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Le plan de guerre du patronat et du gouvernement contre le monde du travail

12 mars 2003

La succession des attaques ne laisse planer aucun doute : c’est bien une guerre que mènent le patronat et le gouvernement contre les travailleurs, une guerre sociale, planifiée, méthodique.

Oh bien sûr, contre les licenciements, il n’y a pas plus pacifiste que Chirac et Raffarin. Comme Jospin avant eux, ils prétendent ne rien pouvoir faire.

La situation est pourtant dramatique. Chaque jour apporte son lot de « plans sociaux » dans les grandes entreprises, qui ne sont pourtant que la partie visible de l’iceberg : outre les PME qui ne font guère la « Une » de la presse, il y a désormais ce volant considérable de travailleurs précaires (en intérim ou en CDD) qui ont alimenté une bonne partie de la « reprise de l’emploi » et qui sont aujourd’hui en première ligne, sans que personne ne parle officiellement de licenciement. Tout juste s’ils apparaissent dans les statistiques : officiellement le nombre de chômeurs a augmenté de 17 000 personnes pour le troisième mois consécutif, mais combien sont rayés chaque mois des statistiques de l’ANPE, accusés de ne pas chercher assez activement du travail ?

Soyons justes : si le gouvernement n’est pas prêt à mener la guerre au chômage et aux licenciements, il ne fait pas tout à fait rien non plus. D’abord il communique, abondamment, un doigt accusateur pointé sur quelques patrons « voyous » pour mieux cacher sa complicité envers tous les autres. Il baratine aussi à n’en plus finir, accusant la guerre et la mauvaise conjoncture, alors que Danone n’a jamais fait autant de profits, et que bien d’autres entreprises comme Métaleurop ont été siphonnées par les trusts qui les ont rachetées, en pompant les profits et les actifs avant de les déclarer en difficulté, voire en faillite !

Le gouvernement agit quand même de temps en temps. Il fait même beaucoup pour alimenter directement, massivement, le chômage. Il n’y a pas une seule entreprise dont l’Etat est actionnaire majoritaire comme France-Telecom qui n’annonce des réductions d’effectifs ou ne renonce à une partie des embauches prévues comme à la SNCF. A l’Education Nationale, ce sont près de 20 000 emplois-jeunes qui devraient se retrouver sur le carreau d’ici l’été, sans même avoir l’assurance de toucher des indemnités de chômage. Et dans toute la Fonction Publique, l’objectif est désormais de « redimensionner l’Etat » comme ils disent, c’est-à-dire profiter des départs massifs en retraite pour réduire de manière radicale les effectifs sous prétexte de « réduire les déficits » alors que les cadeaux fiscaux, en particulier l’allégement des impôts pour les plus riches, ne doivent surtout pas être mis en cause !

Et cela ne devrait pas s’arrêter de si tôt : avec son projet de décentralisation déjà ficelé après quelques semaines de « concertation » bidon (le « plus » de la méthode Raffarin), 100 000 fonctionnaires de l’Education Nationale (et sans doute bien d’autres dans les autres services) devraient rejoindre la Fonction Publique Territoriale : une manière de réduire les coûts en laissant le soin aux départements et aux régions de procéder à des coupes sombres au cas par cas, localement, en évitant si possible d’avoir à gérer une réaction d’ensemble des travailleurs.

Dans le même temps, le plan de campagne contre les retraites poursuit son chemin : passage en force à EDF, démonstration qu’il n’y a rien à espérer du côté des fonctionnaires et tout à craindre pour la suite dans le privé. Il n’est pas encore terminé que se profile déjà celui de Mattéi contre la sécurité sociale. Avec au fond le même objectif que pour les retraites : laisser la part belle aux assurances privées.

Les attaques du gouvernement et du patronat sont donc cohérentes et planifiées. Les réponses qu’il faudrait leur donner devraient l’être aussi. Car le pire serait d’aborder un « dossier » (comme disent les ministres) puis un autre, et encore un autre en négociant à chaque fois un recul supplémentaire, jusqu’à épuisement. Et c’est bien dans cette voie que se sont engagées les directions des grandes centrales syndicales. Or toutes les attaques portent en elles la même réponse : pour assurer le financement des retraites et de la sécu, il faut augmenter les salaires et préserver l’emploi. Pour lutter contre le chômage, il faudrait commencer par interdire les licenciements !

