Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Éditos de bulletins > 2003 > juillet > 7

Non, non et non !

« T’es génial, Nicolas ! » avait dit Chirac… Et vlan, le gouvernement s’est pris les pieds dans son dernier coup tordu. Sarko a bien eu la peau du berger, mais n’a pas réussi à la vendre ! Le pavé tout chaud de la prise d’Yvan Colonna lui est retombé sur le nez. Le référendum a récolté un Non. Bien fumant. Les Corses n’aiment pas qu’on les prennent pour des imbéciles. Et ils ne sont pas les seuls.

En Corse comme ailleurs

Car il ne faut pas s’y tromper. Le Non corse n’a rien à voir avec un quelconque particularisme corse. En fait, c’est tout le contraire. Le statut de l’île que proposait la bande à Sarkozy et Raffarin, n’était jamais qu’un obscur marchandage permettant d’arroser les caciques locaux de postes et prébendes supplémentaires. Une histoire de famille entre les notables locaux et les coqs du gouvernement, où les intérêts de la population n’ont rien à voir.

Car la vraie vie, en Corse, ces derniers mois, a été celle de tout le reste du pays, sur le continent : les grèves et les manifestations massives contre le projet de réforme sur les retraites. Pour tout dire, les Corses ont même été à la pointe de la contestation. Certaines manifestations ont rassemblé jusqu’à 15 000 voire 20 000 salariés, soit 5 à 10 % de la population selon les endroits. Jusqu’aux postiers qui faisaient grève encore la semaine dernière, au point que les autorités ont dû réquisitionner les gendarmes pour acheminer le matériel de propagande dans les communes de l’île ! Le Non au référendum n’a été que la confirmation du Non de la rue. Le Non de la revanche à prendre, chez les salariés de l’île comme du continent.

L’été chaud des intermittents

A peine la grande vague de grèves et de manifestations des 3 mois du printemps a-t-elle reflué - pour l’instant -, que les intermittents du spectacle prennent le relais. Le gouvernement espérait une pause de la contestation au moins jusqu’en septembre. Non. Chacune de ses « réformes » lui explose à la figure. Cette fois, il s’agissait de réduire les indemnités de chômage des salariés sur lesquels s’engraissent les sociétés de spectacle, à commencer par les télévisions et radios privées comme publiques. Cette affaire des intermittents, en fait, nous concerne tous. Et pas seulement parce qu’il s’agit de faire des économies sur l’activité culturelle.

Le gouvernement ose parler ’d’abus’ en ce domaine. Mais si les « intermittents » sont devenus si nombreux, c’est tout simplement parce que depuis dix ans, sous les gouvernements de gauche comme de droite, les services de la télévision publique et bien d’autres services culturels ont été démantelés, privatisés, tout en faisant disparaître des milliers d’emplois parmi les techniciens, éclairagistes, cameramen, habilleuses, comédiens, musiciens… Les salariés à statut permanent sont tout simplement devenus précaires, payés « à la tâche », comme il y a cent ans !

Imaginez que La Poste, l’Education nationale, la SNCF, les hôpitaux, toutes les grosses entreprises du privé comme du public fonctionnent exclusivement avec des contractuels, des intérimaires, des saisonniers, que les salaires de tous aient été en gros divisés par deux en dix ans, et qu’en prime on mégote sur l’assurance chômage. Le rêve du patronat et de l’Etat patron ! On n’en est pas encore là, mais bien sur le chemin. Pas étonnant que la majorité de la population se sente solidaire du combat des intermittents.

En réalité, tous les problèmes du monde du travail se tiennent. De mars à juin, des centaines de milliers de salariés ont dit Non à la remise en cause des retraites. En juillet, les intermittents disent Non à la précarité, aux sous-salaires, Non au chômage, Non aux licenciements déguisés. A la rentrée de septembre, il faudra aussi dire Non à la remise en cause de la Sécurité sociale.

Bernard Thibault disait, pour se défausser, qu’une grève générale ne se décrète pas. Mais elle pourrait bien être en train de se préparer. En tout cas, ce qu’on voit, c’est que la première vague de grève est suivie par une autre… en attendant une troisième, et qui sait, le raz-de-marée !

Imprimer Imprimer cet article