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Le bon choix de la LCR

4 novembre 2003

Le congrès de la LCR vient d’approuver, à une très large majorité, le projet d’accord avec LO pour une campagne commune aux élections régionales et européennes de 2004. Il reste au congrès de Lutte Ouvrière de trancher à son tour, début décembre, mais il ne fait plus guère de doute que les deux organisations feront campagne ensemble.

C’est une excellente chose. Aux présidentielles de 2002, les candidatures d’Arlette Laguiller (5,75 %) et d’Olivier Besancenot (4,27 %), sans oublier celle de Daniel Glückstein, du Parti des travailleurs, avaient totalisé plus de 10 % des suffrages exprimés. La responsabilité politique voulait que LO et la LCR au moins cherchent et trouvent cette fois un accord sur les grandes lignes défendues alors parallèlement mais séparément : interdiction des licenciements, contrôle des comptes des grandes entreprises, embauches massives dans les services publics, dénonciation de la politique anti-ouvrière de la droite comme de la gauche gouvernementales… Sans parler des grèves des enseignants et plus largement de la fonction publique du printemps dernier, dans lesquelles les deux organisations ont mis tout leur effort, là encore dans le même sens, mais plutôt côte à côte que réellement en commun.

Seul un accord, face à une loi électorale durcie contre les courants minoritaires, offre à chacune des deux organisations les moins mauvaises chances de conserver des élus. Mais surtout le sentiment de colère et de révolte des classes populaires a besoin de pouvoir s’exprimer de façon consciente, en refusant tous les préjugés agités par les démagogues d’extrême droite. Se tourner vers l’extrême gauche, c’est précisément ne pas faire confiance à un prétendu sauveur ni s’en remettre aux fausses promesses de politiciens de droite comme de gauche. C’est compter sur le meilleur des traditions de la classe ouvrière : ses capacités d’organisation, de mobilisation et de lutte contre le patronat et ses représentants au gouvernement

Pas d’ambiguïté vis-à-vis de la gauche

Au congrès de la LCR, les partisans de l’accord avec LO ont souligné qu’il répondait aux préoccupations du monde du travail et de ses couches les plus défavorisées ; qu’il permettrait effectivement de s’adresser à des millions de travailleurs plutôt qu’aux quelques dizaines de milliers de personnes sensibles aux divergences entre les organisations, celles qui pourraient préférer avoir le choix entre l’une ou l’autre. Quelque 70 % des délégués ont également affirmé une attitude sans ambiguïté vis-à-vis de la gauche gouvernementale. Plus question de « faire la voiture balai » pour cette dernière. Plus question de consigne de vote systématique au second tour, sauf dans le cas où un candidat du Front National risquerait de remporter la présidence d’une région. Et pas question de fusion avec la gauche plurielle, ni au premier ni au second tour, ou de ne pas se maintenir, si les listes LO-LCR dépassaient les 10 % des suffrages. Si la gauche veut les voix de travailleurs, qu’elle les persuade elle-même, par sa politique, de les lui donner, a-t-il été vertement affirmé.

Toutes chose, il faut bien le dire, que dit LO depuis longtemps… et dont se sont persuadés, durant ces deux décennies de gouvernement de gauche, des millions de travailleurs. Dommage que la LCR les ait finalement suivis plutôt que précédés et éclairés. Mais mieux vaut tard que jamais. Dommage aussi qu’aux dernières présidentielles, la LCR qui prétendait déjà avoir changé de cap, ait été encore assez sensible aux pressions de la gauche pour aboutir à faire voter… Chirac au second tour, légitimant des réticences de camarades de LO vis-à-vis du présent accord.

L’essentiel pour l’heure est cependant qu’il ait été voté ce week-end à une très large majorité. Le dépit, la fureur, les cris et les grincements de dents engendrés dans la gauche plurielle ne peuvent nous tromper sur la signification.

Manque de clarté sur l’anticapitalisme

Certes le congrès de la LCR a également adopté, à quelque 80 % des voix, un « appel pour le rassemblement de la gauche anticapitaliste » pour le moins aussi ambigu que vague. En s’adressant non seulement aux « militants communistes, socialistes, écologiques » mais aussi « aux courants issus de la gauche traditionnelle et aux groupes locaux et régionaux qui veulent d’autres réponses que les compromissions social-démocrates », que vise la LCR ? S’excuser auprès de ceux que l’accord avec LO aurait laissés de côté ? Mais tout le monde sait qu’aujourd’hui ces courants n’existent pas (c’est même l’une des raisons de l’acceptation de l’accord avec LO). Préparer une politique vis-à-vis d’eux s’ils surgissent demain ? C’est alors bien mal s’y prendre que d’édulcorer d’avance son programme pour des gens qui resteront peut-être à jamais des fantasmes. La majorité communiste révolutionnaire de la LCR risque fort de se mordre les doigts d’avoir retiré de ses statuts une partie de ce qui fait son identité trotskiste, comme la nécessité d’une « dictature du prolétariat ». Quand, par exemple, ses futurs alliés (heureusement hypothétiques aujourd’hui) essaieront, sous prétexte que le communisme a fait son temps, voire que la lutte de classe est dépassée, de l’entraîner dans une plate politique réformiste. Les altermondialistes ne le font-ils pas déjà en partie aujourd’hui ?

