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La Poste : un syndicalisme bien tempéré

mercredi 28 juin 2006

L’accord signé au début de l’année par la direction de La Poste, FO, la CFDT, la CFTC, la CGC et l’Unsa, destiné, paraît-il, à renouveler les modalités d’exercice du droit syndical, se met en place dans les établissements.

D’entrée, le préambule de cet accord met les choses au point, en stipulant qu’il s’agit de donner aux organisations syndicales représentatives les moyens d’exercer leur activité « au mieux de leurs intérêts et de ceux de La Poste » et parle d’un « même esprit d’écoute et de respect mutuel ». Les dirigeants de l’entreprise et ces dirigeants syndicaux se considèrent donc comme les meilleurs amis du monde.

Encadrer le droit syndical

Le précédent accord, datant de 1998, reconnaissait des droits minimum à tout syndicat déclaré (droit d’affichage, de distribution des tracts, etc.) et des droits spécifiques pour les organisations syndicales dites « représentatives » (autorisations d’absence pour activité syndicale, permanents payés par La Poste, contributions financières à leur fonctionnement, etc.). Au contraire, ce nouvel accord précise que « seule la représentativité, telle qu’elle est définie par les textes, fonde l’attribution par La Poste des droits syndicaux ». Première visée, la CNT, organisation guère plus minoritaire que la CFTC ou l’Unsa dans bien des endroits. Et, localement, les directeurs d’établissements font retirer les panneaux d’affichage de la CNT qui lui étaient accordés jusque-là.

Il est à noter que les organisations dites « représentatives », signataires de l’accord totalisent ensemble moins de 50 % des voix aux élections professionnelles, la CGT et Sud, majoritaires à elles deux, n’ayant pas jugé bon de faire valoir leur « droit d’opposition », comme elles en avaient la possibilité légalement.

Cet accord restreint également les possibilités d’expression des syndicats locaux. Les « dispenses d’activité de service » dont ils disposaient sous forme de « détachements » sont supprimées et remplacées par des « journées d’absence syndicale » attribuées directement aux fédérations qui se chargent de les répartir, et elles doivent obligatoirement être demandées au moins huit jours à l’avance. Dans un « Guide à l’attention des managers », La Poste précise qu’un agent ne doit pas être autorisé à distribuer des tracts sur son temps de travail, s’il n’est pas en journée d’absence syndicale.

Le syndicalisme est-il soluble dans le « dialogue social » ?

Par bien des points cet accord est une façon d’essayer d’imposer un syndicalisme plus « responsable » aux yeux des dirigeants de La Poste. Ceux-ci ont visiblement tiré la leçon d’un certain nombre de conflits locaux durs, tel celui du centre de tri de Bordeaux-Bègles en mai 2005, où, sous prétexte de séquestration de quelques directeurs, ils avaient pris de lourdes sanctions contre des militants syndicaux.

L’accord indique que l’exercice du droit syndical se situe dans le cadre du « dialogue social » et rappelle que le droit de grève comporte, de la part des organisations syndicales, « l’obligation de déposer un préavis ». Il précise en outre que l’exercice du droit de grève implique « le respect des personnes et de leurs libertés fondamentales, comme celles d’aller et venir et d’exercer son travail ». Les blocages, piquets de grève, occupations des locaux sont donc proscrits tant par la direction que par les responsables syndicaux signataires.

Petits arrangements... contre futurs coups de colère

Le texte prévoit aussi quelques menus avantages pour les permanents syndicaux sur le plan de la promotion. Par exemple un permanent depuis au moins deux ans demandant à reprendre son activité professionnelle, aura une proposition de poste de niveau supérieur à celui qu’il occupait antérieurement. Alors que les agents demandant à prendre une disponibilité ont souvent bien du mal à obtenir leur réintégration. Volonté de discrimination positive par rapport au commun des postiers !

20 juin 2006

Thierry FLAMAND

Mots-clés Entreprises , La Poste
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