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Belgique : le chômage grandit, les subventions au patronat grossissent

vendredi 11 juillet 2003

Fin janvier, la direction de Cockerill-Sambre annonçait la fermeture de la phase à chaud à Liège. Celle-ci va s’étaler de 2005 à 2009, ce qui entraînera la perte de 10 000 emplois (dont 7 500 dans la sous-traitance). Et dans la lancée, tant dans le privé que dans le public, le patronat et le gouvernement ont annoncé d’autres licenciements en cascade. C’est ainsi qu’à la SNCB (les chemins de fer, la plus grosse entreprise de Belgique), la direction, avec son plan « move 2007 » voudrait faire passer les 42 000 travailleurs à 32 000. A la Poste, 5 000 emplois devraient également disparaître dans les prochains mois. Chez Electrabel (équivalent d’EDF, mais privé) 1 500 emplois vont passer à la trappe, les patrons annonçant vouloir réduire les coûts salariaux de 25 % en deux ans !

Dans l’automobile, chez Ford Genk, près de 3 000 ouvriers vont se retrouver en chômage technique du fait de la suppression de la pause de nuit, car la direction veut diminuer la production quotidienne. Dans l’aéronautique, les coupes sombres s’accumulent : la SABCA va perdre 270 emplois et la direction voudrait réduire les salaires des travailleurs restant de 11 % ; à la SONACA Charleroi, la direction veut réduire les salaires de 15 %. Dans le secteur bancaire enfin, 750 emplois vont être perdus à la BBL.

Dans ces circonstances, il n’est pas étonnant que les chiffres du chômage remontent en flèche avec 513 000 chômeurs officiellement déclarés (368 000 en 1980), sans compter tous ceux qui ne sont pas recensés dans les statistiques (chômeurs en stage d’attente, de plus de 50 ans, préretraités...). Situation dont on n’est pas près de sortir puisque le futur gouvernement (car à l’heure où nous écrivons les discussions continuent pour sa formation entre libéraux et socialistes) ne promet que la création de 210 000 emplois… d’ici 2007. Il est vrai que le ministre Verhofstadt propose aussi une nouvelle baisse des cotisations patronales à la sécurité sociale, 1,5 milliards d’euros dans les deux prochaines années qui s’ajouterait aux 3,6 milliards accordés en 2003. Des milliards qui vont sûrement creuser le déficit des caisses de la sécurité sociale, mais certainement pas réduire le nombre de chômeurs !

Une leçon pour les Verts ?

Plus d’un mois et demi après les élections législatives du 18 mai, les discussions continuent pour tenter de former un nouveau gouvernement. En fait celui-ci ne rassemblera très probablement que deux des trois partis de l’ancien gouvernement arc-en-ciel : les socialistes et les libéraux.

A l’exclusion donc des Verts qui, tant au nord qu’au sud du pays, ont subi une sévère défaite électorale. Ils payent ainsi leur participation à un gouvernement au sein duquel ils ont avalé bien des pilules, en contradiction flagrante avec leurs promesses électorales de 1999 (fourniture de matériel nucléaire au Pakistan, vente de 15 000 fusils mitrailleurs à la dictature du Népal, expulsion des réfugiés, grève des camionneurs, fermeture du circuit automobile de Francorchamps) pour finir quand même par donner une dérisoire démission du gouvernement 15 jours avant les élections et sur un problème de couloirs aériens au-dessus de Bruxelles ! Ils n’étaient certainement pas plus responsables que les deux autres partis de la politique désastreuse du précédent gouvernement, moins même en fait, mais leurs électeurs attendaient sans doute d’eux ce que plus aucun électeur populaire n’attend plus des libéraux ou des socialistes. Cela explique sans doute que ces derniers ont continué, contrairement aux Verts, de recevoir les votes de routine d’un électorat sans illusion (d’autant qu’en Belgique le vote est obligatoire). C’est ce que dans une vieille démocratie bourgeoise comme la Belgique on appelle une « victoire » électorale.

En fait, le vrai succès c’est l’extrême droite qui l’a cueilli. En Flandre elle continue sa progression. En Wallonie, pour la première fois, elle fait une percée très remarquée, particulièrement à Liège et Charleroi.

Et l’extrême gauche ?

L’extrême gauche était représentée par deux séries de listes : celles du PTB (maoïste-stalinien) qui en Flandre s’était associé avec des militants de la Ligue arabe européenne (islamistes) et celles du PC associé à deux organisations trotskistes : le POS (4e Internationale) et le MAS (CIO). Non seulement, globalement, l’extrême gauche ne progresse pas mais le PC, dans les régions où il avait encore une petite influence, recule très nettement (à Liège par exemple, il passe de 8 000 à 2 500 voix).

Un résultat qui ne doit pas étonner, d’abord vu sa faiblesse. Mais surtout du fait que la population ne la voit et ne la connaît pas. Comment pourrait-il en être autrement ? Depuis des années sa politique est de se fondre dans toute une série d’associations, de comités et de fronts (« Comité Blanc », fronts anti-raciste, écologiques...) sans apparaître elle-même. Dans les combats contre les fermetures ou les licenciements, soit elle n’était pas présente soit elle s’est contentée de suivre les directions syndicales. Et pour clore le tout, dans ces élections elle a montré un visage plus que « brouillé » comme ce fut la cas en Flandres, avec l’alliance du PTB avec les islamistes.

Les militants d’extrême gauche peuvent donc savoir ce qu’il leur reste à faire : construire une organisation orientée vers les couches populaires et d’abord ouvrières, qui avance un programme correspondant aux intérêts du monde du travail, mais surtout s’efforce d’exister dans les quartiers et les entreprises et offre à nouveau espoir et perspective dans la lutte de classe.

Ce ne sont pas les objectifs qui manquent aux futures réactions ouvrières : depuis la question des retraites comme en France ou en Autriche (en Belgique la retraite se fait après 45 ans de travail !) jusqu’à l’arrêt de la privatisation des services publics, en passant bien sûr par l’interdiction des licenciements.

1er Juillet 2003,

Henri VAN KERCHOVE

Mots-clés Belgique , Monde