Reste que LO, en faisant il y a quelques mois à la LCR la proposition d’une alliance pour les prochaines élections (ce qu’elle avait eu le tort de ne pas faire avant les présidentielles de 2002), a dans l’immédiat amené la LCR sur un terrain favorable aux deux organisations mais surtout aux intérêts et au moral des travailleurs, et sur un programme qui peut dépasser largement le cadre électoral. Il est donc de la responsabilité des deux organisations d’explorer les possibilités d’interventions communes sur d’autres terrains aussi, ceux de la lutte de classe pour la défense des intérêts immédiats comme à long terme de la classe ouvrière.

Michelle VERDIER

Réactions à cet article

  • Il n’était que temps en effet que les deux principaux partis de gauche (la vraie !) donnent une éclatante preuve que leurs idées sont les mêmes, qu’ils partagent les mêmes buts, que les détails qui les séparent ne comptent pas face à l’impérative, urgente, cruciale nécéssité d’offrir aux hommes et aux femmes de ce pays déboussolé une alternative le jour du vote ! Il n’était que temps... Comme il n’est que temps de réagir ensemble aux attaques que nous livre le patronat et son état qui viennent de donner un enième -et peut-être fatal- coup de boutoir dans la très fragile loi dite « des 35 heures »...

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    • Je ne sais pas si c’est vraiment « crucial » d’offrir aux «  »déboussolés«  » une alternative le jour du vote. Admettons que c’était impératif et urgent. Ce qui est crucial, c’est que des luttes s’engagent. LV

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      • Cette alliance est à mon avis un très mauvais choix. Ce rassemblement entre LO et la LCR ressemble de très près au rassemblement qu’avait effectué le PS avec les Verts et le PC ; sous le nom de gauche plurielle. On en a vu les résultats. Cer rassemblement est, selon moi, plus une façon pour les dirigeants des deux partis de gagner les élections(et donc assouvir leur pouvoir)plus que pour servir le peuple. Une fois de plus, l’idée qu’en politique les intérêts privés passent avant les publics, se vérifient. Enfin, il est tout à fait acceptable que la LCR est enlevé ce paragraphe« dictature du prolétariat » Dirigeants de LO et militants:comment est-il possible de prôner la justice sociale tout en espérant une dictature ? Tout ce ci me semble bien contradictoire, dangereux et surtout très triste. Jovialement, « véritables pensées d’extrême gauche »CM

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        • M’enfin CM, vas-tu oui ou non voter pour les candidats LO-LCR (moi oui) ? Et si toi et moi votons LCR-LO, crois-tu que ça suffira pour « gagner les élections » !?

          Il est indispensable de se présenter aux elections pour montrer qu’il y a des mesures économiques à prendre pour améliorer la situation. C’est encore mieux de se présenter avec des chances de gagner. Les députés révolutionnaires élus au parlement européen continuent de faire entendre ce programme, même si ils ne sont que 5 contre 500 autres députés qui défendent le camp du patronat. 5 révolutionnaires contre 500, je doute qu’ils aient la sensation d’« assouvir leur pouvoir » !

          LV

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        • Je me garderai bien de comparer l’alliance LO-LCR au rassemblement de la gauche gouvernementale en 1997 et encore moins à la grande duperie de 1981, à l’issue de laquelle le PCF a été phagocyté par le P.S... S’il y avait un danger à dénoncer, ce serait bien l’édulcoration idéologique et politique des deux partis. De cela, tu en parles déjà et tu n’as pas tout à fait tort. Néanmoins, si ce choix soulève un lièvre à priori, il donnera davantage voix au chapitre aux formations révolutionnaires à posteriori. Il ne s’agit nullement d’adopter une tactique bassement politicienne (j’entends par là une pratique qui négligerait l’attente du citoyen lambda susceptible d’intégrer l’électorat militant de l’une et/ou de l’autre formation) Néanmoins je m’interroge sur la réelle efficacité de cette union. Tout rapprochement nécessite parfois des compromis parfois rédhibitoires et qu’aucun militant peut-être ne souhaiterait (en terme d’orientations politiques notamment). Cependant,(et je pense que la LCR le met davantage en avant que LO), cette alliance n’a en aucun cas pour but principal de prendre le pouvoir. Quand bien même elle en aurait la possibilité, cela s’avérerait « contre-productif » tant que les mouvements citoyens n’auront pas atteint l’influence et les suffrages nécessaires dans le monde, qui permettraient de ne pas se retrouver isolé. En résumé, la véritable politique révolutionnaire doit répondre à des enjeux mondiaux.Or, le chemin est encore long et tortueux (je ne suis pas tout à fait certain que les lobbies patronaux via l’OMC aient moins de pouvoirs politiques dans le monde et partant dans notre pays que les représentants de la démocratie) C’est pourquoi il serait possible de considérer cette union comme une alliance de circonstance, avec pour but ultime et limité les élections régionales. Pour ma part je ne le crois pas. Je pense qu’il s’agit avant tout de rassembler et de sensibiliser les individus en vue de l’élaboration d’une société mondiale juste et fraternelle (je reste persuadé que le cadre de la nation s’avère trop étroit). Plus qu’une fin, cette réunion doit être afférente à une formation collective et populaire plus étendues. Par ailleurs,je suis d’avis que les résultats obtenus ne laisseront envisager une influence gouvernementale accrue tant s’en faut...

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