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Accueil > Éditos de bulletins > 2002 > octobre > 14

La croisade pour le pétrole

Près de 200 personnes ont été tuées samedi dernier par l’attentat dans une discothèque de Bali, en Indonésie. Le dimanche précédent, le pétrolier français Limburg était attaqué au TNT. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les préparatifs de la guerre en Irak, censée « rétablir la paix et la sécurité dans le monde », n’ont pas l’air d’intimider les terroristes. Il faut « affronter toute menace […] qui pourrait infliger à l’Amérique une terreur ou une souffrance soudaine » déclarait Bush afin d’obtenir le soutien du Congrès américain pour déclencher sa guerre contre l’Irak. Mais les derniers attentats sont une nouvelle preuve que la boucherie qui se prépare ne sapera pas les bases du terrorisme, bien au contraire.

« La souffrance » révolte Bush ? Cela fait des années qu’elle est insupportable pour le peuple irakien, notamment à cause de l’embargo imposé par les grandes puissances, lequel a fait peut-être un million de morts depuis 1991. Quant à « la terreur », elle se prépare activement du côté du Pentagone. Combien d’Irakiens tués pendant la première guerre du Golfe : 80 000 ? 100 000 ? 200 000 ? La prochaine ne sera pas moins meurtrière. L’état-major américain se vante d’avoir enrichi son arsenal habituel de nouvelles monstruosités. Dont des « bombes E », armes à micro-ondes qui ont le grand avantage de ne pas endommager les sites pétroliers… Parce que le pétrole est bien la seule chose qui bénéficie des égards des militaires. Les réserves irakiennes seraient les deuxièmes du monde, et selon un commentateur : « Si les Etats-Unis décident de mettre 20 à 30 milliards de dollars dans une guerre contre l’Irak, c’est qu’ils savent pouvoir en recueillir le retour sur investissement assez vite  ».

Un « retour sur investissement » dont les autres impérialistes aimeraient bien profiter aussi. L’Etat français notamment : s’il a fait des manières pendant quelques semaines, c’est d’abord parce que ses intérêts en Irak se présentent sous un autre jour que ceux des USA. Sa position sur le marché du pétrole, les contrats de ses industriels, ses intérêts dans la dette irakienne, font que TotalFinaElf mais aussi les gros bonnets du bâtiment, du nucléaire ou de la chimie risquent de perdre pas mal à ce que les cartes soient trop rebattues. Si guerre il y a, le gouvernement français a bien l’intention de participer à la curée. D’ailleurs Raffarin, s’il continue à dire qu’il préfère « une logique de pression » de l’ONU, ce cache-sexe des intérêts impérialistes, a bien précisé qu’il ne voulait « exclure aucune option ».

Les indignations des chefs des impérialismes qui se partagent la planète sont à géométrie variable. Parce qu’elles se décident d’abord dans les conseils d’administration de certains trusts, du moins en fonction de leurs intérêts. Saddam Hussein est un dictateur sanglant. Mais il ne l’était pas moins il y a vingt ans, quand Chirac l’appelait « un grand ami de la France » ; quand le gouvernement des Etats-Unis louait son régime « laïque » comme un rempart contre l’islamisme du voisin Khomeiny, et l’encourageait à faire massacrer son peuple dans la guerre contre l’Iran. Aujourd’hui, le Pakistan n’est pas moins une dictature, sans parler de l’Arabie Saoudite, de la Birmanie, de l’Indonésie… autant de régimes soutenus par les Etats-Unis. Sans parler de toutes les dictatures africaines protégées par la France, comme la Côte-d’Ivoire où l’armée française intervient directement parce que sa bourgeoisie y fait de grosses affaires.

Leurs guerres pour le pétrole se font contre les peuples, donc aussi contre nous. D’une façon ou d’une autre, ils nous les feront aussi payer. Ne nous laissons pas bourrer le crâne ! Des premières manifestations de protestation ont déjà eu lieu aux Etats-Unis, à Londres… ainsi qu’à Paris samedi dernier. Il nous faudra soutenir et rejoindre les suivantes et montrer aux peuples des pays pauvres que les exploités des pays riches ne sont pas complices de leurs assassins.

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