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Accueil > Éditos de bulletins > 2013 > décembre > 9

Encenser Mandela pour couvrir une nouvelle guerre coloniale

Ce mardi, Sarkozy et Hollande seront main dans la main à Johannesburg en compagnie de tous les chefs d’États du monde capitaliste. Les deux présidents salueront le sens moral de Mandela, l’encenseront comme un homme de paix, au moment même où leur armée se déploie au Centrafrique. La troisième intervention militaire française sur ce continent en trois ans, après la Lybie et le Mali.

Prêcher la « réconciliation » aux opprimés...

La lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud a duré des dizaines d’années. Elle a été marquée par des révoltes de jeunes chômeurs cantonnés dans des ghettos noirs comme Soweto, et par les grèves politiques des ouvriers et des mineurs pour la chute du régime. La classe ouvrière et sa jeunesse voulaient renverser l’apartheid pour accéder à la dignité, à un emploi, à un logement décent, à la santé, à l’éducation.

Le régime d’apartheid est tombé il y a vingt ans. Mais l’ordre capitaliste demeure.

Et aujourd’hui en Afrique du Sud, le chômage est au plus haut, le Sida fait des ravages, et la population noire est la première victime de cette ségrégation sociale. L’exploitation ne s’est pas adoucie, comme l’a montré la répression féroce de la grève des mineurs de Marikana l’an dernier, où trente-neuf d’entre eux ont été assassinés par la police. C’est que les hommes de l’appareil d’État et du patronat Sud-Africain sont restés en place, même s’ils ont dû faire une petite place à l’élite noire privilégiée.

Parce qu’il a croupi vingt-sept ans en prison sous l’œil indifférent des grandes puissances qui lui rendent aujourd’hui hommage, Mandela est devenu le symbole de la lutte contre l’oppression raciale. Mais ce combat des pauvres et des ouvriers, les dirigeants impérialistes voudraient l’ensevelir sous les chrysanthèmes. Ils ne saluent que la « transition pacifique » qui a marqué la fin de l’apartheid et la politique de « réconciliation » menée par Mandela et son parti, l’ANC, au pouvoir depuis vingt ans. Une politique qui a surtout réconcilié le pouvoir blanc allié au capitalisme mondial avec une mince couche dirigeante noire, aux dépens des masses pauvres d’Afrique du Sud.

… Et partir en guerre pour les intérêts des riches

Mais l’esprit de responsabilité et de conciliation n’est jamais tant vanté que lorsqu’il s’applique aux luttes des opprimés. Quand l’État français voit ses intérêts menacés par le chaos qu’il a lui-même créé en Centrafrique, il ne s’agit pour lui ni de compromis ni même de pondération : plus d’un millier de soldats dépêchés sur place en une soirée !

Ce pays, riche en ressources naturelles, est l’un des plus pauvres du monde. Ses dictateurs successifs depuis « l’empereur » Bokassa 1er jusqu’au président actuel ont toujours été en relations étroites avec l’impérialisme français.

C’est qu’il y a de l’argent à se faire, même sur le dos d’une population misérable. En témoignent les visites, cet été, à Bangui de Claude Guéant ou de Jean-Christophe Mitterrand, venus négocier des contrats.

A force de piller le pays en s’appuyant sur la corruption des élites locales et sans se soucier le moins du monde de développer les infrastructures et les services publics, la France a plongé la Centrafrique dans le chaos des groupes armés rivaux. A tel point qu’Areva ne peut plus exploiter depuis un an une mine d’uranium dont elle a pourtant obtenu la concession.

Cette nouvelle intervention militaire n’a rien d’humanitaire. C’est une guerre de pillage. Elle vise seulement à sécuriser les investissements de grands groupes français en Afrique – et les à-côtés d’affairistes mafieux que la bourgeoisie draine toujours dans son sillage.

La guerre, le pillage des pays pauvres et le racisme sont dans la nature même du capitalisme. En finir réellement avec ces fléaux impose de renverser cet ordre social fondé sur l’exploitation des travailleurs et de tous les peuples de la planète par une petite minorité de privilégiés.

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