qu’il avait à dire. Jolie fête !

Quelques jours plus tard, manifestation en ville, arrêt devant le siège de l’UMP : locaux envahis, papiers publicitaires et portraits de Douste Blazy volant par les fenêtres. Drôles de confettis s’envolant au son des slogans sur l’air du Chat Noir. Même scénario lors de l’occupation du siège du Medef et à l’entrée du lycée Fermat le jour du bac. Autre matin, distribution de tracts sur trois points aux salariés de grandes entreprises toulousaines (Motorola, Siemens, Labège, Astrium, CNES, Aérospatiale…). Autant de nouvelles occasions de se retrouver et d’envisager la possibilité de la grève générale.

Le 5 juin, à l’appel des UD et de la coordination interpro, opération barrages filtrants aux 19 sorties de la Rocade. Succès spectaculaire. A chaque barrage, 200 à 300 salariés de différents secteurs, certains ayant invité des membres de leur famille, des voisins, des amis. Ambiance bon enfant autour de la distribution de tracts (celui des UD et le « No Raffaran » de la coordination qui informe sur les actions à venir et défend la nécessité de la grève générale), café... La grande majorité des automobilistes nous encouragent. C’est le meilleur des sondages. Ce jour-là, on eut le sentiment que le gouvernement et les patrons n’en menaient pas large, que l’élargissement de la grève à d’autres secteurs, notamment du privé allait faire tache d’huile.

La veille, le Medef, en raison de l’opération « barrages filtrants » lancée par les UD, traduisait les différents syndicats devant le tribunal, en référé. C’est le Medef qui a été condamné. Joie des nombreux manifestants rassemblés devant le Tribunal. Fin d’après-midi, encerclement par les mêmes manifestants du petit rassemblement élégant des membres de l’UMP place du Capitole. L’heure était à l’enthousiasme.

Le lendemain, douche froide des propos tenus par Thibault et Blondel au meeting de Marseille. Colère dans certaines AG de grévistes. Aux Impôts, il y a eu des larmes, de la tristesse, mais toujours de la détermination.

Lise LEGALL


La valse des femmes à la mairie du Capitole

L’intersyndicale Femmes (CGT, FSU, Sud) et la coordination interpro appelèrent le 13 juin à une manifestation que personne n’oubliera : par petits groupes de femmes, nous avons gravi les marches de la mairie du Capitole et envahi la belle salle des Illustres : slogans, distribution de ballons de couleur où chacune écrivait une pensée ; ils prirent leur envol multicolore sur la place inondée de soleil, lequel illuminait les dorures et les grands tableaux de la magnifique salle. Nous avons improvisé une ronde sur le plancher ciré, au son de l’accordéon, salariées de différents secteurs, toutes unies. L’émotion était à son comble, les yeux humides. L’accordéon des manifs a lancé une valse sur l’air du Chat Noir et nous avons dansé sur ces paroles : « chômeurs, salariés, Public et Privé, tous au cœur de la lutte, tous unis dans la rue ».

Mots-clés Mouvement du printemps 2003 , Politique