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Paris 19 : Les déménageurs de Sarkozy ramenés à la raison

jeudi 10 novembre 2005

Depuis les incendies d’immeubles parisiens vétustes qui ont causé la mort de 28 personnes d’origine africaine, dont 14 enfants, les expulsions de logements se multiplient. Le scénario est toujours le même : des dizaines de CRS en tenue anti-émeute débarquent à six heures du matin, enfoncent les portes au bélier et font monter les habitants dans des cars qui les conduisent dans des centres d’accueils de la DASS, utilisés pour recevoir les SDF. Bien souvent, les enfants sont séparés des parents et les habitants en situation irrégulière sont parfois internés dans des centres de transit, en attendant d’être expulsés du territoire français. Sous le prétexte de protéger les habitants contre des risques d’incendie, Nicolas Sarkozy a visiblement choisi de mener des opérations spectaculaires, largement médiatisées, dans l’espoir de s’attirer la sympathie de la partie la plus xénophobe de l’électorat.

Par la même occasion, le gouvernement donne un coup de main aux spéculateurs qui ont acquis de vieux immeubles pour les rénover et ont du mal à en chasser les habitants par les voies légales. C’est ce qui s’est passé par exemple le 30 septembre quand les CRS ont évacué à l’aube les habitants d’un immeuble du 19e arrondissement, l’Hôtel de l’Espérance. Aucune décision de justice n’avait été prise et l’immeuble n’était pas frappé d’un arrêté d’insécurité, mais l’immeuble avait été racheté quelques mois plus tôt par un promoteur. On a pu constater à cette occasion que des milliers de travailleurs célibataires, et parfois des familles, vivent toujours dans des hôtels meublés misérables, pour des loyers qui peuvent dépasser 400 € par mois pour des chambres de 9 à 12 m2.

Indignation de la population

Sarkozy et ses amis, dans leur frénésie xénophobe et spéculative, en ont cependant peut-être fait un peu trop. Dans le 19e arrondissement par exemple, l’expulsion de cinq familles d’un immeuble de la rue du Maroc et d’un squat de la rue de la Fraternité, dont les habitants avaient pourtant obtenu des promesses de relogement, a suscité l’indignation, en particulier parmi les parents d’élèves des écoles où étaient scolarisés les enfants des familles expulsées. Le spectacle de ces gamins en larmes, arrachés à leurs parents alors qu’ils se préparaient à partir pour l’école, ne pouvait laisser personne indifférent, même parmi ceux qui accueillent favorablement les discours sécuritaires. L’insécurité a montré son vrai visage : celui d’hommes bottés et casqués qui viennent enfoncer des portes au petit matin et saccager les logements pour empêcher les habitants de revenir.

La protestation a donc connu une certaine ampleur. Une manifestation, le 1er octobre, a rassemblé plus de 600 personnes, militants d’associations et de partis, mais aussi habitants du quartier. L’occupation du gymnase Laumière par les 19 habitants de l’Hôtel de l’Espérance a ensuite contraint la Mairie et la Préfecture à loger les expulsés à ses frais dans des hôtels plus convenables que les locaux de la DASS et à s’engager à les reloger dans des programmes sociaux dans les trois mois. Reste à savoir si cette promesse sera tenue, bien sûr, mais le mouvement de protestation a aussi amené le maire PS du 19e, Roger Madec, bien silencieux jusque-là, à prendre publiquement position contre les expulsions et même à organiser le lundi 10 octobre, à six heures du matin, une manifestation devant un autre immeuble menacé d’expulsion, Passage de la Brie. Une opération dont l’objectif était de toute évidence très médiatique : parmi les cent-cinquante à deux cent participants, on pouvait notamment remarquer la présence de Cambadélis, député PS et... ex-cadre salarié fictif de la Sonacotra !

La mobilisation doit continuer

Une vingtaine d’autres immeubles parisiens sont menacés dont six dans le 19e arrondissement. Le combat contre ces expulsions odieuses n’est certes pas facile dans la mesure où les situations des habitants sont diverses : locataires en titre, squatters, sans papiers. De plus, une fois relogés, bien ou mal, les expulsés sont dispersés, parfois isolés dans de lointaines banlieues, préoccupés avant tout par leur propre sort. Et pour empêcher physiquement des expulsions, il faudrait être en mesure de réunir chaque fois des centaines de personnes à l’aube devant les immeubles menacés, alors que les dates d’expulsion ne sont évidemment pas communiquées à l’avance.

Néanmoins, le pouvoir semble aujourd’hui hésiter, du moins dans le 19e arrondissement où l’expulsion du Passage de la Brie a été annulée. La mobilisation doit donc se poursuivre. Elle aurait davantage de chances de mettre un coup d’arrêt à la véritable guerre aux pauvres que livre Sarkozy si elle parvenait à prendre un tour offensif et entraîner les travailleurs des entreprises. Car c’est bien l’ensemble des travailleurs qui a les moyens d’imposer une autre politique sur le logement comme sur le reste.

27 octobre 2005

Georges DEWAER


Delanoë plus préoccupé par Paris-Plage que par les mal logés

La Ville de Paris n’a financé que 4 032 logements sociaux à Paris en 2004, dont un tiers de constructions neuves, un tiers d’acquisitions et un tiers de réhabilitations. Encore faudrait-il savoir comment et à qui ces logements sont attribués, car ils bénéficient bien souvent à des cadres de la Ville ou à des amis de gens bien placés. C’est de toute manière une goutte d’eau par rapport aux besoins de centaines de milliers de mal-logés et de milliers de SDF.

On recense pourtant plus de 100 000 logements vides dans la capitale. Certes, ni les maires d’arrondissement ni le maire de Paris ne disposent d’un droit de réquisition, dans le cadre de la loi de 1945, mais ils ont la possibilité de présenter des dossiers de réquisition et d’appeler la population à se mobiliser pour les faire aboutir. Le maire de Paris dispose aussi d’un droit de préemption sur les immeubles mis en vente, dont il pourrait largement faire usage grâce au budget colossal de six milliards d’euros dont il dispose.

Ce n’est pas plus la politique de Delanoë que de son prédécesseur de droite, Tibéri. En revanche, les élus de droite savent très bien monter au créneau pour s’opposer à la construction de logements sociaux, comme l’a fait récemment Françoise de Panafieu, maire UMP du 17e arrondissement, à propos des projets de construction sur les anciens terrains de la SNCF dans le quartier des Batignolles.

Mots-clés Logement , Société