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Editorial

Le « diable » est élu, le combat continue

jeudi 10 mai 2007

Nicolas Sarkozy est donc élu. Tous ceux qui à gauche ont peint, particulièrement entre les deux tours, cette éventualité comme une catastrophe historique n’auront réussi à faire peur qu’à eux-mêmes et sans doute certains de leurs partisans. Et ceux qui, sans aller jusqu’aux outrances d’Act up qui déclarait « Sarkozy 2007-2012 nous n’y survivront pas et vous non plus » (rien de moins, mais cette association n’a pas été la seule à faire dans ce registre !), ont axé leur agitation électorale sur le « tout sauf Sarkozy », n’auront réussi qu’à oublier ou faire oublier que l’arrivée à la présidence de Ségolène Royale n’aurait pas été une meilleure chose pour les travailleurs.

Royal a perdu par l’un des plus mauvais scores des candidats de gauche à la présidentielle. Tous ses efforts et ses sourires pour rallier une partie de la droite n’auront donc pas servi à grand-chose. Certes elle aurait, entre les deux tours ou avant, mené campagne sur quelques revendications correspondant aux besoins des couches populaires (300 € mensuels, smic à 1500 € net, interdiction des licenciements, réquisition des logements vides ou légalisation de tous les sans-papiers…) que cela ne lui aurait sans doute pas permis d’améliorer son score. Peut-être aurait-elle alors perdu encore bien des voix, celle d’électeurs qui se croient de gauche ou de ceux qui se disent du centre mais qui n’ont aucune sympathie pour ces couches populaires et leurs revendications, voire s’en méfient ou les craignent. Mais elle aurait au moins contribué à populariser ces revendications et fait grandir l’espoir qu’elles étaient parfaitement atteignables sinon par les élections du moins par d’autres mobilisations. C’était évidemment ce que Royal et le PS ne veulent à aucun prix.

Certes Sarkozy est notre ennemi, l’ennemi des classes pauvres, des travailleurs et de la jeunesse populaire. Et si nous ne le combattons pas il va aggraver encore notre situation. Mais comme notre situation se serait aggravée encore avec Royal si nous ne l’avions pas combattue. Comme elle s’est aggravée sans cesse durant les 14 ans de Mitterrand avant d’empirer encore dans les 12 ans de Chirac.

Avec la gauche comme avec la droite il n’y a eu de coups d’arrêt à la politique anti-ouvrière que lorsqu’il y a eu des luttes. Mais des luttes il y en a eu avec la droite comme avec la gauche. Pas plus faciles, mais pas plus difficiles ni moins importantes, dépendant seulement de la combativité et du moral d’une partie au moins des travailleurs ou de la jeunesse. Nous en avons encore eu l’exemple avec la mobilisation contre le CPE il y a un an qui a mis en échec un gouvernement de droite qui comprenait déjà justement Sarkozy. À la présidence celui-ci n’a pas plus d’armes que lui, Villepin et Chirac en avaient en 2006. Sauf si nous avions le sentiment d’être battus d’avance, simplement parce que le nom de Sarkozy est sorti majoritaire des urnes. Mais quelques millions de personnes dans la rue n’ont-elles pas toujours fait bien plus que des dizaines de millions dans l’isoloir, non seulement pour faire avancer la cause des opprimés mais même pour changer l’opinion de la majorité ?

Préparer ces luttes et ce mouvement d’ensemble reste donc la tâche des révolutionnaires. Nous regrettons que les campagnes présidentielles de LO comme de la LCR, trop complaisante pour Royal et le PS pour la première, grandissant exagérément le nouvel obstacle que serait l’élection de Sarkozy pour la seconde, n’aient pas aidé à cette préparation autant qu’elles l’auraient dû. Nous regrettons que l’élection présidentielle terminée l’extrême gauche ne semble pas manifester beaucoup plus de volonté de tout faire pour cet objectif : ainsi du refus de la LCR comme de LO d’envisager une campagne commune aux prochaines élections législatives, un moyen d’attirer encore plus l’attention sur le programme qu’Arlette Laguiller et Olivier Besancenot ont défendu chacun de leur côté.

Tout faire pour pousser l’extrême gauche toute entière à aller dans ce sens : c’est à cela que nous continuerons à nous employer.

Le 7 mai 2007

Mots-clés Elections , Nicolas Sarkozy , Politique