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Accueil > Éditos de bulletins > 2004 > août > 16

Avec la peau des peuples !

Pour la célébration du débarquement en Provence à l’été 1944, Chirac a décerné une médaille à quelques survivants venus de pays de l’ancien empire colonial français. Nos gouvernants disent se souvenir soudain que la France et l’Europe doivent leur liberté à ces hommes. Mais quelques malheureuses médailles n’effaceront pas l’ingratitude et le cynisme de l’Etat français à leur égard.

Ces soldats, Goumiers, Spahis ou Tirailleurs sénégalais qui venaient de toutes les colonies de l’époque, formaient plus de la moitié des troupes françaises qui ont débarqué en Méditerranée : 120 000 sur un total de 230 000. Mais ces « indigènes » méprisés et opprimés, n’étaient soudain hissés au rang de Français que pour être envoyés en première ligne, se faire trouer la peau.

Ils avaient été recrutés dans les régions les plus pauvres, comme les montagnes de l’Atlas au Maroc. Présentés comme des engagés volontaires, ils étaient bien souvent enrôlés de force, tel cet ancien combattant marocain qui raconte que le recruteur lui a dit : « soit tu viens avec nous, soit tu vas en prison » ! Les officiers qui les encadraient étaient souvent d’anciens vichyssois, que la défaite certaine de l’Allemagne avait convertis en résistants de la dernière heure. Les gouvernements passent, mais les armées et les polices restent !

Des dizaines de milliers de soldats africains, antillais, maghrébins, ont été envoyés au casse-pipe, tout cela pour quoi ? Cette « Libération » sous la houlette d’un De Gaulle n’a pourtant pas été la leur - et pas davantage celle des travailleurs en France. Les colonies, l’exploitation de leurs populations et de leurs richesses, ont continué d’être un enjeu de taille pour l’impérialisme français. Et dès la fin de la guerre, l’Etat français s’est employé à rappeler à tous les peuples qu’il opprimait que rien n’avait changé : on s’était servi d’eux comme chair à canon, mais ils pouvaient dégager ! La colonisation continuait comme avant ! L’indépendance que la France avait retrouvée avec la fin de l’occupation allemande, n’était pas pour eux. Chez eux au contraire, continuait l’occupation française. Brutale. Dès le 8 mai 1945, en pleine célébration de la « victoire contre le fascisme », alors que les Algériens de Sétif manifestaient pour leur part de liberté, l’armée française et les milices de colons massacraient plus de 40 000 personnes…

Quand révoltes et révolutions ont finalement arraché à l’Etat français les indépendances, les pensions et les retraites des étrangers ayant servi dans l’armée française ont tout simplement été gelées à leur montant à cette date. C’était la loi dite de « cristallisation », votée en 1959 sous de Gaulle. Une scélératesse qui fait qu’à la fin 2002, tandis qu’un ancien combattant français percevait 690 euros mensuels, un Sénégalais en touchait 230 et un Marocain 61 ! Pas de droit à la retraite non plus ni a fortiori rien, à leur mort, versé à leur veuve.

Aujourd’hui, si l’Etat a décidé de revaloriser ces pensions, c’est parce que des anciens combattants survivants ont entamé des actions en justice. Et tout ce qu’on leur concède, c’est une augmentation de 20 % ! Dérisoire, étant donné la faiblesse initiale des pensions, dont l’arriéré ne pourra être perçu qu’à compter de l’an 2000. Voilà des années de pensions et de retraites balayées d’un revers de main ! La France prétend que cela lui coûterait trop cher, même maintenant, alors que bien peu de ces vétérans d’une guerre d’il y a 60 ans sont encore en vie ! Cela lui coûte évidemment moins cher de donner la légion d’honneur à la ville d’Alger, promue « capitale de la France libre en 1944 »… mais ville quadrillée de 1954 à 1962 par l’armée française et capitale alors de la torture !

Cela dit, le fait d’avoir envoyé sur les champs de bataille d’Europe la jeunesse des colonies, n’a pas été sans conséquences. Ce sont souvent les jeunes rescapés qui, de retour dans leur pays de misère, se sont soulevés, les armes à la main, pour conquérir leur propre libération. Et à défaut d’une véritable émancipation du joug économique, arracher l’indépendance politique.

Juste retour de flamme.

Réactions à cet article

  • Salan a libéré Toulon, paraît-il,or ce général félon n’hésita pas à recourir au putsch pour garder l’Algérie « française ». Il avait pour modèle un certain général de Gaulle dont le coup d’Etat avait marché le 13 mai 1958.Tous ces mirlitaires qui se font passer pour ldes libérateurs, c’est à vomir !

