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Sous-traitance et surexploitation à La Poste

lundi 18 mars 2013

La Poste fait de plus en plus appel à la sous-traitance, et à grande échelle. Aujourd’hui, un colis sur quatre par exemple est distribué par un employé sous-traitant. Cette politique lui permet non seulement de se débarrasser de la gestion d’une partie de ses activités mais aussi et surtout de diviser le personnel, de mieux imposer une exploitation croissante aux uns et aux autres, chacun dans son coin, cantonnés dans leurs différents statuts – sous-traitants, CDD, CDI, fonctionnaires.

Intérim et prestation privée chez Coliposte… et un mort à cacher

Dans la branche du colis les volumes « poursuivent leur progression dynamique ». Pourtant, La Poste mène dans ce secteur la même politique que chez les facteurs, elle sabre les emplois (-15 % en quatre ans) et multiplie les recours à l’intérim ou à la prestation privée : travail au noir, inexistence de droits, payes misérables sont des règles dans ces succursales cachées de La Poste. Un drame récent vient d’éclairer un peu les pratiques abominables, le mot n’est pas trop fort, des dirigeants de Coliposte.

Le 15 décembre dernier, un travailleur de la plate-forme distribution colis d’Issy-les-Moulineaux, en fonction depuis une semaine, tombait dans la Seine lors d’une livraison sur une péniche. Il s’est jeté à l’eau pour tenter de récupérer le colis. Sa mort ne fut annoncée que le 8 janvier. Les syndicalistes demandèrent immédiatement la convocation d’un CHS-CT que la direction Île-de-France de Coliposte a refusée au motif « qu’elle ne connaît pas ce salarié ». Le président du groupe La Poste se fendit même d’une lettre pour expliquer que sa mort « n’est pas intervenue sur son lieu de travail ». C’est que Seydou Bagaga n’était pas déclaré par DNC Transport, l’entreprise sous-traitante (ayant pour seul client La Poste) et travaillait sans contrat. Forte de ses déclarations, La Poste refusait de rapatrier le corps du défunt au Mali (son pays d’origine) à ses frais, puis rompait le contrat avec DNC Transport (10 salariés) afin d’effacer les traces de ses pratiques

Si cette affaire mène aujourd’hui La Poste devant les tribunaux, cette dernière ne paye pas encore le prix fort. Pourtant de plus en plus de prestataires et de colipostiers se rendent compte que leurs intérêts sont communs. Sur la plate-forme de Gennevilliers par exemple, un accident récent chez un prestataire a provoqué une réaction de tous les travailleurs du site. La direction n’a pas forcément que des beaux jours devant elle.

Une grève du ménage dans un centre de distribution parisien

Mais il arrive à La Poste de se heurter à la solidarité des salariés, comme au centre de distribution parisien des 11e et 20e arrondissements. Il y a deux mois les salariés du ménage y ont fait une grève de cinq jours contre leur patron, la société de ménage Onet, qui voulait faire faire tout le travail sur un site énorme (pas moins de cinq étages) par un minimum de travailleurs. Suite à un premier mouvement à l’automne 2012, Onet avait dû reprendre au moins une des salariées du 11e (tout en trouvant une solution pour les autres sur d’autres centres de La Poste). Le soutien actif de la CGT Poste ainsi que de nombreux postiers a aussi joué dans la balance : ceux-ci ont réclamé des comptes à La Poste sur la situation de ces travailleurs, celle-ci cherchant toujours à se défiler et à décliner toute responsabilité. Cela lui a même valu un rappel à l’ordre par l’inspection du travail.

La grève a aussi permis de renforcer des liens entre les travailleurs d’Onet et les postiers et de dénoncer auprès de nombreux collègues la politique d’appel à tout va à la sous-traitance.

7 mars 2013,Anne HANSEN et Erwan PIAM

Mots-clés Entreprises , La Poste
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