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Les Etats-Unis, un exemple à suivre ?

mardi 1er juin 1999

Le système de retraite par répartition, financé à parité par les employeurs et les employés (12,4 % des salaires), assure une pension ridicule (à peine 40 % du salaire de l’ouvrier moyen, soit moins que dans la plupart des systèmes européens). Près de six travailleurs sur dix de plus de 62 ans sont obligés de continuer à travailler pour compenser la faiblesse des prestations.

Au delà de ce système, il faut en passer par les fonds de pension, qui gèrent des actifs équivalents à près de 70 % du PIB du pays.

Ces fonds de pension n’ont jamais couvert l’ensemble des travailleurs : leur proportion est même tombée de 53 % en 1987 à 40 % en 1995. Plus les salariés travaillent dans de petites entreprises, moins ils souscrivent à un fonds de pension, la proportion tombant à un sur seize dans les entreprises de moins de 25 salariés. En moyenne, les pensions versées par ces fonds ne représentent que 29 à 37 % du dernier salaire pour trente ans de cotisations.

Qui plus est, la part des salariés couverts par un contrat qui leur garantit une prestation définie à l’avance ne cesse de reculer (28 % en 1989 contre 19 % en 1995) au profit de ceux qui n’ont qu’un contrat à cotisation définie, la prestation dépendant alors du rendement des placements financiers. Une façon de reporter le risque inhérent aux marchés d’actions ou autres sur les futurs retraités, les entreprises étant dégagées de toute obligation de combler la différence.

L’inégalité face à la retraite dépasse de beaucoup aux Etats-Unis ce qu’elle peut être en Europe, reflétant de ce point de vue la réalité sociale d’ensemble. En individualisant les droits à la retraite, le système par capitalisation laisse de côté des dizaines de millions de travailleurs, sans parler des chômeurs officiels ou non officiels. Les travailleurs « temporaires », ou « intermittents » sont particulièrement pénalisés. La pauvreté pour les plus âgés touche alors deux à trois fois plus les femmes, les Noirs, les hispaniques. En revanche, il n’y a plus de plafonds pour les plus riches.

La tendance devrait encore s’amplifier. Le système par répartition pourrait, selon les « Charpin » américains, avoir épuisé ses réserves à partir de 2030. Pour y « remédier », Clinton a proposé en janvier dernier des solutions trop connues : augmentation des cotisations, baisse des prestations et le recul de l’âge de départ à la retraite à 67 ou 70 ans !

Bref, pour bénéficier pleinement du régime par capitalisation aux Etats-Unis, il faut être riche, prendre sa retraite au bon moment, et avoir des cotisations suffisamment importantes pour que les frais de gestion élevés ne mangent pas une partie trop importante des gains.

F.B.

Mots-clés Monde , Retraites , USA