    Aujourd’hui, Chirac réussit à se faire passer pour l’ami des peuples arabes. oui, jusqu’en Irak et à Gaza, il y a des pauvres gens pour crier « Vive Chirac », comme si sa politique était à l’opposé de celle de Bush ? La responsabilité de la gauche française est grande, elle qui a appelé à voter pour ce grand escroc, défenseur des capîtalistes tricolores et de leurs curieux intérêts pétroliers et de leurs canons Dassault ou Lagardère. Or Chirac est notre tyran domestique, celui qui vole leur retraite aux institutrices et leur salaire à quelques millions de chômeurs.

    Applaudir ne serait-ce qu’un peu à l’union sacrée, c’est au bout du compte céder beaucoup sur tous les terrains : exploitation patronale, chômage et précarité, racisme et lois discriminatoires, budgets et expéditions guerrières. Car que fait la France à Djibouti, au Gabon, en Côte d’Ivoire ou au Darfour. De l’humanitaire, vous dites (même dans Lutte Ouvrière). Non, même cette expédition là n’a rien à faire de l’humain. Le Monde a montré une carte où figurait des puits de pétrole. Et puis il y a un rôle à jouer dans la politique interne du Tchad et du Soudan. C’est bien un conflit interimpérialiste dans lequel les Anglais ont annoncé la possibilité de déployer jusqu’à 20.000 hommes (vrai ou faux, c’est dans Midi-Libre). L’aide fournie par les ONG n’est pas le principal quand le secrétaire d’Etat US Colin Powell en personne et notre ministre des Etranges Affaires se sont rendus sur place.

    La France a perdu ses colonies, mais elle s’y accroche tout autant que les USA qui n’en avaient pas s’y intéressent. Et c’est cela le monde impérialiste dans lequel Chirac réunit plusieurs chefs d’Etats africains, dont Bouteflika, sur un porte-avions.

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    • Vous réclamez un forum « modéré ». Mais jusqu’à quel point ? Ne faut-il pas s’exprimer un peu ? Ne serait-ce que pour réagir à cette propagande que nous sert la télé ?

      Aujourd’hui on nous dit que les policiers ont libéré Paris ! Maurice Rajsfus a écrit un livre pour regarder la chose de près, il avait quelques doutes. Moi aussi.

      Ces policiers qui après 4 années de collaboration et de déportation auraient lancé l’insurrection, c’est à peine croyable. Mais c’est pourtant la vbersion officielle d’un dossier de FR3.

      En fait Charles Luizet le futur préfet de Police de Paris, envoyé par De Gaulle depuis Alger, via la Corse, avait commencé sa carrière comme attaché militaire à Tanger (zone internationale) et ne cessa de servir Vichy jusqu’au débarquement anglo-américain de novembre 1942. Quand à Pisani toutes ses biographies officielles commencent en 1945 ! Comment a-t-il pu devenir le secrétaire-adjoint du Préfet ? Comme l’écrit Rajsfus cela reste obscur. Si vous avez l’occasion d’écrire un article sur la « libération de Paris »...

      L’article sur le Darfour est intéressant.

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      • he bien non de gaulle ce n est pas vichy

        vive l union sacree en cas d urgence les communistes qui ont soutenu de gaulle ont pu lui imposer des lois sociales.

        et les trotskystes.... bah que dalle meme si cela ne representait pas une force politique a l epoque.

        alors oui au vote chirac, qui reste pour moi une page noir de lo

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      • Au sujet du coup de gueule d’Arthur, daté du 31 aout, je souhaiterais lui dire qu’avant de proférer des contre-vérités énormes, il faut se renseigner. Une partie de la Police a effectivement suivi Vichy, mais ce n’est pas le cas de Charles Luizet. Il n’est que de voir sa biographie de Compagnon de la Libération (voir site) : ce fut un des premiers à répondre à De Gaulle, dès le 18 juin 1940, à 23 heures ! Sa position en Afrique du nord lui permit d’organiser les Services de renseignement de la France Libre au Maroc. Et s’il rejoint Vichy en 1941, ce fut sur ordre de De Gaulle. Sous-préfet de Tiaret (Algérie) en janvier 1942, il facilita avec éclat le débarquement allié de novembre ; et fut même condamné à mort par Vichy pour ce fait. Gaulliste de toujours, il fut nommé Préfet de police de la Libération par de Gaulle, et il prit son poste pour épurer justement la Police parisienne de ses élèments issus de la collaboration ! Quant à Edgard Pisani, il a participé aux réseaux de la Résistance en 1943, et fut pris comme otage en mars 1944 et retenu au Mont-Dore. Il a participé ensuite à la Libération de Paris à partir du 19 août, et c’est là qu’il a été nommé chef de cabinet de Charles Luizet, au milieu des fusillades qui traversaient alors Paris. Il suffit de se reporter à son interview au Nouvel Obs du 17 juillet 2004 ; cela évite de dire n’importe quoi ! Michel

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