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Editorial

Une femme nouvelle !

lundi 27 novembre 2006

C’est donc Ségolène Royal qui sera la championne de la gauche dans la course présidentielle. Choisie haut la main par les adhérents du Parti socialiste, sa désignation, si l’on en croit les médias, ne provoquerait que satisfaction, à droite comme à gauche.

Si on fait la part de l’hypocrisie et du convenu, voire du politiquement correct, cette satisfaction, quand elle n’est pas feinte, est le reflet du succès médiatique des primaires du PS. Le show, orchestré depuis des mois, sondages de toutes sortes à l’appui, devait d’abord servir à convaincre le milieu de gauche que la candidate a vraiment une chance en avril prochain. C’est ce qu’il a en partie fait, ainsi le ralliement au fil des semaines précédentes de la plupart des hommes du PS. Du coup, l’UMP a bien l’intention de se servir des succès apparents de Royal comme d’un épouvantail pour forcer le ralliement de la droite, modérée ou extrême, autour de son candidat Nicolas Sarkozy.

On peut donc s’attendre à ce que tout soit fait, pendant les mois qui viennent, pour que l’attention soit polarisée sur le duel Sarkozy-Royal. Des deux côtés, en brandissant d’une manière ou d’une autre la menace d’un remake de 2002, on va s’efforcer de faire passer les concurrents et les critiques de l’un pour les soutiens objectifs de l’autre. Histoire de déconsidérer ou au moins marginaliser ceux qui dénoncent convergences et connivences entre la droite et la gauche.

L’extrême gauche n’a évidemment aucune raison de céder sur quoi que ce soit. Ségolène Royal n’est pas une femme nouvelle en politique. Elle fut trois fois ministre. D’abord, sous la présidence de François Mitterrand, qui fut et reste, paraît-il, son modèle. Puis dans le gouvernement de Lionel Jospin (et sous la présidence de Jacques Chirac). Elle ne renie pas ce passé, s’en réclame au contraire et a même ajouté Tony Blair à la brochette de ses maîtres et exemples. Ses références suffisent sans doute à dire ce que les travailleurs et les couches populaires peuvent attendre d’une présidence Ségolène Royal : ce qu’elles ont reçu de Mitterrand ou Jospin... Rien, ou plutôt pas mal de coups.

Les poses qu’elle a adoptées depuis qu’elle s’est déclarée candidate nous le confirment : l’absence de tout programme comme de tout engagement un tant soit peu précis ; l’insistance sur la défense de valeurs (le mot fourre-tout pour ne rien dire), toutes aux relents réactionnaires, ordre, sécurité, famille ; le manque évident de préoccupations pour les besoins du monde du travail ; le tout combiné à une démagogie tous azimuts misant sur les préjugés (par exemple ceux des parents d’élèves vis-à-vis des profs, car si elle a pris le risque de se mettre ceux-ci à dos, c’est pour mieux surfer sur les inquiétudes de ceux-là à propos de l’avenir de leurs enfants). Ses amis appellent cela son « modernisme » !

Les électeurs se laisseront-ils séduire par ce « modernisme » ? Ou, par ras-le-bol après deux mandats de Chirac (et bien que l’un se soit passé en grande partie en cohabitation avec la gauche plurielle, PS mais aussi PC et Verts), en viendront-ils quand même à reporter leurs votes sur Royal ? Voire leurs espoirs en elle ?

Ça n’apparaît guère être le cas en ce moment. Mais même si ces espoirs devaient croître au cours de la campagne, ou ces votes se concrétiser en avril, ce serait une raison pour consacrer autant d’efforts à mettre en garde contre la gauche et sa candidate qu’à combattre la droite et le sien, ou les siens, aujourd’hui en place.

Que l’un ou l’autre soit élu, les travailleurs, les pauvres, les jeunes, les immigrés, tous les exploités et opprimés, ne changeront leur sort que par la lutte. Et cette lutte contre les riches et la bourgeoisie devra se mener aussi contre le futur gouvernement et le président, quelle que soit leur couleur politique.

19 novembre 2006

Mots-clés Parti socialiste , Politique