Les seules initiatives mobilisatrices qu’ont prises jusqu’à présent les directions syndicales ont été l’organisation des ces journées d’action auxquelles les travailleurs ont si bien répondu, mais qui peuvent aussi servir d’alibi en étant bien espacées dans le temps et sans perspective. Le gouvernement et le patronat continuent d’exécuter leur plan de bataille. Aux militants ouvriers conscients de la nécessité d’une riposte d’ensemble, de proposer le leur au monde du travail. Comme le déclarait à la presse une porte-parole des licenciés de Daewoo (Meurthe et Moselle), venue manifester le lundi 9 mars à Nantes aux côtés d’une délégation des travailleurs d’ACT manufacturing d’Angers et quelque 2000 manifestants de la région qui scandaient, à l’occasion de la venue de François Fillon, 37,5 années public, privé , mais aussi Patrons mafieux, Etat complice  : « On se rend compte que lutter seul dans son coin ne suffit plus à faire face à cette situation…Une grève générale, cela se construit et on y travaille »…

Raoul GLABER

Réactions à cet article

  • Oui, il est urgent de travailler à la construction d’une grève générale. Il ne faut pas s’attendre à ce que les directions syndicales préparent une grève générale. Lo et la Lcr sur la question font du suivisme syndicale. Elles admonestent, supplient, vilipendent et bien souvent font du journalisme. Ni la Lcr, ni Lo ne veulent mener le combat à l’intérieur de la CGT sur ce mot d’ordre, l’une par opportunisme et l’autre par mécanisme théorique.

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    • Le RMA n’a rien à voir avec le RMI. Il en est même l’inverse

      Le 7 mai 03 le gouvernement a déposé un projet de loi prévoyant la décentralisation du RMI la suppression des CLI, le versement intégral du RMI aux employeurs à charge de rééduquer la déviance de l’exclusion sociale.

      Une loi qui attribuerait au conseil général le droit de répartir la main d’œuvre : le salarié perd la liberté de choix de l’emploi.

      Le RMI relève d’ une logique de redistribution (financement par l’impôt sur les grandes fortunes bien que partiellement ) et obligation qu’a l’état de servir un certain nombre de droits aux citoyens. L’état étant déficient à cet égard, il finance l’insertion sur les points ou il admet être défaillant : logement, loisir, participation à la vie sociale et associative, emploi formation soins compensation des handicaps etc. il admet même que dans une certaine mesure il peut reconnaître la reprise d’étude sur des temps courts comme faisant partit du contrat d’insertion. On est dans une logique qui tends vers plus d’égalité. Dans le RMI , l’état est responsable de la situation d’exclusion qu’il a produite. Il claque la porte au nez d’un certain nombre de personnes et il « répare » le préjudice par une allocation plancher et un droit à l’insertion qui s’exerce à travers un contrat librement consenti.

      Le RMA régresse dans une posture charitable ou l’exclu porte la responsabilité morale de son exclusion. C’est la valeur morale du travail qui est mis en avant. La logique économique est absente et même contradictoire. Car ce travail gratuit dans une période d’augmentation du chômage et de licenciements massifs va diminuer l’offre d’emploi, d’autant d’emplois gratuits offerts par l’état. Mais qu’importe, faut qu’ça saigne !!! Le prélèvement d’impôt reste le même, mais en passant, il va produire du travail gratuit, mis en concurrence avec le travail salarié. Un peu plus d’un million de Rmistes, une broutille selon certains ! Mais les chômeurs en fins de droit viendront rafraîchir régulièrement les troupes du workfare. Le RMA n’améliore pas les conditions de vie du travailleur forcé qui voit ses revenus diminuées du coût des trajets pour se rendre au travail, et l’appauvri aussi de son temps libre et du libre emploi de son ingéniosité ( bricolage, jardinage, activités conviviales…) qu’il peut partager avec son entourage. Quant aux ayants droits, vont- ils disparaître des revenus en appauvrissant considérablement les familles, ou vont-ils figurer dans les revenus en modulant les ressources non pas en fonction du travail produit mais de la composition familiale ? A travail égal, salaire inégal ! Pour couronner le tout, de ces revenus seront retranchés un forfait logement ! Pour payer le dérangement je suppose. C’est plutôt d’une appropriation totalitaire des corps dont il s’agit. De ce fait l’état met l’exclu dans une situation d’insolvabilité. Nous sommes redevables de nos vies : Il nous claque la porte au nez et d’un même élan confisque nos corps de délit. Quant aux cotisations sociales, les entreprises en seront exonérées, donc déficit pour la Sécu sur les emplois payés au SMIC que les RMA auront remplacés.

      L’exécuteur de cette basse besogne sera l’entrepreneur souteneur, chargé de la tutelle protectrice de ce travailleur forcé délictueux en espoir de rédemption par la grâce du travail purificateur.

      Faire travailler les morts ; voilà le miracle que nous offre Raffarin.

      RM iste réfractaire au RMA Racoleuse passive contre la sarcose

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  • François Fillon a en outre confirmé son intention de créer le RMA d’ici l’été. « La mise en oeuvre de ces réformes interviendra dans les prochaines semaines avec le dépôt d’un projet de loi au Parlement », a-t-il dit.

    un crachat au visage de la misére ! le travail obligatoire ça nous apprendra à nous tenir . 2 millions de personnes, souvant au bord du precipice. politique d’extermination. Sylvie

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